Pour cette fin d'été, l'ABP vous propose chaque semaine, sous forme de dictionnaire, un tour d'horizon des mouvements, organisations et revues politiques bretons.
En effet, tout article sur le mouvement breton dans la «presse nationale» (c'est-à-dire la presse parisienne) entraîne l'arrivée d'un journaliste venu de Paris en TGV sillonnant durant une semaine (dans le meilleur des cas) la Bretagne dans une voiture de location. L'article résultant de ce périple sera, malheureusement, bien souvent perclus d'erreurs et d'approximations.
Le mouvement breton ( «an emsav» ) étant complexe et fluctuant, il convient d'en rappeler les réalités actuelles.
– Adsav ( «Relèvement» ) ou Adsav «Strollad Pobl Vreizh» ( «Parti du Peuple Breton» ). Indépendantiste d'extrême-droite.
Scission du POBL (Parti pour l'Organisation d'une Bretagne Libre), créé en 2000, Adsav occupe rapidement une place vacante dans l'emsav : l'extrême-droite. Connaissant une croissance rapide dans les premiers temps, couvrant la Bretagne d'autocollants et d'affiches au design accrocheur, Adsav semble marquer le pas depuis quelque temps. Des problèmes de leadership (difficultés à succéder à Patrick Montauzier notamment) ont marqué ces dernières années. Le mouvement a présenté des candidats lors de cantonales, en 2008, certains des candidats ont obtenu des scores honorables (5,21 % à Briec (29), 6,29 % à Lamballe (22)). Malgré des appels réguliers à «l'Union» , Adsav reste totalement isolé au sein du mouvement breton.
Le mouvement entretient un bulletin interne et une revue trimestrielle ( «War-Raok» - «En avant» ) d'excellente facture.
Lors de leur congrès, des délégations de Lega Nord et du Vlaams Belang sont régulièrement présentes.
Malgré l'annonce de 700 militants, Adsav ne compterait qu'une centaine de membres.
– Alliance Fédéraliste Bretonne (AFB/EKB). Fédéraliste centriste.
Alliance de différents petits mouvements (dont le POBL), l'AFB a une audience et une activité modeste en Bretagne.
L'AFB entretient un bulletin baptisé «Eskemm» ( «échange» ).
– Al Lanv ( «La Marée» ). Trimestriel nationaliste de gauche en breton.
Directeur de publication : Patrig An Habask.
Al Lanv est une revue de qualité clairement nationaliste où les thèmes politiques bretons côtoient des articles consacrés aux luttes basques, corses, irlandaises, kanaks, etc...
– Al Liamm ( «Le Lien» ). Bimensuel littéraire nationaliste en breton.
Directeur de publication : Tudual Huon.
Malgré le fait que Al Liamm soit une revue strictement littéraire, celle-ci participe indirectement au combat nationaliste. Créée en 1948 (mais à partir de revues créées, elles, dès 1945) sur les cendres de la légendaire revue Gwalarn (créée et dirigée par Roparz Hemon) par un groupe incluant notamment Pêr Denez (décédé récemment), Al Liamm s'inscrit dès le départ dans le sillage du nationalisme breton. La partie finale de la revue, accueillant le courrier des lecteurs, le carnet mondain, les débats en cours et la critique littéraire, est examinée tous les deux mois avec une attention particulière par son lectorat.
Abonnés : 800.
Al Liamm est aussi une maison d'édition aux productions régulières. Al Liamm fait partie du «Kuzul ar Brezhoneg» ( «Conseil de la langue Bretonne» ).
– Ar Men ( «La Pierre» ). Bimestriel breton.
Ar Men est une revue au design particulièrement travaillé traitant de sujets de société, ethnologiques et/ou culturels touchant la Bretagne et les Pays Celtiques.
Si Ar Men ne s'inscrit pas dans le mouvement breton stricto sensu, sa rédaction et les sujets traités en font un magazine situé en périphérie proche de l'Emsav. Après des premiers numéros plus «culturels» , Ar Men connaîtra une évolution depuis sa fondation en 1987 où la politique et la «problématique bretonne» prend une place, certes toujours modeste, mais de plus en plus affirmée.
Ar Men est totalement indépendant et appartient aux éditions Fitamant (groupe basé en Finistère spécialisé dans l'immobilier et anciennement dans la publicité).
– Armor Magazine. Mensuel breton.
Armor Magazine ne s'inscrit pas à proprement parler dans l'Emsav mais se situe à la périphérie du mouvement breton de part les thèmes traités et les collaborateurs de la revue (souvent membres de formations bretonnes).
Basé à Lamballe (22), Armor Magazine a été créé en 1969 par le gaulliste de gauche Yann Poilvet (il est actuellement dirigé par sa fille Anne-Édith Poilvet). Magazine généraliste mais fortement axé sur la vie économique bretonne, Armor Magazine est une institution en Bretagne où il n'est pas rare de le trouver dans une salle d'attente de médecin. Affichant un tirage de news magazine (mais à l'échelle de la Bretagne), il connaît cependant quelques difficultés inhérentes à la presse en général.
Totalement indépendant (rare dans une Bretagne dominée par les groupes de presse des deux géants que sont Le Télégramme et surtout Ouest France) et très respecté dans les milieux bretons, Armor Magazine ne s'est jamais ouvertement prononcé sur les questions institutionnelles bretonnes (autonomie ? indépendance ?) et a toujours affiché une attitude légaliste par rapport aux autorités françaises ; par contre les éditoriaux laissent clairement transparaître une sensibilité autonomiste. Armor Magazine a toujours été un fervent défenseur de la Réunification de la Bretagne.
Notons que les prisonniers politiques bretons sont automatiquement abonnés à Armor Magazine par la rédaction dès leur arrivée en prison.
Armor Magazine décerne chaque année le prix du «Breton de l'année» .
– Askol ( «Chardon» )
(Tiré en grande partie de Wikipedia car l'article est bien construit).
Créée en 2004, Askol (Association des élus bretons pour la démocratie) réunit les élus – et anciens élus – de Bretagne, membres ou proches du Parti breton, dans le but d'œuvrer pour l'émancipation institutionnelle de la Bretagne. Son président est Yann Jestin, maire adjoint de Lesneven, Jean-Claude Rivallain, son vice-président, est conseiller municipal de Vigneux-de-Bretagne. En 2008, Askol voit la réélection de la plupart de ses membres et l'arrivée de nouveaux adhérents, comme Jean-Yves Cozan, conseiller général d'Ouessant, ancien député de Châteaulin, Émile Granville, adjoint au maire de Redon ou Gwenole Guyomarc'h, maire de Locquirec.
L'association est plus ou moins en sommeil depuis quelques années.
– L'Avenir de la Bretagne. Revue nationaliste.
Créé par Yann Foueré en 1957, L'Avenir de la Bretagne fût initialement la revue du MOB (Mouvement pour l'Organisation de la Bretagne) dans les années 50 et 60, puis de Strollad Ar Vro("le Parti du Pays") dans les années 70 puis du POBL (Parti pour l'Organisation d'une Bretagne Libre) à partir ds années 80.
L'Avenir de la Bretagne, après avoir été mensuel puis hebdomadaire existe toujours sous la forme d'un 8 pages au rythme de parution plus modeste.