Nicolas Sarkozy : après Guy Môquet, Alphonse Daudet
Alphonse Daudet a admirablement raconté la tournée du sous-préfet aux champs. Les nègres de Nicolas Sarkozy évoqueront-ils les éductours du prince et son tourisme politique ?
Dépayser un conseil des ministres n'est pas décentraliser. C'est même l'opposé de la décentralisation puisqu'il s'agit d'affirmer la force du pouvoir central en des lieux qui ne demandent qu'à s'affranchir de cette tutelle.
Ce nomadisme qui relève de la pantalonnade devrait faire sourire tous les dirigeants de la planète. Imaginez George Bush convoquer son staff et le transporter un jour à Springfield, en Illinois, la semaine suivante à Sacramento en Californie ou A. Merkel décider à Munich puis à Hanovre ! C'est non seulement juridiquement impossible mais aussi totalement inconcevable tout comme ça l'est pour Zapatero qui ne peut confondre Madrid avec Barcelone.
Ce circus politique au-delà du tapage qu'il produit et de la ménagerie qu'il déplace n'a qu'un but : renforcer le jacobinisme au moment même où tous les pays d'Europe adoptent le système fédéral. Une fois encore, la France s'exclut de la réalité monde et s'enfonce dans un obscurantisme pitoyable.
Dans les pays modernes, le pouvoir n'est plus absolu et il est territorialement limité au nom du principe d'autodétermination et de la liberté des peuples à décider de leur avenir. Ici un canton, là un land, ou encore un état fédéré, c'est au niveau le plus proche des populations que les choix s'opèrent et que les décisions sont prises.
Outre une plus grande liberté et une réelle autonomie, ce principe favorise aussi le développement des énergies, économise la dépense publique et développe la responsabilité. Il est un puissant facteur de développement économique. Il y a 20 ans, l'Espagne avait un taux de chômage de 25%. Aujourd'hui le taux est inférieur à celui de la France. Les leaders économiques sont unanimes : c'est grâce à l'accroissement des compétences des « autonomias » (régions autonomes).
Dans le petit bois de chênes verts il y a des oiseaux, des violettes, et des sources sous l'herbe fine... Quand ils ont aperçu M. le sous-préfet avec sa belle culotte et sa serviette en chagrin gaufré, les oiseaux ont eu peur et se sont arrêtés de chanter, les sources n'ont plus osé faire de bruit, et les violettes se sont cachées dans le gazon... Tout ce petit monde-là n'a jamais vu de sous-préfet, et se demande à voix basse quel est ce beau seigneur qui se promène en culotte d'argent. A. Daudet - Le sous-préfet aux champs
Tout ce petit monde-là n'a jamais vu de président, et se demande à voix basse quel est ce petit seigneur qui se promène en culotte prada.
Les oiseaux ont peur depuis que les haies ont disparu, les sources se taisent après pollution, la France s'endette, le paupérisme se développe, l'inflation menace, le taux de croissance s'écroule. Les champs de céréales sont de plus en plus consacrés à produire du biocarburant, il manque 100 000 vaches laitières pour atteindre les quotas de Bruxelles.
Pendant que la pénurie s'installe progressivement, le Prince promène sa cour. Avions-nous un gouvernement ? nous n'en avons plus. Le nouveau seigneur en culotte prada ne partage pas le pouvoir et les ministres sont réduits à n'être pas davantage que des courtisans flatteurs qui peuvent à tout moment être renvoyés dans leurs provinces.
Soyons lucides. On peut craindre le pire.
Le 8 septembre 2007
Jean-Yves QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne