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- Lettre ouverte -
Les langues régionales pourront-elles sauver le Français ?
Les langues régionales pourront-elles sauver le Français ? "Unan, daou, tri, pevar, pemp, c’hwec’h… comptait mon fils de quatre ans en disposant ses dominos Gwenn ha Du sur le carrelage de la cuisine. Sa sœur le reprend, "il faut dire un, deux, trois, quatre, cinq, six"." D’un œil distrait je regarde le journal
Par Jacques-Yves Le Touze pour Cyril Roch le 10/02/04 20:02

Les langues régionales pourront-elles sauver le Français ?

"Unan, daou, tri, pevar, pemp, c’hwec’h… comptait mon fils de quatre ans en disposant ses dominos Gwenn ha Du sur le carrelage de la cuisine.

Sa sœur le reprend, "il faut dire un, deux, trois, quatre, cinq, six"."

D’un œil distrait je regarde le journal régional, qui rapporte vos propos sur l’avenir des écoles Diwan, en pensant qu’à son age, il devrait tout de même savoir compter en français jusqu’à cinq ; ne risque t-il pas d’être handicapé plus tard ?

Qu’en dirait son grand-père, lui qui s’est décaniller pour que je perde l’accent et les expressions des gones de canuts qui traînaient dans les traboules et jouaient devant les ateliers des soyeux de la Croix-Rousse.

De son côté, Tad kozh se tait ; il est songeur, "Gast ! pourvu que ma mère n’apprenne pas que son arrière-petite fille apprend à lire et écrire en breton".

One, two, three, … eleven, twelve, heu ... treize. My God ! Treize années d’anglais à l’école publique. Comment se fait-t-il que j’ai toujours du mal avec ce flot de mails que les saxons déversent chaque jour dans ma boite aux lettres et auxquels il faudra bien que je réponde si je veux garder mon emploi.

Lorsque je me suis tourné vers des études scientifiques, il était encore de bon ton d’être bilingue, (latin-grec s’entend) j’aurai du écouter mes aînés.

Il n’y a pas si longtemps en 92, (1992, pas 1892 ni 1792), Madame Tasca décrète le français ‘Langue unique de la République’. Deux ans plus tard votre compagnon, Monsieur Toubon pense bien faire en reprenant l’idée dans l’espoir de bouter l’anglais hors de France et il en fait sa loi.

Oh, la grosse bêtise !!!

Les syndicats et les associations de parents d’élèves jacobines noyautées par des enseignants frileux et paresseux n’attendaient que ce faux pas. Qui se ressemble s’assemble, "Asinum asinus fricat !" comme aurait pu dire votre précepteur. Même ce cher Jack, avec son miroir aux alouettes, ne saura corriger cette bourde.

Ils refusent la Liberté d’apprendre à des enfants,

confondent Egalité et uniformité,

stigmatisent les différences au lieu de transmettre la Fraternité.

Par pitié, ne faites pas subir à nos enfants les brimades que vous avez endurées lorsque ces instituteurs anticléricaux voulaient vous interdire de pratiquer votre langue maternelle.

Ils sont le futur de l’Europe, l’espoir de la France, et bretons bien malgré eux.

Avant que l’anglais ne deviennent l’espéranto de l’Europe, comptons sur leur ouverture d’esprit pour être le dernier rempart contre la disparition de la langue française.

Pour en avoir fait l’expérience pendant trois ans, je peux vous confirmer que l’enseignement bilingue à parité horaire proposé par l’Education Nationale n’est qu’un pauvre ersatz de la méthode immersive de Diwan qui est la seule efficace avant le cours préparatoire.

Si vous pensez que le choix du breton est anachronique, ouvrez des classes bilingues français-chinois ou français-russe car pour le latin, le grec ancien, l’étrusque ou le hittite, il est malheureusement, trop tard.

Ne vous rangez pas non plus du côté de ces barbares qui abusent de leur prestige pour polluer nos plages. Lorsqu’ils en auront fini de la bio-diversité, il viendront asservir et souiller notre culture.

Vues vos hautes responsabilités, votre méconnaissance du dossier Diwan est tout à fait excusable, et je comprends que la défense de la culture bretonne ne soit pas au centre de vos préoccupations du moment.

N’entendant grand chose de la politique locale, je compte sur vous pour faire part de ce courrier au Conseil.

Essayer de le convaincre

que d’être breton n’est pas une tare,

que le Kig ha Farz ne sera jamais servi dans les fast food,

que s’il faut abandonner le cidre et le chouchen pour le soda

mieux vaut encore boire du Cola breton que du Coca.

L’an passé encore, je vous aurais dit "Amzer zo, Monsieur le Président", mais ce ne sera pas

quand les poules auront des dents,

pe vo du an ec’h,

when the pigs are flying,

que vous pourrez dire que vous ne saviez pas.

N’attendez pas, reprenez-vous avant que

les jeux ne soient faits,

que l’on vous dise "Peut mieux faire" ou bien

‘Nothing is right, Mister President !’

Ne jouez pas l’avenir de Diwan sur un coup de dés.

Alea jacta est !

Dans l’espoir que vous continuerez de soutenir l’action de Diwan, je vous souhaite, Monsieur le Président, une Bloavezh Mat 2004.

"A plus !", Monsieur le Président. K en [at] vo.

Cyril Roch,

Citoyen européen,

Contribuable français

Electeur breton

Tad daou vugel,

Skol Diwan an Oriant.

laborieux monolingue.

qui vous rémunère pour gérer ses intérêts.

qui vous "élit" pour défendre ses idées.

qui souhaitent vivrent dans une Europe polyglotte.