Boris Johnson, le premier ministre britannique sortant, a gagné les élections à la Chambre des communes. Avec 43,6% des voix (+1,2 point) et 364 sièges sur 650 (+48 députés), celui qui est aussi le leader des conservateurs a les coudées franches pour faire sortir, le 31 janvier prochain, le Royaume-Uni de l'Union Européenne (UE). Les Tories qui possèdent désormais la majorité absolue des sièges, ont progressé principalement dans les terres ayant voté, lors du référendum, pour sortir de l'UE, étouffant totalement le Parti du Brexit de Nigel Farage qui n'a obtenu aucun élu.
Les Travaillistes prennent une sévère correction. Avec 32,2% (-7,8 points) et seulement 203 sièges (-59), ils obtiennent leur plus mauvais résultat depuis 1935 ! Le Labour a perdu beaucoup de voix et de sièges dans ses terres traditionnelles et ouvrières du nord de l'Angleterre. Acquises au Brexit lors du référendum, elles ont voté, cette fois-ci, pour les Conservateurs.
Le Labour est aussi en net recul au Pays de Galles et en voie d'extinction en Écosse pourtant bastion historique pendant les années 1980, 1990 et 2000. Ce qui a profondément divisé et affaibli le Labour, c’est l'absence de message clair sur le Brexit. Johnson, lui, a été clair et cash.
Les partis ouvertement Brexiters sont minoritaires en voix mais obtiennent pourtant la majorité absolue des sièges du fait du système électoral et de la division des partis favorables au maintien dans l’UE ou, du moins, à l'organisation d'un nouveau référendum.
Mais il y a également d'autres enseignements importants à tirer de ce suffrage.
Les Ecossais, pour la 3ème fois consécutive, ont voté massivement pour le Scottish National Party (SNP) : 45% des voix (+8,1 points) et 48 sièges sur 59. Treize sièges, gagnés par le parti indépendantiste écossais, ont été pris aux partis « traditionnels » britanniques : sept aux Conservateurs et six aux Travaillistes. En Ecosse, les Tories ne conservent que six sièges. Quant aux Travaillistes, ils n’ont pu en sauver qu’un seul.
Au Pays de Galles, plutôt europhile, où la majorité pro-brexit a été obtenue du fait de la présence massive de retraités anglais[i], le Plaid Cymru a réussi l'exploit de garder ses quatre sièges. Avec seulement 22 sièges sur 40 dont 6 perdus au profit des Conservateurs, c'est l'un des pires résultats Travaillistes en terre galloise. Le Pays de Galles n’est plus un bastion Travailliste.
Enfin, en Irlande du Nord, pour la première fois de l'Histoire, les députés unionistes n’ont plus la majorité. Le Parti Unioniste Démocrate (pro-brexit, conservateur et unioniste anglais) perd deux sièges. Il conserve toutefois huit députés à Westminster. Le Sinn Fein (pro-européen, de gauche et pour la réunification de l’Irlande) conserve ses sept sièges. Le SDLP (pro-Remain, social-démocrate et pour la réunification de l'Irlande) retrouve ses deux sièges et l'APNI (libéral et neutre institutionnellement) gagne son premier siège.
Le résultat des urnes est clair : les électeurs veulent être entendus et respectés. Les Anglais veulent quitter l'Union Européenne contrairement aux Ecossais et aux Nord-Irlandais qui, eux, veulent y rester !
Si les 43,6% des voix des Conservateurs et leurs 363 sièges sur 650 sont des arguments suffisants pour faire le Brexit alors les 45% du SNP et les 48 députés nationalistes écossais sur 59 sont des arguments tout aussi valables pour organiser un nouveau référendum d'autodétermination et leur permettre de rester, comme ils le souhaitent de rester dans l’Union Européenne.
Let's get self-determination done!
Roccu Garoby, porte-parole de Régions et Peuples Solidaires
Ce communiqué est paru sur RPS