Personnes handicapées dans la tourmente : une semaine pour l'emploi

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Personnes handicapées dans la tourmente : une semaine pour l'emploi

Tugdual Ruellan pour ABP le 14/11/11 14:03

Le contexte économique est morose et, plus que les autres demandeurs d'emploi, les personnes en situation de handicap sont particulièrement touchées, en Bretagne comme ailleurs. Malgré tout, des offres d'emploi et des formations leur sont accessibles. Les partenaires spécialisés lancent, jusqu'à vendredi, une Semaine pour l'emploi des personnes handicapées, avec diverses tables-rondes, forums de l'emploi, journées de découverte en entreprise pour favoriser la rencontre directe entre demandeurs d'emploi et recruteurs.

L'Agefiph, le FIPHFP et L'ADAPT œuvrent depuis plusieurs années pour l'emploi des personnes handicapées. Leurs actions visent notamment à favoriser les échanges entre les employeurs privés et publics et les travailleurs handicapés et à accompagner les démarches de part et d'autre. La mobilisation s'appuie cette année sur la mobilisation des employeurs invités à mener des actions favorisant la découverte des métiers, le partage d'initiatives en faveur de l'emploi, du maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap et du partenariat avec les établissements et services d'aide par le travail et entreprises adaptées. Explications avec François Massolo, délégué de l'Agefiph, Fonds pour l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés en Bretagne.

Quelle est la situation de l'emploi des travailleurs handicapés en Bretagne ?

Elle est particulièrement défavorable puisque le taux de chômage des travailleurs handicapés a augmenté de 14,5 % en un an alors qu'il a augmenté de 4 % pour le tout public. Les demandeurs d'emploi, reconnus travailleurs handicapés, étaient 13 200 en 2010 ; ils sont 13 900 en 2011. Malgré tout, nous observons une attention des entreprises pour l'emploi des travailleurs handicapés puisque l'activité de placement des Cap emploi s'est maintenue. Le nombre de contrats de travail conclus par les Cap emploi se maintient, et il faut souligner cette performance. En revanche, la qualité des contrats de travail tend à se dégrader et nous notons une augmentation du nombre de contrats de courte durée.

Observez-vous des pistes d'amélioration dans les mois à venir ?

Non, malheureusement, nous ne voyons pas de pistes d'amélioration. La situation est installée sans doute durablement et nous ne percevons pas d'horizon d'amélioration avant 2013. Il y a malgré tout une forte mobilisation des dispositifs d'accompagnement et d'aide au recrutement, au maintien dans l'emploi.

La 15e Semaine pour l'emploi des personnes handicapées prend donc tout son sens cette année...

Elle est en effet plus que jamais nécessaire pour favoriser la mise en relation des demandeurs d'emploi avec les entreprises qui ont des postes à proposer. Pour aussi alerter acteurs et décideurs sur la situation des personnes handicapées. Nous allons nous attacher à faire mieux connaître et mieux identifier les spécialistes qui peuvent favoriser la mise à l'emploi, aux côtés de Pôle Emploi et, notamment les partenaires-services de l'Agefiph comme les Cap emploi, les Sameth (services d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés) en lien avec les Services de Santé au travail, les dispositifs Alther qui sont à l'écoute des entreprises mettent à leur disposition des informations relatives à l'emploi des personnes handicapées, les aident à se repérer dans l'environnement législatif lié au travail des personnes handicapées, présentent les aides mises à leur disposition et mettent en relation l'entreprise avec les acteurs concernés. De manière identique, le FIPHFP est mobilisé auprès des trois fonctions publiques (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique).

Quel bilan tirez-vous de cette année écoulée ?

Nous notons une implication importante du Conseil Régional de Bretagne en matière de formation professionnelle : prés de 900 travailleurs handicapés ont pu, l'an passé, intégrer des dispositifs de formation de la région, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2009. La collecte, gérée par l'Agefiph a diminué de prés de 15 % en 2011 en Bretagne par rapport à 2010 (baisse de 12 % au niveau national). Elle est de 480 millions d'euros au niveau national c'est un niveau de collecte de même grandeur que celui d'avant le pic de collecte en 2007, année où les employeurs ont dû s'acquitter des contributions dans un contexte de renforcement de l'obligation. L'Agefiph avait alors collecté 613 millions d'euros. En cinq ans, le montant de la collecte et les moyens de l'intervention de l'Agefiph auront diminué de 20 %. Les transferts de charges et de compétences que l'état a d'ores et déjà opérés sur l'Agefiph renforcent ce contexte de contraction budgétaire. L'Agefiph est donc contrainte de mieux attribuer ses aides là où elles sont particulièrement nécessaires. Le conseil d'administration de l'Agefiph a réaffirmé comme priorités la formation des personnes handicapées à la recherche d'un emploi, la qualité de l'accompagnement et du conseil délivré aux entreprises et aux personnes handicapées, une meilleure prise en compte des besoins des personnes handicapées éloignées de l'emploi.

Quelles perspectives ?

Plus que jamais cette situation critique nous incite à poursuivre et à renforcer nos partenariats, avec le Service Public de l'Emploi, avec la Région -dont l'Agefiph est partenaire dans le cadre des prochaines Olympiades des Métiers-, avec les acteurs du monde économique qui manifestent une vraie préoccupation sur ces questions d'emploi, de maintien et de formation des personnes handicapées. A titre d'exemple je citerai les travaux engagés avec la FNTR, Fédération Nationale des Transports Routiers et la FNTV, Fédération Nationale des Transports de Voyageurs, pour adapter les formations du transport et de la logistique et ouvrir ces métiers aux personnes handicapées. L'Agefiph fera connaître pendant la présente SEPH sa nouvelle offre d'intervention pour 2012.

Programme en Bretagne

Lundi 14 novembre

* Table-ronde, de 14h à 17h, à la Maison de l'emploi de Lanrivoaré - ZA de Kerdrioual - tél. : 02 98 32 47 80

Accés à la formation professionnelle et aux contrats en alternance - organisée par l'Agefiph, L'Adapt, MEFP Pays de Brest, Cap emploi, Alther, Pôle emploi.

Mardi 15 novembre

* Handi-Café à Fougères (sur inscription), organisé par le CCAS de Fougères avec l'appui de L'Adapt et le soutien financier de l'Agefiph.

* Forum de l'emploi à la Cité des Métiers des Côtes-d'Armor à Ploufragan, de 10h à 17h (ouvert au public) avec table-ronde - Organisé par la Cité des Métiers des Côtes d'Armor, l'Agefiph, le FIPHFP, le Conseil général, la Région Bretagne, Saint-Brieuc agglomération.

* Marché d'automne, DCNS Brest (sur inscription)

Jeudi 17 novembre

* Forum de l'emploi et du recrutement, Halle Martenot à Rennes, de 10h à 16h (ouvert au public) avec table-ronde sur la formation par alternance à 11h et sur l'économie sociale et solidaire à 14h30. Organisé par l'Agefiph, l'Adapt, le FIPHFP, la Ville de Rennes, le Conseil Général avec le soutien technique du Réseau des Réussites et de l'ERP Jean-Janvier de Rennes.

* Table-ronde, de 9h à 12h, à la Maison de l'emploi de Lesneven, bd des Frères-Lumière - tél. : 02 98 21 13 14 - Esat, entreprises adaptées, entreprises, collectivités locales : comment mieux travailler ensemble ? Organisée par l'Agefiph, L'Adapt, MEFP Pays de Brest, Cap emploi, Alther, Pôle emploi.

* Handi-Café à Rennes (sur inscription), organisé lors du Forum du Grand Ouest de l'Insa de Rennes avec l'appui de L'Adapt, de la FEDEEH et de Handisup et le soutien financier de l'Agefiph.

Vendredi 18 novembre

* Table-ronde, de 9h à 12h, à La Maison de l'emploi de Plabennec, 58 avenue de Waltenhofen, Maison du Lac - tél. : 02 90 85 30 12 - Être reconnu travailleur handicapé : à quoi ça sert ? Organisée par l'Agefiph, L'Adapt, MEFP Pays de Brest, Cap emploi, Alther, Pôle emploi.

* Handi-Café à Bruz (sur inscription), organisé par la Faculté des Métiers avec l'appui de L'Adapt et le soutien financier de l'Agefiph.

Toute la semaine

Les entreprises bretonnes ouvrent leurs portes pour Un jour, un métier en action - action nationale organisée par l'Agefiph.

Informations pratiques

Agefiph : (voir le site)

FIPHFP : (voir le site)

L'Adapt : (voir le site)

Témoignage

David Quemener, paraplégique, est chauffeur de taxi é Saint-Pol-de-Léon

David Quemener, paraplégique, a obtenu son diplôme de taxi ambulance, avec le soutien de son employeur l'Étoile bleue à Saint-Pol-de-Léon. L'entreprise a acquis un véhicule pour l'aménager grâce au soutien financier de l'Agefiph Bretagne qui a été mis à disposition de l'École de conduite française durant le temps de la formation. Étoile bleue propose de mettre le véhicule à disposition des écoles de taxi pour permettre la formation d'autres personnes en situation de handicap. "J'avais une formation de comptable et de secrétariat et j'ai travaillé pendant quatre ans dans un dépôt de légumes mais je me suis retrouvé au chômage économique. Ca a duré deux ans. Au moment où j'arrivais en en fin de droits, j'ai rencontré Pascal Gouriou, l'ancien patron de l'Étoile bleue, qui m'a embauché et m'a proposé de devenir chauffeur dans son entreprise de taxi. S'est alors posé le problème de la voiture puisqu'il fallait un véhicule adapté. L'Agefiph est intervenue et a accepté de prendre en charge le coût de l'adaptation. Mon patron a appelé le ministère pour s'assurer qu'il n'y avait pas de problème. Dés que j'ai eu le véhicule, j'ai pu entrer en formation qui a duré deux mois à l'ECF, prés de Brest, de mars à juin 2010. L'école a accepté que la formation se passe sur mon véhicule adapté. J'ai obtenu mon attestation, certificat de capacité professionnelle de chauffeur de taxi. J'ai commencé à travailler en juillet 2010 à mi-temps. Les collègues ont été super et m'ont accueilli ! Ils n'hésitent pas à me donner un coup de main pour laver mon véhicule. C'est une équipe d'une trentaine de chauffeurs de taxi et d'ambulances. Je suis intégré au planning comme tout le monde. Avec les clients, pas de souci ! La plupart ne se rendent même pas compte que je suis handicapé. Ils voient bien le fauteuil derrière la voiture mais ils pensent que c'est pour aider des passagers. L'emploi me satisfait totalement ; je ne pensais pas être un jour chauffeur de taxi."

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