Le 28 janvier 2006
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. Les assassins de la mémoire empoisonnent le présent
On apprend avec humiliation et non sans indignation que le Préfet du Finistère s’opposerait à l’implantation d’un panneau touristique à Carhaix. Le motif évoqué de cette censure serait la représentation sur le panneau du portrait de Sébastien Le Balp, un des chefs de la révolte des Bonnets Rouges. L’union locale de la CGT s’associe avec le Préfet et s’émeut de la présence du Gwenn ha Du sur le même support.
Négationnisme.
L’histoire doit être abordée avec neutralité et honnêteté. Les faits sont faits, et nul ne peut les défaire. Au cas contraire, il s’agit bien d’un système de pensée, d’une idéologie et non d’une démarche scientifique ou simplement critique.
Quand à la fin du XVII° siècle la Bretagne souffrait du Colbertisme, elle a un moment relevé la tête. En 1675, le peuple breton se révolta contre la hausse des impôts sur le tabac, la vaisselle d’étain et le papier timbré. Depuis l'union de la France et de la Bretagne en 1532, tout nouvel impôt devait être accepté par les Etats généraux de Bretagne. Ceux-ci s'opposèrent à ces taxes supplémentaires mais Colbert passa outre.
Sébastien Le Balp est à la Bretagne ce qu’a été Samuel Adams en Amérique lors du Tea Tax Party, le 16 décembre 1773.
Ils se sont dressés, l’un comme l’autre, contre l’impôt injuste et lourd.
Alors qu’à Boston, dans le Massachusetts existe un musée, le Boston Tea Party Ship et Museum, en Bretagne, l’évocation du seul nom de Sébastien Ar Balp est considéré un crime de lèse-majesté.
L’intervention du Préfet est un déni de démocratie. Elle porte gravement atteinte à l’histoire de la Bretagne et à la liberté des Bretons.
Cégétisme
Doit-on être surpris qu’un syndicat ne survivant que par le soutien intéressé d’employés du secteur public oeuvrant au service du jacobinisme le plus pervers, soit offusqué de la présence du Gwenn ha Du ?
Le Gwenn ha Du appartient au patrimoine public et fait consensus en Bretagne. Il n’est pas une manifestation sportive grand public télévisée où l’on n’entrevoit pas un Gwenn ha Du : des gradins de terrains de football aux ascensions des cols lors du Tour de France !
La CGT se confine dans une minorité réactionnaire, hors du temps.
Ce faisant, elle sort manifestement de son rôle, à moins que la vexillologie ne soit un des nouveaux thèmes du syndicalisme en France.
Centralisme jacobin
La régionalisation à la française ne résiste pas à l’épreuve du temps. La revanche des « girondins » sur les « jacobins » est une victoire à la Pyrrhus. Les régions ont obtenu un transfert de charges plus qu’un transfert de compétences et la France est toujours dirigée par des hauts fonctionnaires formés dans l’idée d’une France centralisée. Dès lors que les compétences sont attribuées à la Région, la déconcentration de l’Etat n’a plus aucune justification. Le transfert des compétences exclut la compétence partagée.
L’urgence du fédéralisme
Il devient de plus en plus évident et opportun de se diriger vers un véritable fédéralisme. Nous ferions ainsi l’économie de l’intervention fâcheuse d’un Préfet, pour la simple raison qu’il n’y aurait plus de Préfet. Il est habituel de distinguer deux principes dans la présentation classique du fédéralisme. Le principe d’autonomie et le principe de participation. Alors que nos « régions » dépendent de la volonté de l’Etat centraliste et que celle-ci reste soumise aux caprices du prince, source d’instabilité, l’autonomie d’un Etat fédéré est juridiquement et solennellement consacrée. L’actuel exécutif régional n’assure, partiellement, qu’une fonction exécutive. Dans le cadre du fédéralisme, le Conseil Régional de Bretagne exercerait un pouvoir exécutif. Ne soyons pas naïfs. Cette intervention du Préfet, portée à notre connaissance, n’est qu’une parmi beaucoup d’autres que nous ignorons et qui nous feraient hurler de colère si nous en avions quelques échos. Ces interventions, outre qu’elles réduisent nos libertés légitimes, ont un coût. Sébastien le Balp et Goulven Salaun se sont courageusement soulevés contre ce qui allait devenir par la suite des prélèvements obligatoires. Ils sont exceptionnellement élevés en France. Le Colbertisme n’est pas mort. Les charges globales du maintien des préfectures et des sous-préfectures ne sont pas faites pour les réduire.
J-Y QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne