Un article retentissant vient d’être publié sous la plume de Paul Henderson Scott, le 1er mai, dans le journal Scots Independent. L’auteur conteste violemment la validité juridique de l’Acte d’Union avec l’Angleterre, de la même façon que je l’ai fait récemment, à propos du soi-disant traité d’Union de la Bretagne à la France (voir le site)
De même que la Bretagne a toujours été - hors quelques périodes d’invasion ou d’abus de la force - une Principauté indépendante distincte du royaume voisin, ennemi haï, l'Écosse a vécu son propre destin, sous ses Souverains nationaux, malgré les intrusions continuelles de l’Angleterre.
L’Écosse est gouvernée pendant près de deux siècles par la dynastie des Stuart. Le roi Jacques VI, fils de Marie, la reine au destin tragique, accède également à la couronne d’Angleterre n 1603 sous le nom de jacques Ier à la mort d’Elizabeth Ière, dont il est l’héritier. Les deux pays, sous un monarque unique, restent séparés, chacun conservant son Parlement, son Droit et ses coutumes, sa Justice et son système fiscal.
L’Angleterre est riche et peuplée, l’Écosse est pauvre, divisée, vulnérable. Après de nombreux affrontements et péripéties, malgré l’union des deux couronnes, les deux peuples continuent à se détester d’une haine mortelle : l’anglophobie des Écossais est aussi irréductible que la francophobie des Bretons lors de leur annexion. La balance est inégale. L’Écosse est étouffée tant politiquement qu’économiquement par l’Angleterre. Elle est à la merci des décisions prises à Londres contre ses intérêts.
Le dernier Stuart, ayant été chassé en France en 1689, Guillaume d’Orange devient Roi d’Angleterre et d’Écosse. En 1702, sans même consulter le Parlement écossais, le Parlement anglais offre la succession à l’Électrice de Hanovre, Sophie. C’est un nouveau camouflet pour l’Écosse, qui n’entend pas laisser ses ennemis disposer de la couronne du pays. Dans un dernier bras de fer, l’Écosse tente de rétablir son indépendance, par les "Actes de Sécurité" (Acts of Security), de 1703 et de 1704. L’Angleterre, maîtresse du jeu, impose l’ouverture de pourparlers en 1706 en vue de la fusion des deux royaumes. Malgré l’opposition déterminée de la Nation écossaise, l’Acte d’Union est promulgué en 1707.
L‘Écosse est la grande perdante de ce prétendu treaty . Elle disparaît de la scène internationale. Les deux Parlements sont « fusionnés » . La sous-représentation écossaise est telle, tant a la chambre des Communes qu’a la chambre des Lords, que le nouveau Parlement Impérial de Grande-Bretagne est sous la domination absolue des Anglais. Les grandes décisions sont prises dans la capitale anglaise. La livre écossaise disparaît au profit de la livre sterling. La fiscalité anglaise, plus lourde, impose à l’Écosse une pression accrue…
Des soulèvements populaires éclatent un peu partout, témoignant des sentiments véritables de la population. Mais les choses vont leur train. Un discours imposé se met progressivement en place. Il devient difficile ou dangereux de faire semblant de ne pas y croire : Ceux qui ont trahi leur pays en s’associant aux Anglais lors des pourparlers anglo-écossais savent pour quelles raisons ils l’ont fait : leurs descendants aussi. On s’installe dans une nouvelle version de la vérité : celle du plus fort.
Il n’y a rien de nouveau sous le ciel : la vérité est toujours ré-écrite par les vainqueurs. Les vaincus ayant perdu le droit à la parole, se taisent. La masse du peuple suit et ferme les yeux, son destin est d’être manipulée, non de gouverner.
Dr Louis Mélennec