Lettre ouverte
Au Président du Conseil Culturel de Bretagne
Monsieur le Président,
Nous vous adressons nos félicitations pour votre élection à la tête du nouveau Conseil Culturel de Bretagne.
Comme vous je sais qu’il y a beaucoup à faire pour assurer l’avenir de notre langue, surtout quand on voit à Ploëzal, où j’ai appris le breton dans mon enfance, le conseil municipal s’opposer à l’ouverture d’une classe bilingue.
On ne peut que constater le manque criant partout en Bretagne des outils indispensables à la vie de langue bretonne et dont les autres langues sont pourvues. Ainsi, il est impossible de se passer d’une station de radio en langue bretonne, quand on sait que Radio Cymru, la station nationale de radio en gallois, notre langue sœur, existe depuis 1977, soit 32 ans.
Il est vrai qu’il existe des stations de radio bretonnes qui diffusent en partie ou en totalité, en langue bretonne. Mais on ne les entend que dans certaines régions. Il n’y a pas de radio en langue bretonne à Rennes ou Nantes, où les associations bretonnantes sont actives, où on enseigne le breton de la maternelle au lycée, ou même à l’université, comme à Rennes et Brest. Et à Brest l’écoute d’une radio bretonne est pratiquement impossible.
De plus, certaines radios ne diffusent en breton qu’en partie, partie réduite parfois à quelques heures à peine. D’autres diffusent plus de chansons en langue anglaise qu'en breton. Quant aux informations en breton, quand elles existent, elle ne concernent pas la Bretagne entière. Or les bretonnants ne veulent pas être confinés au localisme.
Nous ne pouvons plus nous passer d’une radio en breton, parce que
*notre langue le vaut bien,
*elle mérite les outils publics nécessaires dons sont pourvues toutes les langues qui nous entourent, et que nous ne voulons pas être réduits à la semi-clandestinité d’Internet ;
*nous sommes bretonnants, et nous voulons pouvoir entendre notre langue en tout lieu et à toute heure en Bretagne, comme nous y entendons du français ou de l’anglais, comme on entend le gallois au Pays de Galles, ou le catalan en Catalogne ;
*la radio est un outil d’aide à tous ceux qui parlent et apprennent le breton,
*on n’apprend pas une langue que l’on n’entend pas sur les ondes
Nous devons avoir une radio en breton
*pour le rayonnement de notre langue,
*pour encourager locuteurs et apprenants,
*pour entendre une langue de qualité
*pour avoir des informations en langue bretonne, comme il en existe en gallois, basque, galicien catalan,
*pour entendre des chansons en breton, car une langue qui ne peut diffuser ses chansons ne chante pas et meurt de tristesse ;
*pour entendre des créations de jeunes auteurs et chanteurs, car sans jeunes créateurs il n’y a pas de jeunesse bretonnante,
*pour soutenir les artistes créateurs en langue bretonne que l’on n’entend jamais dans les radios en langue française,
*pour former des journalistes bretonnants parmi les jeunes,
*pour créer des emplois en breton qui bénéficient à la culture bretonne à l’échelle de la Bretagne, et non pas seulement à un canton ou un arrondissement.
Bientôt viendront les élections régionales. Et l’on verra refleurir les promesses électorales, peut-être les mêmes qu’il ya quatre ans.
Assez de promesses, oubliées comme certaines études dans les tiroirs.
UNE RADIO EN BRETON POUR NOTRE LANGUE.
Notre langue mérite de vivre et qu’on lui en donne enfin les moyens en 2010.
Mark Kerrain
Enseignant de breton
Président de Sav-Heol