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- Chronique -
Les tribulations d’un plouc breton dans la capitale
Les tribulations d'un plouc breton dans la capitale Et l'enseignement à en tirer Plomelin/Ploveilh.- Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi Monter à Paris, pour un Breton, peut avoir plusieurs motifs. Il
Par Jean-Charles Perazzi pour JCP le 10/11/12 10:33

Les tribulations d'un plouc breton dans la capitale

Et l'enseignement à en tirer

Plomelin/Ploveilh.- Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi

Monter à Paris, pour un Breton, peut avoir plusieurs motifs. Il peut s'agir d'aller saluer un parent « exilé » , d'accompagner un ami à ce qu'il est convenu d'appeler « sa dernière demeure » ou simplement de participer à une manifestation quelconque. On ne revient jamais intact du voyage.

Démonstration.

Cette fois il s'agit de participer dans une salle chargée d'Histoire depuis 1877 ( « La Bellevilloise » , dans le XXe arrondissement), à deux journées consacrées au devenir de la planète. Le ton est donné d'entrée par Jean Malaurie, fondateur de la collection Terre Humaine. Il évoque la mémoire de Pierre-Jakez Hélias, l'un des best-sellers de la série d'ouvrages de cette collection consacrée aux peuples anciens à l'Histoire, elle aussi, bien remplie.

Derrière lui, les Bretons invités principaux de ce dixième festival, évoquent l'état des lieux de leur pays : l'eau, la terre. Par la voix de représentants de l'ISTPM, de défenseurs de la nature et de votre chroniqueur. Par la suite, deux jours durant, il y aura à répondre aux questions des nombreux visiteurs, prendre part à des débats, signer quelques bouquins. Deux journées pleines d'enseignements avec, pour la partie festive, les notes joyeuses du biniou kozh et du diatonique d'un Trégorrois et d'un Vannetais.

Tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes durant ces deux jours, s'il n'y avait à déambuler en surface et dans le sous-sol de cette ville qui donne, au fil des ans, le spectacle d'une cité de plus en plus invivable.

Pas question, bien sûr, de céder à la xénophobie. Mais le nombre d'étrangers, de couleur ou non, conversant dans toutes les langues de la planète, y atteint des records. On ne peut s'empêcher de penser que la très grande majorité d'entre eux, exception étant faite de ceux qui ont « réussi » , comme on dit, seraient heureux de vivre dans leurs pays. Des pays que le colonialisme et le néo-colonialisme ont vidé -vident- de leurs richesses. Ils ont cru au mirage ; il en payent douloureusement les conséquences.

Scènes de la vie parisienne

A boire, à manger, à rire…

Comme il faut manger un morceau au moment où viendra la pause, vous avez l'idée de demander à la responsable d'un cabaret proposant une restauration rapide, s'il sera possible d'avaler un sandwich sur le coup de midi et demi. Sa réponse : « Oui, s'il reste du pain » (sic).

A une station de métro, vous avez droit à un arrêt de… vingt-cinq bonnes minutes. Explication : Une personne a fait un malaise dans le wagon de queue. On réclame un médecin. Faut pas se plaindre : l'arrêt peut dépasser l'heure dans le RER (les médias).

Le métro : le cauchemar pour bien des « provinciaux » . Même les locaux, le nez collé sur le plan, ont souvent du mal à se repérer. Ne parlons pas des heures de pointe avec ses encombrements qui font de vous des poissons de chez Saupiquet, avec, en prime, la bousculade, les courants d'air et tous le reste.

Allez savoir pourquoi, l'envie irrésistible vous prend soudain de vous livrer à un test, plus ou moins saugrenu. Un bâton blanc en plastique traîne près d'un banc. Vous monter à bord en jouant les aveugles. Seul une jeune femme noire à l'idée de se lever au bout de quelques instants, pour vous proposer sa place. Elle pousse la courtoisie jusqu'à vous prendre le bras pour vous asseoir. Vous refusez, bien sûr.

Un musicien d'Europe centrale joue une très belle musique populaire sur son cymbalum. Entre deux stations, il ne recueillera en tout et pour tout qu'une pièce dans son chapeau.

Pas papiers, circulez

Et voici, ce que l'on pourrait appeler les cerises sur le gâteau. Soudain, dans le couloir du RER, vous découvrez que vous avez été délesté de votre portefeuille. Les trois agents en civil dans la gare Saint-Lazarre, refusent de prendre votre plainte pour vol (ce qui est illégal). Explication : « Vous n'avez pas de papiers d'identité» (re-sic). Et de vous conseiller, sans rire, d'aller en récupérer chez vous, en Bretagne.

Un moment plus tard, le nez en l'air, vous cherchez désespérément l'heure et le quai d'un train pour gagner Evreux, avant le retour au pays (trois pauvres bougres sans billet dans le wagon ; trois amendes à régler dans les deux mois). Passe à vive allure un quidam à cravate, l'attaché-case au bout du bras. Vous êtes sur son passage : « Dégage ! »

Vous pensez alors à l'anecdote entendue un jour, en présence de Jakez Hélias, dans la loge d'un théâtre breton, et narrée par le chanteur Félix Leclerc. Déambulant dans la capitale, il heurte légèrement dans la rue une dame. « Paysan ! » . Commentaire de Félix, avec son délicieux accent québécois : « J'étais très fier, on me reconnaissait » .

Certains rêvent de grandes métropoles pour la Bretagne. Aérodrome international, exportations de produits bretons sur tout le globe, trains de plus en plus rapides.... Il y a peut-être mieux à prévoir et à faire chez nous. Des villes à taille humaine où il fait bon vivre, conviviales. Une autre façon de produire, de commercialiser, de consommer.

On en reparlera.

Jean-Charles Perazzi

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