Réunion de la Région à Redon le 12 juin 2025
Réunion de la Région à Redon le 12 juin 2025

Le président de la Région Bretagne ne donne aucune suite au voeu pour l'autonomie voté en avril 2022, mais préfère toujours la différenciation valable pour toutes les Régions françaises.

Loïg Chesnais-Girard, président du Conseil régional de Bretagne, a entamé son tour des territoires, par le Pays de Quimperlé en décembre 2024. Après le Trégor en mars, il a fait étape à Redon, le 12 juin 2025.

Après avoir présenté les compétences de la Région, Loïg Chesnais-Girard a donné la parole au public. Les questions locales abordées ont été celles d’un projet de prospection minière sur 20 communes du Pays de Redon qui suscite de nombreuses oppositions, les pesticides dans l’eau, les arrêts de train, la mise en place de la taxe sur les entreprises pour le transport en commun. Les échanges ont été courtois. Le président de Région, très à l’aise dans ce type de communication, était accompagné de Jean-François Mary, président de Redon Agglomération.

Difficile pour moi de ne pas poser la question de l’autonomie. Dans ma question, j’évoquais la fameuse Assemblée de Bretagne, l’autonomie vue comme l’augmentation généralisée des compétences des Régions françaises, un Statut particulier pour la Bretagne, et la suite donnée au Vœu pour l’autonomie voté en avril 2022 par la Région : 3 ans déjà !

Loïg Chesnais-Girard s’est montré très décentralisateur. En début de soirée, il indiquait que le budget annuel de la Région Bretagne est de 2 milliards d’euros. Certes, dit-il, une somme importante, mais qui pour d’autres Régions européennes serait multipliée par 10. En introduction à la réponse à ma question, il a rappelé, pour le regretter, que sur 10 € d’argent public dépensés en Région Bretagne, 2 € étaient gérés par les collectivités territoriales, dont seulement 0,5 € par la Région Bretagne. Il faudrait, à son avis, pouvoir gérer directement au moins entre 5 et 6 €.

Concernant l’Assemblée de Bretagne, sa réponse a été très vague, mettant en garde contre la suppression du nombre d’élus, préférant que les élus communaux, départementaux, régionaux, s’en tiennent à exercer leurs compétences là où ils sont. Rappelons que l’Assemblée de Bretagne a comme principe de rassembler dans une même unité la Région et les 5 départements bretons, les élus départementaux étant intégrés à la Région, les départements subsistant encore pour une période transitoire.

Il n’a pas répondu sur le vœu voté par la Région, et concernant un éventuel statut particulier, il s’est montré très sceptique : les Bretons peuvent encore attendre longtemps, lance-t-il au public. Le terme différenciation lui semble ne plus être très à la mode. Pourtant, c’est bien cette perspective qu’il préconise. A l’occasion d’un vote pour une modification de la Constitution, notamment concernant la Nouvelle-Calédonie, il suffirait de modifier l’article 72 pour que les collectivités territoriales puissent choisir à la carte leurs compétences, choix qui devraient être validés en dernière instance par un vote au Parlement. Jean-Jacques Urvoas, ancien garde des Sceaux et ministre de la Justice, Professeur de droit public à l’Université de Bretagne-Occidentale à Brest, serait à même de faire la bonne rédaction de cette modification. De plus, toujours selon le président de la Région Bretagne, il aurait l’oreille du gouvernement. Rappelons qu’il est l’auteur du très bon livre « Pour une Assemblée de Bretagne » édité en 2014.

Mais attention, dit Loïg Chesnais-Girard, de ne pas aller trop loin pour ne pas gêner les Corses qui n’ont pas manqué de lui dire : si vous en rajoutez pour la Bretagne, cela va faire peur au gouvernement français. Ouf, la salle des élus communaux a été tout de suite rassurée. En substance : « Ah oui, il ne faut pas trop en demander, il est urgent d’attendre ».

Loïg Chesnais-Girard tient un discours sur l’autonomie tout à fait positif, mais ne préconise d’aucune manière une autonomie pour la Bretagne. C’est toujours la différenciation valable pour toutes les Régions françaises qui a sa préférence. Côté Région donc, il semble qu’il n’y ait plus grand-chose à attendre, sinon des beaux discours.