Deux journalistes du webmédia d’investigation Splann !, Kristen Falc’hon et Chloé Richard, se sont vu refuser l’accès à une réunion organisée par le conseil départemental du Finistère, mercredi 3 décembre, dans les locaux d’Armor-Lux à Quimper. L’évènement, consacré au bilan du plan RSA de Maël de Calan devant quelque 200 chefs d’entreprise, avait pourtant fait l’objet, selon Splann !, d’une inscription préalable des deux reporters en tant que...
Deux journalistes du webmédia d’investigation Splann !, Kristen Falc’hon et Chloé Richard, se sont vu refuser l’accès à une réunion organisée par le Conseil départemental du Finistère, mercredi 3 décembre, dans les locaux d’Armor-Lux à Quimper. L’évènement, consacré au bilan du plan RSA de Maël de Calan devant quelque 200 chefs d’entreprise, avait pourtant fait l’objet, selon Splann !, d’une inscription préalable des deux reporters en tant que représentants de la presse locale.
À leur arrivée, selon le récit publié par Splann ! , l’accès leur est interdit au motif d’une « soirée privée », alors même que des feuilles d’émargement spécifiques à la presse étaient disposées à l’entrée et que des journalistes de Ouest-France et du Télégramme couvraient la réunion de l’intérieur. Sur le parking, toujours selon Splann !, un vigile de la société Sécurit’Ouest enlève son matricule, tente de saisir la caméra de Kristen Falc’hon et l’éblouit avec une lampe torche, pendant que les forces de l’ordre dispersent au gaz lacrymogène un comité d’accueil syndical opposé à la politique RSA du Département.
Débat public et liberté de la presse
Si la réunion se déroulait bien dans des locaux privés d’Armor-Lux, où l’hôte reste en principe libre de choisir ses invités, la situation change de nature dès lors qu’un président de Conseil départemental y présente le bilan d’une politique publique devant 200 chefs d’entreprises, en présence de certains médias triés. Lorsqu’un élu défend une politique publique devant un auditoire de cette ampleur, son discours relève du débat public, quel que soit le lieu où il est prononcé. Le choix d’autoriser Ouest-France et Le Télégramme, tout en refoulant Splann !, s’apparente moins à une simple gestion d’une soirée privée qu’à un tri entre journalistes, qui interroge directement le respect du pluralisme de l’information et de la liberté de la presse.
Réaction de Splann !
Estimant qu’il s’agit d’une atteinte grave à la liberté de la presse et d’un « tri » entre médias, Splann ! a adressé le 4 décembre un courrier de protestation à Maël de Calan. Le président du Conseil départemental répond que la soirée était « destinée aux chefs d’entreprises » et que les médias présents l’étaient « en tant qu’entreprises finistériennes, et non en qualité de journalistes », tout en assurant que le Département n’a donné aucune consigne concernant la manipulation de matériel professionnel ni de traitement particulier des journalistes. Le courrier de Splann ! a également été transmis aux principaux syndicats de journalistes, au Spiil et à l’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse.
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