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Comme chaque mardi, une nouvelle livraison du "dictionnaire" désormais commenté, de la France à la Corse en passant par les États-Unis. Aujourd'hui la lettre C.
Pour cette fin d'été, l'ABP vous propose chaque semaine, sous forme de dictionnaire, un tour d'horizon des mouvements, organisations et revues politiques bretons.
En effet, tout article sur le mouvement breton dans la «presse nationale» (c'est-à-dire la presse parisienne) entraîne l'arrivée d'un journaliste venu de Paris en TGV sillonnant durant une semaine (dans le meilleur des cas) la Bretagne dans une voiture de location. L'article résultant de ce périple sera, malheureusement, bien souvent perclus d'erreurs et d'approximations.
Le mouvement breton («an emsav») étant complexe et fluctuant, il convient d'en rappeler les réalités actuelles.
Celtic League (Ligue Celtique). Section bretonne. Groupe de lobbying nationaliste interceltique.
La Ligue Celtique a été fondée en 1961, dans le but de renforcer les liens entre les 6 nations de langue celtique (Bretagne, Écosse, Île de Man, Irlande, Pays de Galles, Cornouailles) et d'appuyer les nationalistes locaux. La Galice et les Asturies, nations celtiques de langues romanes, ont été laissées de côté. Dans les faits, les effectifs de la Ligue Celtique sont assez modestes, mais l'action de l'organisation peut parfois être percutante, comme celle menée par l'actuel directeur de l'information de la Ligue, le Manxois Bernard Moffatt. Militant anti-nucléaire et anti-militariste actif, syndicaliste, membre fondateur de Mec Vannin, le parti nationaliste Manx, Moffat est très actif dans la dénonciation du rôle des sous-marins militaires britanniques dans les naufrages inexpliqués de bateaux de pêche en Mer Celtique. Son travail a notamment servi à constituer le dossier de plainte à l'encontre du commandant du sous-marin britannique le «Turbulent» dans le dossier Bugaled Breizh. (Voir émission Thalassa du 24/10/08).
En Bretagne, la Ligue appuie régulièrement les campagnes de l'Emsav et se fait également l'écho des dites campagnes dans les pays celtiques et aux USA où la Ligue a une branche locale (qui édite son propre journal).
Le secrétaire de la branche bretonne est le Léonard Gi «Keltik» Kerveillant.
La Ligue Celtique entretient une publication de bonne facture «Carn». Écrit dans les 6 langues celtiques et en anglais, Carn publie 3 numéros par an.
Chubri («roseau» en gallo). Association de défense et de promotion du gallo.
Fondée en 2007, Chubri est une association dirigée par le chanteur Bertrand Obrée. Se vivant comme la seule association représentative auprès des institutions, Chubri compte un effectif fort modeste (la dernière assemblée générale rassemblait tout au plus 5 personnes dont au moins 2 étaient également membres d'une autre association gallèse) mais se distingue par un travail de collectage intéressant en matière toponymique (Saint-Martin-sur-Oust, Rennes, Irodouër). Le travail de conseil, de cours et de traduction (la dernière en date concerne la signalétique de la piscine du pays du Coglais) est, lui, plus critiquable tant le gallo de Chubri ressemble à du français régional du début du siècle dernier à peine coloré de “patoiserie”. La mise en place d'une écriture concurrente de l'ALG (critiquée pour sa complexité) a abouti à l'invention d'une graphie tout aussi compliquée : le MOGA.
Contrairement à Bertaèyn Galeizz la communication de Chubri est effectuée en français mais aussi en gallo, même si celui-ci reste fort critiquable car exagérément francisé. Chubrin'entretient aucune publication.
Collectif breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (Appel de Carhaix/Galv Karaez). Collectif citoyen.
Lancé en grande pompe autour de l'actuel maire de Carhaix Christian Troadec en mars 2000, le Collectif Breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme s'appelait au départ l'Appel de Carhaix/Galv Karaez (le nom actuel a été proposé par l'avocat nantais Yann Choucq). Groupé autour de 5 points suivants (en substance) : Mise en place d'un statut pour Diwan, signature de la charte des langues minoritaires, autonomie, réunification et loi-cadre pour une économie plus sociale en Bretagne (en gros le même appel - en moins nationaliste - que l'appel «Asamblès» d'Emgann sorti quelques mois plus tôt, cette curieuse ressemblance fera d'ailleurs longuement polémique, l'un - Emgann - accusant l'autre - Galv Karaez - (non sans fondement) de «plagiat»).
L'Appel de Carhaix lança une dynamique qui dura quelques années et qui eut notamment pour effet de servir de tremplin à Christian Troadec dans sa conquête de la mairie de la capitale du Poher.
Aujourd'hui, l'action du Collectif se limite à la diffusion régulière de communiqués (3 en 2011, 18 en 2010) sur divers sujets d'actualité.
Porte-parole : l'écrivaine Angèle Jacq.
L'Appel de Carhaix n'entretient aucune publication.
Collectif 44=BZH. Collectif pro-réunification de la Bretagne.
44=BZH est le collectif type créé en réaction au blocage dans lequel se trouve le dossier de la Réunification et la lassitude résultant de la stratégie «notable et institutionnelle» poursuivie durant longtemps par Bretagne Réunie. Composé en majorité de jeunes et notamment d'un noyau central de militants issu de la mouvance Emgann/Breizhistance rompus depuis plusieurs années à l'activisme de rue, 44=BZH a multiplié les actions d'éclat ces dernières années sur un mode toujours humoristique (la dernière en date a vu une poignée de militants déployer des banderoles et organiser une fête exotique sur un navire militaire musée amarré en port de Nantes). Actions qui sont largement relayés sur internet. En effet, le collectif, maîtrisant la cyber-communication, produit force films, montages photos, détournements d'images, cyber happening alimentant tous les sites et mails amis. 44BZH a également co-organisé avec Bretagne Réunie les derniers événements importants dans le combat pour la réunification (fresque humaine, manifestation «Bretagne en Résistances»). Souvent interpellés pour des tags, attaques au coltar ou des actions diverses, les militants de 44BZH, dont Jonathan Guillaume – par ailleurs porte-parole de Breizhistance –, fréquentent assidument les palais de justice mais ne semblent nullement dérangés par la répression. Jacques Auxiette, président de la région dite des «Pays de la Loire» est la cible favorite de 44BZH qui, en retour, multiplie les attaques en justice et les déclarations «douteuses» à l'encontre du combat pro-réunification.
Fait rare, 44BZH regroupe des militants (souvent jeunes) de l'UDB, Breizhistance, Parti Breton et Bretagne Réunie.
44BZH n'entretient aucune publication.
Congrès Celtique international. Association interceltique.
Le Congrès Celtique International se réunit une fois par an dans l'une des nations de langue celtique. Les activités du congrès sont essentiellement culturelles.
La branche bretonne congrès celtique est présidée par Youenn Guillanton.
Conseil Culturel de Bretagne. Assemblée consultative attachée au Conseil régional de Bretagne.
Début de l'article tiré du site du Conseil régional : Il est composé de représentants des associations et des institutions, ainsi que de personnes oeuvrant pour la culture bretonne.
Le Conseil culturel est chargé de faire des propositions (voeux) et de donner des avis sur les politiques publiques culturelles menées en Bretagne (5 départements). Ainsi, il est consulté par le Conseil régional à chaque fois que des questions culturelles sont débattues lors de ses sessions plénières.
Il peut demander à la Région d'attirer l'attention d'une autre collectivité ou de l'État sur des problèmes liés à la culture (financement, législation) et au rayonnement de la Bretagne. Il réalise également des études dans le domaine de la culture sur demande de la Région ou en auto-saisine.
Ses thèmes et domaines d'étude sont très variés et vont de la politique linguistique liée aux langues de Bretagne et du patrimoine, en passant par le spectacle vivant et les médias jusqu'à une dimension diffusion et droit qui dépasse les frontières de la Région. Fin de l'article tiré du site du Conseil régional.
Le Conseil Culturel fut auparavant un organisme créé dans le sillage de la Charte Culturelle mise en place par Giscard en 1977. Ce conseil était, depuis 1980, une simple association regroupant 55 associations impliquées dans divers segments de la vie culturelle bretonne. Malgré son statut de simple association, le Conseil Culturel bénéficiait d'un crédit certain auprès des autorités notamment régionales d'où sa transformation en 2009 en chambre consultative rattachée au Conseil Régional de Bretagne (4 départements).
Le choix du président Paul Molac, professeur d'histoire et de breton, président de Div Yezh (voir infra) est un choix faisant consensus. Bretonnant et gallésant, connu pour sa pugnacité et sa présence sur le terrain (il était notamment présent dernièrement à Quimper lors du rassemblement pour l'ouverture des maternelles bilingues publiques de Querrien et Pluguffan), il parvient à fédérer divers «mondes» aux intérêts et aux visions parfois opposées.
Coordination Bretagne Indépendantiste et Libertaire (CBIL). Collectif anarchiste, libertaire et indépendantiste breton.
Créé au début des années 2000 par des dissidents d'Emgann rejoints par des anarchistes intégrant la problématique bretonne, le CBIL (aujourd'hui rebaptisé CBIL-Disuj («insoumis») avait pour ambition de marier «l'idée bretonne» avec la théorie et la praxis anarchistes et libertaires dans le sillage des conceptions d’Émile Masson (1869-1923). Dans les faits, la CBIL a déployé durant des années une grosse activité de terrain sur les thèmes de prisonniers politiques bretons, du breton, du gallo, la vidéo-surveillance, des mouvements sociaux, etc.
Cependant, organisation anarchiste et par là-même horizontale, la CBIL, organisée en comités locaux, eu des pratiques et des niveaux d'engagements fort différents suivant les régions. Parmi les comités les plus engagés, celui du Trégor, porté par des militants aguerris, connut une grosse activité sur nombre de sujets. Dans la région de Pontivy, des membres de la CBIL mirent leurs idées en pratique et montèrent un «squat rural» avec cours de breton, vie collective, etc.
Huch ! («Hurle !» en breton et en gallo) à Rennes ;
Treger Disuj («Trégor Insoumis») dans le Trégor ;
Kailh Du («Caillou noir») à Lorient ;
Strollad Lochu («Groupe Lochu») à Brest ;
sont les groupes locaux se réclamant de la CBIL.
La CBIL éditait le journal «Le Huchoer» (le «Haut-Parleur» en gallo), de bonne facture mais dont la dernière livraison remonte à 2008. Depuis, le bulletin «Na Doue, na Mestr» («Ni Dieu ni Maître» en breton) semble avoir pris le relais.
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