Les haches emmanchées stylisées associent les signes de la hache polie et de la crosse. Les haches polies sont les outils de prédilection des sociétés néolithiques qui permettent de défricher de nouveaux territoires agricoles. Celles-ci peuvent se présenter à emmanchement direct avec la pierre polie insérée dans le manche en bois ou indirectement dans un amortisseur qui peut être en bois de cerf. La crosse traditionnellement interprétée comme bâton de berger a la forme du « lituus » étrusque, arme de jet et insigne royal puis instrument des augures, que l’on retrouve aussi dans la Grèce antique avec le « lagobolon » , sorte de boomerang pour la chasse rituelle ou en Egypte. Elle permet de chasser les animaux ou capter un espace, l'indicible. La combinaison de ces deux outils est une abstraction. Les haches emmanchées sont toujours représentées de manière stylisée, artistique, dans la partie supérieure des monolithes. Elles n’ont pas donné lieu à la construction d’objets. En effet les archéologues n’ont pas retrouvé ces objets, même détruits rituellement. En fait, tout laisse à penser qu’elles pouvaient servaient à ancrer un territoire dans l’au-delà, le délimiter en créant une rupture de plan qui renvoie au système de pensée et de croyances des Hommes du néolithique.
Une des clés de cette énigme réside peut-être dans la lecture du Menhir de Saint-Samson-sur-Rance. De façon étonnante, l’ensemble des haches emmanchées sont disposées de façon à figurer un diagramme ou "templum" ( « temple du ciel » ) qui circonscrit le monde sauvage, la forêt et la mer, la périphérie du territoire approprié. À l’intérieur de la forme quadrangulaire, les haches emmanchées définissent un quadrillage secondaire. Les formes des parcelles sont modifiées à la hauteur des haches emmanchées. Elles semblent indiquer un changement d’état, comme s’il s’agissait de soustraire cet espace. L'agencement des haches emmanchées sur le menhir de Saint-Samson-sur-Rance semble poser la question de la territorialisation des sociétés du néolithique, sur terre mais aussi dans un ailleurs, supra-terrestre, l’au-delà.
Voir à ce sujet l’article ABP : « Et si les mégalithes se racontaient ? Le menhir de Saint-Samson, "pierre de Rosette" du néolithique ? »
Lien du site : (https://abp.bzh/et-si-les-megalithes-se-racontaient-le-menhir-de-la--58029)
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