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- Communiqué de presse -
Pierre Landais (1430-1485)
Pierre Landais (1430-1485) Trésorier et receveur général de Bretagne du 10 janvier 1460 à sa mort le 25 juin 1485, il était le maître des finances du duché de Bretagne.... L’article Pierre Landais (1430-1485) est apparu en premier sur Centre d'Histoire de Bretagne.
Par Centre d'Histoire de Bretagne le 22/01/18 20:51

Pierre Landais (1430-1485) (voir le site) "> (voir le site) " data-orig-file=" (voir le site) " data-orig-size="375,496" data-comments-opened="0" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-image-title="Pierre Landais (1430-1485)" data-image-description="pPierre Landais (1430-1485)/p " data-medium-file=" (voir le site) " data-large-file=" (voir le site) " class=" wp-image-2577" src=" (voir le site) " alt="Pierre Landais (1430-1485)" width="294" height="389" srcset=" (voir le site) 375w, (voir le site) 227w" sizes="(max-width: 294px) 100vw, 294px" data-recalc-dims="1" />Pierre Landais (1430-1485) Trésorier et receveur général de Bretagne du 10 janvier 1460 à sa mort le 25 juin 1485, il était le maître des finances du duché de Bretagne. Ce personnage est essentiel dans l’histoire de la Bretagne car il fut le principal conseiller de François II, duc de Bretagne de 1458 à 1488. Il naquit en 1430 près de Rachapt, à côté de Vitré. Il était le fils de Jamet Landais, drapier de Vitré (peut-être davantage couturier ou tailleur) qui disposait peut-être d’une métairie à Availles. Sa veuve, la mère de Pierre Landais, vivait encore en 1483 près de La Guerche. Il est vraisemblable que l’enrichissement des Landais comme celui des membres de la bourgeoisie de Vitré suivit l’ascension des barons de Vitré qui devinrent les plus grands seigneurs de Bretagne et de l’Ouest du royaume de France. Comte de Laval et baron de Vitré, Guy XIV de Laval (mort en 1488) possédait rien qu’en Bretagne des dizaines de forteresses. Sa première épouse était la fille du duc Jean V et la seconde, la célèbre Françoise de Dinan-Montafilant, baronne de Châteaubriant, disposait elle-aussi des dizaines de places-fortes. Son frère était maréchal de France. Son fils aîné avait épousé la fille du duc d’Alençon qui avait reçu en dot La Guerche. Son second fils se maria avec la baronne de Quintin. Mieux encore, sa fille aînée convola avec le célèbre René d’Anjou, roi de Naples, comte de Provence. Bref, le baron de Vitré rivalisait en puissance et en fortune avec le duc de Bretagne. Les marchands de Vitré ne pouvaient que profiter de cette situation. Pierre Landais prépara son ascension en servant l’héritier du duché de Bretagne, François de Bretagne (1435-1488), comte d’Etampes, et cousin germain de la première épouse du baron de Vitré. Tout le monde savait que François d’Etampes allait hériter du duché un jour ou l’autre. Son cousin germain, Pierre II de Bretagne (duc de 1450 à 1457) n’avait guère de relations intimes avec son épouse, la future bienheureuse Françoise d’Amboise. Son oncle paternel, Arthur de Bretagne, dit de Richemont (qui fut le duc Arthur III de 1457à 1458), n’avait pas eu d’enfant de ses deux premières épouses et en 13 ans de mariage il n’en eut pas de sa troisième femme. Dès quelle eut l’âge requis, 16 ans, Marguerite de Bretagne, fille aînée de François Ier, duc de Bretagne de 1442 à 1450, fut marié au comte d’Etampes. Ainsi, pensait-on, elle ne pouvait pas réclamer en héritage le duché comme sa mère, Isabeau d’Ecosse, tenta de le faire à la mort de François Ier. Bref, François d’Etampes allait devenir duc de Bretagne. Il suffisait d’attendre. Ce prince devait tenir son rang, mais manquait cruellement de moyens financiers. Du comté d’Etampes, il n’en possédait et n’en possédera que le titre. Ce comté était alors détenu par Jean de Bourgogne qui fut toujours son ennemi. François n’avait même pas les revenus de sa seigneurie de Clisson puisqu’ils revenaient à sa mère en douaire. Pierre Landais était donc le financier du jeune comte d’Etampes, toujours en quête d’argent pour maintenir son rang. Il lui céda à cette époque pour 1 521 écus d’or des draps de soie et de laine, somme énorme permettant de s’acheter une seigneurie. Il fallait bien que le prince de Bretagne tienne son rang. D’où provenait l’argent ? De la fortune personnelle de Pierre Landais ? De l’assistance de bourgeois bretons, surtout vitréens ? Tous savaient que le duc de Bretagne était un des plus riches princes de l’Occident chrétien. Pierre Landais investit sur François d’Etampes et l’emporta. Il fut donc garde-robier du comte d’Etampes, puis du duc de Bretagne dès son avènement, fonction qu’il conserva toute sa vie, même si son commis, Michel Le Doulx, marchand rennais, exerçait à sa place cette charge. Un garde-robier maniait des sommes d’argent considérables. En 1500, celui d’Anne de Bretagne réclama à sa maîtresse quelques 55 379 livres, soit de 10 à 20 % du budget du duché. Son rôle était de faire confectionner les livrées des serviteurs, les habits de gala, de parade, de renouveler les décors (tentures, rideaux, tapisseries, parements de lit), de fournir la cire pour la lumière, et cela pour une cour de plusieurs centaines de personnes. Pierre Landais cumula les offices financiers, alors très lucratifs, car c’était à lui ou plutôt à ses commis de lever directement les impôts après avoir fournis d’énormes avances de fonds. Il fut donc receveur général du fouage (un impôt direct sur le revenu, par feu ou foyer fiscal). Il leva l’Aide des villes plusieurs fois (les villes rassemblaient elles-mêmes l’impôt) et se fit octroyer quelques commissions comme la recette de la régale de Tréguier (impôt levé sur l’évêché de Tréguier lorsqu’il y avait une vacance d’évêque), comme le recouvrement de 60 000 écus promis par le roi de France au duc de Bretagne en 1466, comme la gestion des terres saisies aux Penthièvre en 1465, ou de celles du vicomte de Rohan en 1475, ce qui lui permettait d’arrondir considérablement ses gages de la Garde-robe (200 livres) et de la Trésorerie (1500 livres) et surtout de se forger une clientèle car il employa de nombreux commis. Il nomma son homme de confiance, Olivier Baud, à la tête de la Trésorerie des guerres et Gilles Thomas à la Trésorerie de l’Epargne. A la mort d’Olivier Baud en 1478, il conserva pour lui les Guerres et la Recette ordinaire de Rennes, la seconde la plus lucrative après celle de Nantes dont il se déchargea sur son lieutenant Yvon Million qui contrôlait aussi la trésorerie particulière de la duchesse de Bretagne, Marguerite de Foix, et la caisse subvenant aux paiements des gages des gentilshommes de l’Hôtel du duc (soit la Maison du duc). Il découvrit dans François Avignon, qui gouvernait la Recette ordinaire de Nantes, un homme dévoué et stable. Dès 1467, Pierre Landais avait tissé un réseau extrêmement fort qui lui permettait de contrôler l’ensemble des finances du duché, s’appuyant sur de nombreux et dévoués clercs (techniciens) et archers (représentants de l’autorité publique). Disposant d’importants moyens financiers, Pierre Landais prospéra dans le commerce et la banque. Il posséda plusieurs navires. En 1475, il fit équiper une grande nef et un vaisseau appelé Marguerite (en l’honneur de la duchesse ?). En 1481, il disposait d’une nef de 240 tonneaux et d’une baleinière de 10 tonneaux. Deux ans plus tard, à Saint-Malo, il arma la nef La Trésorière, navire de 50 hommes d’équipage. Il s’occupa de l’organisation très lucrative de plusieurs convois de mer afin d’escorter les navires chargés de vin de Bordeaux et de vins de la baie de Bretagne (ancien nom de la baie de Bourgneuf où Pierre Landais fit d’importants travaux). Il reçut 3 000 livres entre 1475 et 1480 pour avitailler les navires du convoi. Il participa au grand commerce vers l’Espagne et l’Atlantique. En 1480, sa nef fut abîmée à Lisbonne. Le duc pour la sauver rassembla 150 charpentiers et menuisiers. On peut se demander si Pierre Landais ne fut pas étranger en 1471 au remariage de François II avec la princesse franco-espagnole, Marguerite de Foix, fille de la reine de Navarre, et surtout proche parente de tous les souverains de la péninsule ibérique. Il ne faut pas oublier que la Castille et surtout le Portugal étaient alors entrés dans la période faste et extrêmement lucrative des Grandes découvertes. On sait (voir le site) "> (voir le site) " data-orig-file=" (voir le site) " data-orig-size="2000,1500" data-comments-opened="0" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-image-title="Tombeau François II" data-image-description="pTombeau François II/p " data-medium-file=" (voir le site) " data-large-file=" (voir le site) " class=" wp-image-2579" src=" (voir le site) " alt="Tombeau François II" width="379" height="284" srcset=" (voir le site) 1024w, (voir le site) 300w, (voir le site) 768w, (voir le site) 1480w" sizes="(max-width: 379px) 100vw, 379px" data-recalc-dims="1" />Tombeau François II maintenant, mais les recherches restent encore à l’état de projet, que des marins bretons y participèrent. Pierre Landais investit son argent bien sûr dans l’immobilier et dans le foncier. A Vitré, il avait trois maisons au Rachapt, une maison rue de la Baudraine, l’hôtel particulier de la Garde-robe rue saint Yves de Rennes et l’hôtel particulier de Briord. Dans la région de Vitré, il profita de la succession de Guyon d’Espinay pour arrondir ses propriétés : acquisition des manoirs et seigneuries du Feu, de La Louvelais, de La Richardais en Montreuil-sous-Pérouse ; du château du Bois-Cornillé et des manoirs de L’Angerie et de Launay au Val d’Izé (1482), près de son manoir des Noës que le duc avait affranchi en 1477 ; et enfin de la moitié de la seigneurie du Bois-du-Liers en Chelun, (achat en 1471). Il obtint par subrogation en 1473 la châtellenie du Plessis-Raffray (acquis à Jean de Laval pour 12 000 écus) et le manoir de La Pouardière, dans la paroisse de Domagné, près de Vitré. Au Sud de Nantes, il détenait d’importants fiefs, terres, manoirs et châteaux : les fiefs des Ponts, de La Saulzaie et de Trentemoult (entre 1468 et 1473), la châtellenie de Briord (en 1468, le duc lui octroya par autorisation spéciale le droit de fortification) qui s’étendit grâce à ses nombreux achats jusqu’en 1481 et qui comprenait six métairies et des pêcheries ; l’île de Groyes sur la Loire (1471) ; les terres et manoirs de La Bourdinière en Château-Thébaud, du Plessis-Grimaud en Port-Saint-Père, de Lucinière en Nort-sur-Erdre, de La Cognardière à La Haie-Fouassière, et de La Jaguré en Rezé ; la châtellenie de Loroux-Botereau à Saint-Julien-de-Concelles et à Basse-Goulaine que François II dota de trois foires annuelles en 1478 et qui lui donnait le droit d’exiger les hommages de l’amiral Jean de Quelennec, vicomte du Faou, et de Jean Angier, seigneur du Plessis-Angier. Pour 2 000 écus d’or en 1479, il eut la châtellenie de Vue qu’il restitua trois ans plus tard aux anciens propriétaires (en fait, cette acquisition cachait davantage un prêt à intérêt). Si la majorité de ses propriétés se trouvaient près de Vitré (sa ville natale) et de Nantes (résidence habituelle de François II), dans l’évêché de Vannes, il possédait le manoir de Létier à Béganne et des marais salants à Ambon donnés par le duc en 1466. Il est vrai que dans cet évêché, Pierre Landais occupa la charge de capitaine d’Auray, cité ducale. Sa fortune lui permettait d’être généreux. Il fit bâtir dans la collégiale Notre-Dame de Vitré la chapelle Saint Jean-Baptiste et en 1480 la chapelle dans le transept de l’église Saint Vincent à Nantes. Le gouvernement de Pierre Landais représenta une période de paix et de prospérité pour la Bretagne. La Bretagne participa bien à la Ligue du Bien public contre l’autoritarisme de Louis XI, mais pour le duché, c’était plus un complot qu’une guerre qui ne dura que quelques mois, de mars à octobre 1465 et préoccupa davantage l’Est du royaume de France. La guerre n’était pas bonne pour les affaires et surtout elle entraînait une augmentation d’impôts qui le plus souvent étaient à la charge des plus aisés, pas des plus riches, mais seulement de ceux qui avait d’importants revenus, les bourgeois et les marchands, bref le milieu de Pierre Landais. La guerre amenait bien sûr le recours à l’emprunt, assez lucratif pour les banquiers, mais les sommes étaient tellement énormes qu’il est peu probable que ces sommes aient été à la portée des marchands bretons, bien que… Et surtout, la guerre était si ruineuse que les princes avaient tendance à se mettre en faillite et à ne pas payer leurs dettes, surtout lorsqu’ils les devaient à leurs propres sujets. Mais cette politique de paix ne pouvait plaire à ceux qui avaient profité de la guerre de Cent ans qui finit seulement en 1453 et où les Bretons jouèrent un rôle majeur, entourant Arthur de Richemont, connétable de France, futur duc de Bretagne sous le nom d’Arthur III (1457-1458). Il s’agissait bien sûr de la noblesse bretonne dont l’emprise sociale, politique et économique n’avait qu’une seule origine : la guerre. La guerre était sa raison de vivre. Par ailleurs, tous les agents de l’administration de la Bretagne étaient loin d’adhérer à la politique de Pierre Landais qui pour eux n’était qu’un parvenu, brutal, vindicatif. La faveur de Pierre Landais auprès du duc n’était que récente. Il leur avait fallu à eux plusieurs générations pour asseoir leur autorité. Si Pierre Landais s’était tourné vers les Etats marchands, le Portugal (traité de 1459 et de 1474), la Bourgogne qui tenait les Pays-Bas dont la richissime Flandre (Ligue du Bien public), la Castille (traité de 1483), la Hanse (association de 85 cités commerçantes entourant la mer Baltique, traités entre 1476 et 1479), l’Angleterre (traité de 1468, projet de mariage d’Anne de Bretagne en 1481 avec le prince Edouard, fils aîné d’Edouard IV), nobles et administrateurs issus de la cour des précédents ducs, regardaient du côté du royaume de France. La plus haute aristocratie bretonne y avait des biens importants, le baron de Vitré était comte de Laval, la baronne de Châteaubriant était baronne de Candé. Les grandes familles de l’administration ducale, telles les Ferron, les Carné, les Célier, les Bourgneuf, qui peuplèrent les grandes institutions bretonnes, Parlement et Chambre des comptes de Bretagne jusqu’à la Révolution française, adhérèrent à l’alliance française par tradition. Ils avaient du leurs ascensions à la politique du duc Jean V (1399-1442), mais surtout de ses fils François Ier (1442-1450) et Pierre II (1450-1457), qui, il faut le rappeler, se trouvaient être aussi les fils de Jeanne de France et donc les neveux du roi de France, Charles VII (1422-1461) avec qui, à la différence de leur père, ils entretinrent d’excellents rapports. François II ne suivit pas la même voie que ses cousins. Bien qu’il eut pour mère, une princesse de France, qu’il vécut dans les demeures royales de la vallée de la Loire, il ne faut pas oublier que le roi de France n’était pour lui qu’un lointain cousin, que ce roi fit bien peu de chose non seulement pour faire libérer de sa prison anglaise son oncle maternel, le duc d’Orléans, mais aussi pour permettre à François et à sa mère de vivre décemment – sa mère dut se retirer dans un monastère et François vivre aux crochets… de Pierre Landais. On peut aussi se demander ce que firent les ducs de Bretagne, ses cousins François Ier et Pierre II, et leurs agents pour lui. François d’Etampes ne se montra guère à leur cour. Le chef de cette tendance « pro-française » était Guillaume Chauvin. Ce dernier avait commencé sa carrière sous Jean V. En 1447, trésorier des gages, il avait détenu la lucrative Trésorerie des guerres les deux années suivantes. Sous Pierre II, il était le maître des finances ducales en tant que premier Président à la Chambre des comptes de Bretagne. Dès son avènement, François II le nomma chancelier de Bretagne. A l’avènement de François II et bien des années après, Pierre Landais était donc loin de pouvoir rivaliser avec le réseau de Chauvin mis en place sous les ducs précédents. A partir de 1475, son emprise fut alors totale. A la mort de son commis, Olivier Baud, il prit directement la recette ordinaire de Rennes (la seconde du duché) et la trésorerie des guerres. Des commis à lui s’occupaient des affaires de la duchesse, des princesses de Bretagne, du vicomte de Rohan, alors en prison. Pierre Landais se chargea de menus plaisirs, des affaires secrètes, des aumônes et des étrennes du duc qui représentaient des sommes énormes. Il disposait donc de la gestion des Hôtels du duc, de la duchesse, des princesses et de bâtards (Pierre Landais s’occupait lui-même de l’entretien des trois bâtards de François II). Dans l’administration centrale, il tenait la Trésorerie générale et de la Trésorerie des guerres. Dans l’administration locale, la Recette ordinaire de l’évêché de Rennes relevait directement de lui. Il lui fallait évincer Guillaume Chauvin, ce qui fut fait en 1481 lorsqu’il l’accusa de complot avec Louis XI et le fit jeter en prison. Chauvin mourut à Vannes le 5 avril 1484 dans des conditions misérables. Pierre Landais s’empressa alors de nommer un homme à lui, François Chrétien, chancelier de Bretagne. La coupe était pleine pour les grands seigneurs. Ce parvenu qu’était Pierre Landais n’avait plus de limites. Il avait osé s’emparer de deux châtellenies avec forteresse, Briord et le Loroux-Botereau, faisant de Pierre Landais l’égal des plus grands seigneurs. Avec ses trois autres seigneuries de grande valeur qu’il ne fit qu’étoffer, ses trois hôtels urbains, modernes et magnifiquement décorés, ses gages ordinaires, ses marais salants, ses navires et ses investissements un peu partout, il dépassait en fortune bien des grands seigneurs bretons surendettés, dépassés par les changements économiques et sociaux de la fin du Moyen Age et toujours en quête d’argent. Pierre Landais ne vit pas que le contexte politique avait aussi changé. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, était mort en 1477 suivi quatre ans plus tard de sa fille unique, Marie de Bourgogne, et avec eux s’évanouit le rêve de recréer le royaume de Lotharingie qui seul pouvait mettre un frein à l’expansion du royaume de France vers l’Est. Louis XI disparut en 1483 laissant le pouvoir à sa fille, Anne de Beaujeu, au caractère bien trempé, régente du royaume pour son jeune frère, le roi Charles VIII. Pierre Landais fit une erreur politique. Alors qu’il semblait avoir été en bons termes avec Henry Tudor (exilé alors en Bretagne depuis 1471), prétendant au trône anglais, en 1484, il changea d’avis et décida de le livrer à son rival, le roi d’Angleterre, Richard III, contre une alliance anglo-bretonne. Henry eut le temps de s’enfuir, de se réfugier en France, d’y obtenir tout le soutien nécessaire pour s’emparer du royaume d’Angleterre. Richard III, furieux, rompit ses accords avec la Bretagne et eut mieux à faire que de soutenir Pierre Landais. Il devait se préparer à défendre son trône et sa vie. Pierre Landais ne pouvait rien attendre de ceux avec qui il avait obtenu des traités d’alliance. Maximilien d’Autriche, veuf de la Marie de Bourgogne, avait aussi à faire avec les villes flamandes au bord de l’insurrection. Quant aux rois catholiques, ils étaient jusque au cou dans la Reconquista. En fait, Pierre Landais n’avait plus d’alliés extérieurs. Et à l’intérieur, les grands seigneurs se déchaînèrent jusque dans l’entourage immédiat du duc François II. La mort ignominieuse de Guillaume Chauvin fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres. Le propre neveu du duc, Jean de Châlon-Arlay, prince d’Orange, un des plus proches héritiers au trône du duché, mena la révolte. Il envahit avec ses hommes en armes le château de Nantes et exprima à son oncle, le duc, toute la rancœur de la noblesse bretonne envers Pierre Landais.. On chercha partout Pierre Landais. Il s’était enfui du manoir de La Papotière pour se réfugier en Anjou dans le château fort de Pouancé. Cependant les Nantais, inquiets pour la vie du duc, assaillirent le château de Nantes. Les conjurés s’enfuirent à Ancenis, forteresse appartenant au maréchal de Rieux où ils négocièrent avec la France le traité de Montargis (22 octobre 1484). Le prince d’Orange, le maréchal de Rieux, Jean du Perrier, et d’autres reconnurent en Charles VIII, roi de France, l’héritier du duc François II, appliquant les dispositions du premier traité de Guérande (1365) si le duc, dernier Montfort, n’avait pas de fils. En effet, normalement, le trône breton devait revenir aux descendants de Jeanne de Penthièvre (1319-1384), mais sa descendante et héritière, Nicole de Penthièvre, avait vendu en janvier 1480, pour 50 000 livres, ses droits au roi Louis XI. Pierre Landais revint à Nantes et son maître, le duc François II, leva une armée de 4 000 hommes qui marcha sur Ancenis. Loyalistes et conjurés parlementèrent et les chefs de l’armée ducale décidèrent de rallier le camp de conjurés (24 juin 1484). Le lendemain, le 25, Pierre Landais fut abandonné par les siens. François Chrétien, son homme de confiance qu’il avait fait chancelier de Bretagne, refusa de signer les lettres condamnant les insurgés et pire encore demanda à François II la permission d’arrêter Pierre Landais. On promit au duc que ce n’était que pour calmer la sédition. Le duc promit à Landais un procès équitable, une simple formalité. Pierre Landais y fut accusé de corruption, d’avoir persécuté Chauvin, d’extorsion, même de sorcellerie et d’usages maléfiques. Se croyant protéger par le duc, sa défense fut particulièrement molle. La sentence ne tarda pas, le 19 juillet, la pendaison. Le comte de Comminges, intime de François II, fut chargé d’occuper le duc qui ne devait pas pouvoir sauver son favori. Pendant qu’Odet d’Aydie jouait aux cartes avec le souverain de Bretagne, Pierre subissait la peine capitale réservée à la roture et il fut pendu dans la prairie de Biesse à Nantes. Son corps fut sans doute inhumé dans la chapelle qu’il avait fait édifier dans l’église Notre-Dame de Nantes. François II en apprenant la mort de Pierre Landais entra dans une grande colère, mais pardonna aux conjurés qui avaient pris le pouvoir. (voir le site) " rel="attachment wp-att-2578"> (voir le site) " data-orig-file=" (voir le site) " data-orig-size="244,448" data-comments-opened="0" data-image-meta="{"aperture":"2.8","credit":"","camera":"Canon PowerShot A710 IS","caption":"","created_timestamp":"315532862","copyright":"","focal_length":"5.8","iso":"0","shutter_speed":"0.00625","title":"","orientation":"1"}" data-image-title="Pierre Landais (1430-1485)" data-image-description="pPierre Landais (1430-1485)/p " data-medium-file=" (voir le site) " data-large-file=" (voir le site) " class="size-full wp-image-2578 alignleft" src=" (voir le site) " alt="Pierre Landais (1430-1485)" width="244" height="448" srcset=" (voir le site) 244w, (voir le site) 163w" sizes="(max-width: 244px) 100vw, 244px" data-recalc-dims="1" />Cependant, la famille Landais ne subit pas longtemps la disgrâce de Pierre. Son épouse, Jeanne de Moucy, fille d’un marchand de laine et de soie de Rezé, au sud de Nantes, conserva la jouissance de Briord. Elle était attestée encore en 1506 tout comme leur fille unique, Françoise, qui garda Le Plessis-Raffray et qui vit son époux, Arthur L’Espervier, devenir en 1488 grand veneur de Bretagne. Mais ce sont les enfants de la sœur de Pierre Landais qui eurent un destin glorieux. Elle eut sept enfants du vitréen Adenet Guibé : l’ainé, Jacques, fut le capitaine des 50 gentilshommes de la maison d’Anne de Bretagne en 1508 ; Jean devint capitaine de Fougères et vice-amiral de Bretagne en 1489 ; Michel devint évêque de Saint-Pol-de-Léon de 1478 à 1482 puis de Rennes jusqu’à sa mort en 1502 et eut l’honneur de couronner à Rennes Anne de Bretagne duchesse de Bretagne ; enfin Robert, qui avait été évêque de Tréguier de 1483 à 1502, succéda sur le siège de son frère à Rennes jusqu’en 1506 avant de devenir évêque de Nantes entre 1506 et 1511 et surtout d’obtenir en 1505 le chapeau de cardinal. Robert Guibé mourut à Rome en 1513 après avoir laissé à son neveu, François Hamon, son évêché de Nantes, tandis qu’un autre de ses neveux, André Hamon, était évêque de Vannes en 1514. Deux de ses nièces étaient alors respectivement abbesses des richissimes abbayes Saint-Georges de Rennes et de Saint-Sulpice-des-Bois. Il est clair que la duchesse Anne n’abandonna pas la famille Landais et au contraire la combla de faveurs. Pierre Landais peut être considéré comme un des plus grands défenseurs de la Bretagne, même s’il sut garder ses propres intérêts en tête. Il représenta l’ouverture vers un nouveau monde naissant, vers une autre époque où les visionnaires et les entrepreneurs jouèrent un rôle majeur. Sept ans après sa mort, il ne faut pas l’oublier, Christophe Colomb découvrait l’Amérique. Peut-être a-t-il eu pour but que la Bretagne s’affranchisse de ses voisins bien encombrants depuis des siècles, Angleterre et France, pour faire en sorte que le duché intègre le club des puissances maritimes de l’Atlantique, alors en plein essor, seule solution sans doute pour lui pour que ce territoire devienne une grande principauté. Il mit donc ses compétences d’entrepreneur au service de la Bretagne, et ainsi l’économie au service de la politique, alors que le chancelier Chauvin conservait une vision traditionnelle, administrative, exclusivement politique de la Bretagne, celle d’une principauté dont le duc était le vassal du roi de France. Tous les deux, à quelques mois d’intervalles, furent broyés par la politique, par les intérêts de la noblesse bretonne, dont le fonctionnement restait encore très féodal, très médiéval. Frédéric Morvan   Bibliographie : CARNE  (L.), « Pierre Landais et la nationalité bretonne », dans Revue de Deux Mondes, t. 30, 1860, p.  454-484. CHAUVIN M., « Pierre Landais et les historiens », dans Bulletin de la Société d’Archéologie et d’Histoire de Nantes et de Loire-Inférieure, t. 71, 1931, p. 37-56. DUPUY (A.), « Les finances de La Bretagne à la fin du XVe siècle et les derniers budgets de Pierre Landais » dans Bulletin de la Société Archéologique de Brest, t. V, 1877-1878, p. 58-72. KERHERVE (J.), Catalogue prosopographique : les gens de finances des ducs de Bretagne (1365-1491), 3 vol., thèse,  Paris, 1986. KERHERVE (J.), Finances et gens de finances des ducs de Bretagne (1365- 1491), 4 vol. et 1 vol. de pl., thèse, Paris, 1986. KERHERVE (J.), L’Etat breton aux 14e et 15e siècles. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, 1987. LEVOT P., Biographies bretonnes, recueil de notices sur tous les Bretons, vol. II, Paris-Vannes, 1857. LEGUAY J.P.,  Un réseau urbain au Moyen Age : les villes du duché de Bretagne aux XIVe  et XVe siècles, Paris, 1981, p. 338-342. MORVAN F., Les souverains de Bretagne, Rennes, 2016, éditions Encyclopédie de Bretagne, 2016. L’article (voir le site) ">Pierre Landais (1430-1485) est apparu en premier sur (voir le site) ">Centre d'Histoire de Bretagne.

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