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- Lettre ouverte -
Lettre aux députés bretons
Mercredi 3 Décembre 2014. Lettre aux députés bretons. Je voudrais vous convaincre et à la fois crier au secours. Vous n'imaginez pas le mal que la loi qui nous refuse réparation pour que
Colette TRUBLET Par association Savenn Douar fondatrice de Bécherel, Cité du livre le 5/12/14 14:35

Mercredi 3 Décembre 2014

Lettre aux députés bretons.

Je voudrais vous convaincre et à la fois crier au secours.

Vous n'imaginez pas le mal que la loi qui nous refuse réparation pour que notre Bretagne mutilée par Pétain en 1942, sous la domination nazie, est pour nous essentielle. Chez moi et autour de moi, Les Bretons d'origine ou d'adoption sont du fond de leur c½ur désireux de notre réunification. Vous n'imaginez pas l'ampleur qu'a prise l'espérance soulevée par la réforme territoriale. Vous n'imaginez pas à l'inverse la profondeur du dégoût à l'égard d'une déception de plus que les élus et la politique nous infligent. La plupart d'entre nous haussent les épaules : il n'y a rien à attendre de la politique et des élus.

Vous prenez un risque insensé non pas du côté d'une possible révolte immédiate, mais plus certainement d'un mouvement de fond qui risque de nous balayer tous, vous y compris, sur fond de nos déceptions et de nos éc½urements.

Je me permets de vous rappeler quelques petites choses. Les Bretons ne sont pas des parisiens jacobins. Ils souffrent depuis plusieurs décennies de voir s'effacer leurs langues, leur culture et leur histoire en sachant très bien que la loi est faite pour les soumettre à une majorité nationale qui noient leurs 4 à 5 millions de voix dans 65millions de voix hexagonales. Nos journaux, nos radios, nos télés sont télécommandés depuis Paris. Nos intellectuels, pour avoir une chance de ne pas disparaître sont intégrés dans une université elle aussi sous influence. Vous nous perdez et nous perdons avec vous de très précieuses valeurs. Vous semblez n'écouter que vos économistes et vos ténors qui, à la tête de nos trois grandes villes, ignorent tout du bien-fondé de la culture celtique et bretonne, celle qui permettrait un nouvel élan très créatif beaucoup plus fructueux, même sur le plan économique, que les vieilles lunes d'un État étouffant, centralisé, convaincu de la nécessité de soumettre ses administrés, comme s'ils étaient des sauvages insoumis, des ennemis de la France et de la République. Vos idées d'organiser les grandes métropoles en chefferies d'un pouvoir absolu dans leurs périmètres et de les aligner toutes sur la tête de pont parisienne qui garde les commandes étaient, peut-être, une bonne idée sauf à penser que vous y mettez en échec la démocratie de proximité qu'aurait pu permettre cette nouvelle organisation des territoires. A nouveau, c'est l'échec.

Dans le pays, les gens commencent sourdement à se « défiler » par rapport à votre système. Des mouvements comme celui des colibris travaillent en profondeur dans les esprits. Votre volonté hégémonique ne tiendra pas longtemps face à d'autres mouvements semblables. En Bretagne beaucoup se rassemblent sur des démarches beaucoup plus démocratiques.

D'autre part, toute la dynamique économique s'est cassée à partir du moment où la mécanisation et la robotisation ont supprimé de nombreux postes de travail, donc des cotisations patronales et salariales. Le système qui permettait de payer des retraites, des allocations familiales et la sécurité sociale est en train de se dissoudre. Le courage politique aurait dû passer par le transfert des cotisations salariales sur le rendement des machines. L'équilibre aurait été assuré.

Bref, je pourrais en écrire des pages et des pages.

Vous nous mettez en danger d'explosion à la fois sur le plan économique et sur le plan démocratique.

On peut penser que le mécontentement ne cherche que la bonne occasion pour éclater au grand jour.

Donc, une fois encore, écoutez-nous. Et ne vous laissez pas avoir par les lobbies.

En espoir de cause, très sincèrement, je vous fais part de la détermination que je sens monter dans mon environnement immédiat.

Colette Trublet

Voir aussi :
Présidente fondatrice de Savenn Douar(1985), association fondatrice de "Bécherel, Cité du Livre"(1989), mise en place à Bécherel pour revitaliser cette petite ville médiévale qui se désertifiait depuis les années 60, pour vivre et travailler au Pays en créant des emplois après l'élaboration d'un concept d'entreprise culturelle en milieu rural.
Voir tous les articles de association Savenn Douar fondatrice de Bécherel, Cité du livre
Vos 3 commentaires
Marcel Texier Le Samedi 6 décembre 2014 18:18
Cette belle lettre est aussi un cri du coeur dont l'évidente sincérité fait honneur à son auteur. Malheureusement, je doute qu'elle puisse émouvoir des gens qui n'en sont pas à une trahison près.
Au fond, ils sont les continuateurs de ces députés qui, en 1940, votèrent les pleins pouvoirs pour le Maréchal Pétain, les continuateurs de ceux qui, après cette première vilenie, glissèrent insensiblement dans la collaboration. A ce propos, il est important de rectifier la date mentionnée par Colette Trublet pour la mutilation de la Bretagne par Pétain. C'est en 1941, le 30 juin, qu'a été signé le décret Pétain-Darlan séparant la Loire-Inférieure du reste de la Bretagne. Cette date a été précédée d'une autre date, celle de l'entrevue de Montoire, qui eut lieu le 24 octobre 1940 entre Hitler et Pétain. On ne sait pas exactement ce que les deux compères se sont dit ce jour-là, mais il y a fort à parier que le sort de la Bretagne y fut évoqué et que l'infâme découpage, qui était dans les cartons depuis fort longtemps, y reçut l'approbation du Führer. Une phrase prononcée sur les ondes de Radio-Vichy le 30 octobre suivant, nous met "la puce à l'oreille". "C'est dans l'honneur", disait le Maréchal, "et pour maintenir l'unité française - une unité vieille de dix siècles - dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration."
Quand on connaît la hantise de tous les gouvernants français depuis toujours, mais surtout à cette époque-là à propos des volontés sécessionnistes chez les Bretons, on ne s'étonne pas que le Maréchal ait voulu se garantir de ce côté-là, au prix d'inavouables concessions dont le caractère criminel apparaîtra dans la suite.
Ce soupçon est confirmé par un texte qu'a découvert, dans le fonds Henri Fréville à Rennes (cote 52 J I58) un de mes anciens étudiants. Il émane de l'Obergruppenführer Werner Best qui était à l'époque chef de la Gestapo pour l'Ouest de la France. Citons-le: "C'est à cette époque que le gouvernement français procéda à une réforme de l'organisation administrative créant des régions regroupant plusieurs départements avec à la tête de leur administration des "préfets régionaux". Avant que cette organisation ne reçoive notre aval pour la zone occupée. Il nous fallut examiner ce qu'elle impliquait pour les intérêts de l'Occupation ainsi que pour ceux du territoire occupé."
Le découpage approuvé par Werner Best, qui, soit dit en passant, après avoir bien servi le Führer dans l'Ouest de la France, fut promu par celui-ci, organisateur de la déportation des Juifs au Danemark, a été confirmé - quelle honte - par un certain nombre de députés bretons.
La filiation avec leurs prédécesseurs de 1940 est évidente. Leur lâcheté est la même. Ils en porteront à jamais les stigmates. Il n'y a rien à attendre de ces gens-là.
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CADIEU Colette Le Lundi 8 décembre 2014 08:26
J'adhère. Colette CADIEU
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Kristen Le Lundi 8 décembre 2014 19:38
Bravo Mme Trublet et merci pour votre sincérité qui honore toute la Bretagne: Bécherel est aussi un symbole de cette renaissance que nous pouvons y envisager par la culture, la convivialité et le vouloir vivre ensemble.
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