L'écotaxe, sensée servir l'écologie, serait mortifère pour l'économie bretonne déjà mal partie en matière d'agriculture et d'agro-alimentaire. Mais pas seulement et loin s'en faut car on prend le problème à l'envers : on impose avant de mettre en perspective concrète les moyens à financer pour protéger l'environnement...
Le monde ouvrier vacille en Bretagne ! Lorsque l'on touche à l'humain dans les proportions que l'on sait ces jours-ci, y compris dans les technologies de pointe que l'on pensait préservées, c'est l'équilibre économique, culturel, intellectuel, c'est le devenir de la société bretonne toute entière qui est menacé. La Bretagne sucée jusqu'à l'os, l'argent de cette écotaxe irait une fois de plus abonder des comptes nationaux et l'on pourrait attendre longtemps un retour sur investissement, et cela en quelque domaine que ce soit.
Les Français ne payent pas sur les voies nationales, pourquoi le ferions-nous ? Car nos voies express sont ni plus ni moins que des voies nationales.
Ce n'est pas nous qui parlons de la RN 165 ou RN 12 ou encore RN 164, c'est le premier ministre : pourquoi deux poids, deux mesures ?
C'est la raison pour laquelle Galv Karaez appelle à manifester nombreux samedi 2 novembre à Kemper : les portiques doivent disparaître du paysage routier breton pour ne pas tenter le diable de continuer à nous “fliquer” et rendre, éventuellement, nos voies express payantes pour tous !
[...]Ce que révèle la crise, c'est la faiblesse désarmante des acteurs politiques bretons. Les collectivités territoriales n'ont pas les outils pour faire face aux problèmes économiques et pour accompagner la transition en Bretagne. C'est donc un conseiller auprès du Premier ministre qui va suivre le futur contrat entre l'Etat et les acteurs bretons sur l'agroalimentaire !
La Bretagne fait partie des six ou sept régions les plus riches de France ; elle a tous les moyens d'assumer sa transition, ce qui lui manque, ce sont les outils juridiques et les outils financiers. La Bretagne souffre d'un éparpillement des pouvoirs et des ressources. Il lui faudrait une organisation politique décentralisée et puissante, qui puisse jouer ce rôle stratégique. La Bretagne se retrouve à la remorque de l'Etat, alors qu'on sait très bien, depuis la fameuse phrase de Jospin, que l'Etat ne peut pas tout.
Quand on nous propose un conseiller de Matignon pour suivre la Bretagne, on a l'impression de vivre un remake des années 70, alors qu'on est en pleine mondialisation économique. Les grandes régions européennes, les grands länder allemands n'attendent pas, eux, la décision centrale pour accompagner leurs acteurs économiques. Ce que révèle cette crise, c'est l'archaïsme du modèle français, un modèle où l'on attend encore tout de l'Etat.
Je crois, oui. En termes de réactivité, de chaîne de commandement, de connaissance du tissu socio-économique, cela fonctionnerait mieux. Regardons ce qui marche en Europe. Pourquoi les Allemands ont-ils des pôles de compétitivité – qu'ils appellent des « cluster » – depuis quarante ans, alors qu'on vient de les créer en 2004 ? C'est parce qu'ils ont des länder. Pourquoi accompagnent-ils aussi bien leurs entreprises intermédiaires – ce qu'on devrait faire en Bretagne ? C'est parce qu'ils ont des institutions territoriales puissantes, en lien avec le tissu socio-économique.
Il est illusoire de penser qu'on pourrait copier le modèle allemand, mais on peut au moins avoir des lieux de décision plus territorialisés sur le développement économique, cela me semble une nécessité aujourd'hui. Avec un pouvoir fiscal plus important et des compétences règlementaires élargies. Il faut arrêter d'attendre le énième plan quinquennal imaginé dans un obscur bureau de l'hôtel Matignon. Le Premier ministre a autre chose à faire que de s'occuper du sort d'un abattoir de porcs en Bretagne.”