Le débat ne porte plus sur la dangerosité du virus ou du vaccin, mais sur la disqualification définitive de la parole publique, qu'elle soit politique ou administrative, qu'elle vienne de monsieur Le Drian ou de madame Malgorn. La validité du suffrage universel repose sur le mécanisme de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Quand celui-ci est brisé, quand la confiance se délite pour non seulement laisser place au doute mais à une profonde suspicion, il n'y a plus de démocratie, il n'y a plus de République.
La question politique – faire les bonnes choses – et la question organisationnelle – bien faire les choses – brillent par leur absence.
Le pilotage des vaccinations est confié aux DDASS sous la responsabilité des préfets. Mais les citoyens n'ont pas confiance dans les DDASS et moins encore dans l'administration en général.
Comment pourraient-ils avoir confiance ?
Alors que des travailleurs perdent leur emploi, que des usines ferment, les employés des administrations se trouvent confortés dans leurs privilèges en observant la crise à distance. Aux Etats-Unis , pour retrouver des finances saines et aussi par souci de justice et d'équité, de nombreux Etats mettent en pratique le congé sans solde (furlough) des personnels publics.
Le bien commun n'est pas un concept utilitariste au bénéfice de certains plutôt que de tous.
Les centres de vaccination sont désertés et la défaillance organisationnelle met en exergue l'impéritie de l'administration, nonobstant l'abondance des débats sur la bonne gouvernance, la profusion des tables rondes, colloques et congrès.
L'exclusion volontaire des médecins généralistes n'est pas innocente. Elle traduit le renforcement de la bureaucratie dans ce qui est aujourd'hui appelé la Nouveau Management Public (NMP).
Une ministre se contente d'offrir au peuple le spectacle grotesque de sa propre vaccination: le résultat est pitoyable. Cette exhibition montre aussi le degré d'inconscience de son auteur car la révolte des victimes est plus à craindre que la caricature de leurs bourreaux.
Fronde ou simple refus, désobéissance civile ou lucidité, désenchantement politique, l'obéissance commune au service d'intérêts particuliers ou partiels est mise à mal.
Les citoyens ne croient plus aux billevesées des politiques et ils ne se soumettent plus aux ukases de l'administration.
Il ne s'agit pas de remplacer des élus par d'autres qui ont les mêmes ambitions et les mêmes prétentions. Il s'agit plutôt de laisser libre cours à la spontanéité, à l'initiative, au self-government.
C'est une condition que le réel impose car, ainsi que l'écrivait Odilon Barrot : « Par une conséquence forcée, toute forme de gouvernement qui appauvrit et affaiblit l'individu, appauvrit et affaiblit par cela même l'Etat »
Le 17 novembre 2009
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne Membre de l'Union des Mouvements Fédéralistes (UMF)