Une grande nouveauté a fait son apparition sur les mois de décembre et janvier : la neige ! Comment ça, ce n'est pas nouveau ? Quoi ? Vous me dites qu'il y en a tous les ans ? Mais non, vous devez confondre avec la pluie, la grêle, les invasions de sauterelles ou tout autre chose. Si, si, loin de moi l'idée de remettre votre parole en doute mais il y a au moins un signe qui ne trompe pas quant à la nouveauté du phénomène. Si c'était une habitude, les routes auraient été préparées, les moyens préventifs et curatifs bien définis et prêts à l'action. Là, rien du tout, le chaos, l'anarchie, bref le bordel. Vous l'avez compris c'était de l'ironie.
Entrons maintenant dans le détail
L'Équipement est devenue la DIR, est-ce pour autant que ce changement de nom a engendré un regain d'efficacité ? Pas vraiment. C'est tous les ans pareil. On sait que l'on va avoir de la neige ou du verglas, c'est prévu, annoncé, on a même le droit aux fameuses cartes de vigilance.
On se dit alors que tout sera prévu pour que le lendemain ce soit globalement praticable. Eh bien, non. Prenons l'A84, l'autoroute Bretagne-Normandie. Tous les ans dans le secteur de Guilberville, c'est la même histoire, on ne passe pas. Alors, on devrait quand même se dire qu'à force de répétition d'une année sur l'autre, des solutions vont être trouvées. Même pas. Ah si, pardon, il y en a une de solution. Un phénomène dont la mode se développe de plus en plus : on arrête les camions ! Ben oui, un camion c'est gros, ça glisse, ça se met en travers, ça bloque tout, et surtout à des heures où les véhicules de la DIR sont dans les garages. Forcément, ensuite les saleuses ne peuvent plus passer.
Alors, tous les ans, c'est le même refrain. On entend les responsables DIR s'apitoyer sur le fait que ces satanés camions empêchent le bon déroulement des opérations de déneigement. Les pouvoirs publics ont bien compris le message et, dorénavant, pas un préfet qui hésite à prendre des arrêtés pour mettre ces empêcheurs de saler correctement sur le bas-côté. Alors on voit des files de camions à l'arrêt un peu partout et souvent dans des endroits improbables. Le fait que les chauffeurs restent là plusieurs heures, qu'ils ne soient informés de rien, que souvent il n'y ait pas de toilettes ou de restauration à proximité n'est qu'un détail. Non, mais oh ! Ils sont payés à ne rien faire en attendant que ça reparte, que veulent-ils de plus ? Quoi ? De la considération ? Et puis quoi encore ?
Du coup, on se dit que comme les camions n'ont plus le droit de rouler, ça va être du billard pour les autres usagers. Erreur grave ! Ce n'est pas mieux. Alors soyons clairs. Que la rue devant chez moi ne soit pas dégagée ne me choque pas puisque ce n'est pas un axe prioritaire. Que les routes de campagne ne le soient pas non plus, ça semble aussi une évidence. Mais que l'on se retrouve bloqué sur une quatre voies ou sur des axes importants, là ça ne va plus du tout. Ce n'est pas après la bataille qu'il faut envoyer les troupes mais préparer le terrain. Est-il normal que sur l'axe Lorient –Roscoff on voie à 18 heures tous les véhicules orange arrêtés et le dépôt fermé ? Est-il normal qu'à 11 h 45 on voie toutes les saleuses du dépôt de Pontivy dans la cour ? Il faut bien qu'ils mangent et se reposent. Évidemment, qui a dit le contraire ? Mais la gestion des effectifs c'est aussi ça le moyen de pouvoir surmonter une crise. Nous avons tous des exemples de faits de ce genre.
Par exemple, était-il normal qu'au mois de décembre, du côté de l'A84 on arrête les camions mais qu'on les autorise à prendre le réseau secondaire… impraticable. Il semble pourtant évident que les camions seront moins dangereux sur des routes à quatre voies que sur des départementales. Aujourd'hui le préfet des Côtes-d'Armor a fait plus simple. Tous les véhicules de plus de 7,5 tonnes sont interdits de circulation jusqu'à 10 heures. Il paraît que ça a permis de dégager les routes. J'ai comme l'impression que l'on va vite entendre que ça a été le Bronx quand même, d'autant que les véhicules de moins de 7,5 tonnes ça glisse aussi. Attention. Ces messieurs en orange ne sont pas coupables de tous les maux, il ne faut pas non plus exagérer. Leur hiérarchie est pas mal non plus. La DIR intervient mais aussi le Conseil général et les communes. Résultat, personne ne sait plus qui fait quoi et dans le doute on s'abstient.
On en arrive à des choses délirantes. Un service va déneiger jusqu'à un panneau mais, juste après, fait demi-tour parce que ce n'est pas à lui de le faire. Il me semble que dans des situations comme celle-là c'est l'intérêt général qui prime, pas la guerre des clochers ou des bureaux. Mais qui peut gérer ça ? La préfecture ? Quand on sait qu'elle est coutumière du fait d'envoyer ses interdictions de ramassage scolaire aux transporteurs le matin à 7 heures, ou plus, alors que les cars sont déjà sur la route, ça permet de mieux comprendre le laxisme ambiant. L'usager lambda n'est pas exempt de tous reproches non plus. Combien prennent leur voiture alors qu'ils pourraient s'en passer ? Exemple. Hier matin, vers 8 h 30, dans le centre-ville de Loudéac. Je suis allé chercher mon pain, à pied je le précise, et j'ai croisé beaucoup moins de voitures qu'à l'habitude. Logique vu le temps. J'en ai croisé 11 pendant mon aller-retour. Sur les 11, il y en avait 7 conduites par des personnes âgées. Avaient-elles toutes un besoin si impératif de se lancer sur la neige ? Pas sûr du tout. Et après on s'étonne qu'il y ait des voitures dans les fossés et des blessés. Parce que pour un verre de rouge au bistrot (si, si j'en ai vu deux dans ce cas), c'est peut-être la vie de sauveteurs qui est aussi mise en jeu pour aller les récupérer s'ils se plantent.
J'ai aussi beaucoup aimé cette personne filmée alors que sa voiture était au talus dans la Manche. Comme beaucoup d'autres, sauf que lui roulait dans un gros tout-terrain. J'en ai rarement vu des 4x4 au tas en période de neige, sauf avec des conducteurs qui se prenaient pour Loeb alors qu'ils n'étaient que des Bidochon.
Alors, au final, quelle solution à tout ça ?
Elle est peut-être avancée par ce responsable d'un centre DIR du Centre Bretagne. Il n'a pas hésité à dire qu'il serait bien que les chauffeurs aient dans leurs camions des pelles pour pouvoir étaler les tas de sable qui sont sur les bords des routes. Il a aussi ajouté que la présence de plaques de déneigement et d'équipements spéciaux pouvait être utiles. Mon éducation judéo-chrétienne m'a appris à avoir pitié des plus faibles. Je ne ferai donc pas de commentaires désobligeants sur des propos qui relèvent du grand n'importe quoi. Nous ne sommes pas dans les Alpes mais en Bretagne. Quand il y a 5 jours de neige par an c'est le bout du monde. Mais c'est plus facile de faire passer ses carences sur le dos des autres.
Voici donc une ébauche de solution. On équipe du 1er décembre au 15 mars tous les camions venant en Bretagne de lames chasse-neige à l'avant comme ça plus de soucis. En plus on gagne sur les frais de fonctionnement de la DIR, sur les heures supplémentaires et de nuit de leurs agents. C'est tout bénef ! Débile ? Oui, vous avez raison, mais ce n'est pas pire que les propos tenus par cette personne. Alors continuons à galérer quand il tombe 3 cm, continuons à être la risée des pays voisins chez qui avec 20 cm par terre tout le monde roule. Au fait, j'ai un scoop, il paraît que l'année prochaine, à peu près à la même époque, il y a risque de neige. Cette fois, ils ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus.
Écrit par Gueno, membre de BRV et administrateur du forum : (voir le site)
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