Le fascinant récit du naufrage du navire insubmersible. 14 avril 2012 : 100 ans du naufrage, par Corrado Ferruli et Patrick Mahé.
Classé 13e des « Beaux livres du printemps » et 1er des « Beaux livres » des éditions du Chêne, voici un splendide ouvrage d'un format de 220 x 280, reliée sous jaquette, au prix d'une cabine de 3e classe avec les Irlandais cette semaine-là. Soit 29,90 €, presque les quasi 215 francs de l'époque.
L'histoire fascinante et tragique du Titanic a suscité cauchemars et rêves et stimulé l'imaginaire de générations entières. Tragique, parce qu'elle a coûté la vie à 1.500 personnes. Fascinante, parce que le Titanic représentait avec sa prétendue insubmersibilité le défi de l'homme face à la mer. Cet ouvrage foisonnant de documents retrace de façon chronologique l'histoire du paquebot du jeudi 10 avril au moment où il lève l'ancre pour traverser l'Atlantique, jusqu'au lundi suivant où les rescapés du naufrage sont secourus par le Carpathia.
Des témoignages, des photos, des documents illustrent très largement ce bel ouvrage que l'on ouvre avec fascination et émotion. Les dernières pages du livre publient la liste émouvante des 283 passagers montés à Cherbourg, leur âge, la classe embarquée, la profession et s'ils furent rescapés ou pas.
« Incroyable mais vrai : dans son édition du 10 avril 1912, date symbole pour la ville portuaire et son majestueux hôte du jour, Cherbourg Éclair ne consacre pas trente lignes au Titanic ! Comme pour souligner l'euphorie de la première traversée atlantique du « vaisseau de Gargantua » , le dernier paragraphe n'en égrène pas moins, allègrement l'inventaire des provisions embarquées à bord, soit 75.000 livres de viande, 15.000 bouteilles de bière, 10.000 bouteilles de vin…, « que réclament les estomacs de première classe » . Le décor est planté. Ainsi, d'une brève arithmétique à forte connotation rabelaisienne, le journal du Cotentin ponctue-t-il la seule et ultime escale du Titanic en rade de Cherbourg ; sa dernière pause en bordure des rivages continentaux, là où l'ancienne côte des Vikings épouse la frange littorale du massif armoricain. Dernière halte, à jamais - mais qui l'aurait imaginé ? – pour le plus grand navire du monde, décrété insubmersible par ses constructeurs ; une ville flottante, faite de luxe et d'apparat, mais aussi de ponts sans tape-à-l'œil pour les moins fortunés. Le Titanic peut accueillir 3.503 passagers, dont 900 membres d'équipage. Lors de la traversée inaugurale, ils seront 1.316 passagers, dont 281 partis de Cherbourg – et 881 membres d'équipage.
Tous émerveillés des privilèges des plus nantis, bien sûr, mais chez les émigrants de la nouvelle chance aimantés par les lumières du Nouveau Monde, on partage des rêves et des projets aussi flous que féériques – ceux d'une vie à reconstruire. Quel enjeu !
Pour minimaliste qu'il soit, le court article interpelle à jamais. Ex-voto digne de figurer au musée de la Presse, il embarque le lecteur vers une candide prophétie, bientôt cruellement démentie : « (…) pour les milliardaires qui voudront s'assurer un des deux appartements complets, avec promenade réservée sur le pont, le prix du passage en Amérique sera de 21.525 francs. Il est vrai que pour environ la centième partie de cette somme, on pourra « être du même bateau » , en troisième classe, mais avec les même chances d'arriver, heureusement ». Quatre jours plus tard sonnera le grand requiem, pour tous, dans les affres d'une mer sans lune hérissée de montagnes de glace, au large de Terre-Neuve… »
En exergue, vous pouvez feuilleter notre cahier de photos et illustrations en cliquant sur la première photos qui illustre cet article.
Notez aussi quelques dates clé pour le centenaire de son histoire.
4 avril : Sortie du film de James Cameron en 3D.
Du 6 avril au 8 mai : Exposition Titanic au Festival de photo de mer à Vannes.
10 avril : Ouverture de l'espace Titanic à la Cité de la Mer à Cherbourg.
6 avril : Ouverture du Musée Titanic à Belfast.
11 avril : Vente aux enchères à New York de 5.500 objets du Titanic retrouvés au fond de l'océan.
Juin : Débat autour du Titanic par Patrick Mahé au Salon du livre en Bretagne de Vannes, en présence de l'amiral Merer.