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- Chronique -
Le premier album d'IVARH : « Huñvre »
Le premier album d'IVARH : « Huñvre »
Gérard SIMON Par Culture et celtie le 22/10/23 10:00
IVARH - "Ar Roue Stevan" - Extrait de 00:58 CD IVARH "Huñvre"
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Au début de l’aventure, en 2020, deux copains, chanteur et instrumentiste, avant tout, musiciens confirmés, forment un duo, avec…

- Natif de Lorient, Elouan LE SAUZE, passionné de chants traditionnels bretons, plus particulièrement par ceux qui, nés de la tradition orale, sont enracinés en Centre Bretagne ou qui s’ancrent en Pays Vannetais.

et

- Pablo MOLARD, flanqué de sa guitare électro acoustique, qui se charge des arrangements et des effets.

Tous deux sont titulaires, en musiques traditionnelles, du D.N.S.P.M. (Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien, acquis au « PONT SUPÉRIEUR », Pôle d’enseignement supérieur spectacle vivant Bretagne - Pays de la Loire (Voir site) , antenne de Rennes.

2021, les deux artistes sont rejoints par Ewen COURIAUT, aux saxophones, les deux frères BESSÉ, Benjamin, à la guitare électrique et au clavier et Thomas, à la batterie et aux percussions.

Cette évolution structurelle de talents et de spectre sonore apporte, inévitablement, une bénéfique influence sur les compositions qui se teintent, alors, de phrasés rock, toutefois, juxtaposés ou fusionnés avec des instants, plus aériens, plus vaporeux, créant, ainsi, le style bien spécifique du groupe, celui d’un « Breizh-folk-rock planant », teinté de World.

Le jeune quintet « IVARH », voit ainsi, le jour.

«Ivarh », en breton, est le nom que l’on donne à un chemin tracé entre deux haies, ruban de terre où se croisent, se rencontrent, partent et reviennent, comme, pour exemple, gens de la terre, promeneurs, autochtones comme touristes randonneurs, créant un potentiel endroit pastoral d’échange, de partage, de transmission, parfois intergénérationnelle. Cela peut-être, aussi, quelque peu, allégorique avec les amours qui vont, qui viennent, les départs, les retours…

Après avoir dévoilé, en janvier de la même année précitée, un premier clip « Er Park », le groupe publie, en avril, « Splann », un premier EP de 6 titres, à cette époque, disponible sur toutes les plateformes d’écoute ou, physiquement, par correspondance, auprès de LENN Production (Voir site) .

C’est donc, constitué de tous nouveaux titres (aucune reprise), un premier album d’IVARH que nous vous présentons, au travers de cette chronique.

Le titre donné à cet enregistrement reprend l’idée d’une musique, par instants, légère, planante, onirique, climats que nous vous induisions à l’orée de ce papier, puisque ce Compact-Disc se nomme « Huñvre » qui, en breton, signifie, le rêve, le voyage, celui de l’âme ou évoluant dans un autre monde astral.

Pour donner tonique corps ou volutes à ce large et novateur projet artistique :

- Elouan LE SAUZE est au chant,

- Pablo MOLARD à la guitare électro-acoustique et aux effets,

- Ewen COURIAUT aux saxophones,

- Benjamin BESSÉ à la guitare électrique 12 cordes et au synthétiseur analogique,

- Thomas BESSÉ à la batterie de percussions.

Ajoutons à l‘équipage, uniquement pour « Lârit-Din », pièce gravée en piste 6, une invitée de marque, puisqu’il s’agit de la contrebassiste et compositrice française qui évolue principalement dans les domaines du jazz et des musiques improvisées… Hélène LABARRIERE.

Liant tradition et folk-rock, 10 titres, soit un peu plus d’une heure de « cheminement entre les haies » d’un, tour à tour, narratif, incantatoire, souple ou vif chant d’Elouan au timbre qui fleure divinement bon le terroir armoricain et, de la part des instrumentistes, une profonde mais respectueuse actualisation interprétative des mélodies de basse Bretagne, toutes chantées en breton, vont vous distiller, avant tout, un panoramique programme de musiques à écouter, et, parfois même, séquentiellement, à danser.

Hormis les textes traditionnels ou, comme en plage 2, « Diskan An Ivarh », signé du fort regretté sonneur, enseignant à l'école Diwan de Pontivy et auteur de « Kan Ar Mel », Yannig AUDRAN, figure emblématique de la culture bretonne, disparue en mai 2021, les paroles sont, largement, écrites par Elouan LE SAUZE.

Retrouvant l’empreinte fondatrice du duo, dont nous vous parlions, dès nos toutes premières lignes, les arrangements sont de Pablo MOLARD ou, parfois, cosignés avec Elouan.

Par ailleurs, le guitariste, signe, en solo, deux compositions, « Lârit-Din » (piste 6) et le dernier titre du disque, « Ar Veaj », ainsi que le premier thème de gavotte et le premier thème de fisel qui ponctuent le « délicieusement fleuve » (plus de 14 minutes !), « Kreiz », pièce maîtresse de l’enregistrement… et du format concert.

Pour « Lârit-Din », on peut, nous semble t il, y trouver certaines couleurs mélodiques similaires avec le célèbre duo « Désert rose », interprété, en 1999, par STING et Cheb MAMI.

Des ingrédients artistiques, qu’ils soient textuels, mélodiques, rythmiques d’indiscutable qualité, c’est bien ! Faut-il, également, que la production technique soit à la hauteur des intentions artistiques ?

Soyez rassurés, c’est bien le cas. Le CD est fort bien produit, très agréablement « paysagé », « stratifié », avec des mises en espace, en largeur et profondeur, soignées, quelque soit le niveau sonore atteint.

Enregistré au mois d’avril dernier, en Côtes d’Armor, au WM Studio, à Bringolo (Voir page) par Wilfried LASBLEIZ, sauf pour la partie de contrebasse d’Hélène LABARRIERE, captée par Jacky MOLARD, à Poulencerf (Spézet,29), mixé, en Ille-et-Vilaine, par « le duo » Benjamin BESSÉ et Pablo MOLARD, au COCOON Studio, à Vern-sur-Seiche (Voir page) , masterisé par Bruno GRUEL, d’ELEKTRA Mastering (Voir site) , tous les intervenants techniques ont œuvré pour vous réserver une confortable balade sonore, lumineuse et expressive.

Côté apparence, tout comme pour l’expression vocale et musicale du quintet qui se différencie de tout ce que vous avez déjà entendu, en traitant de manière dynamique, contemporaine et singulière la matière chantée de basse Bretagne, traduisant, également, pour leur part, enracinement et modernité, la jaquette et le livret joint, avec leurs respectifs dégradés violacés prennent, par leur particularité stylistique, des allures de fascinantes toiles contemporaines.

Les brumeuses ou denses taches et les légères ou franches griffures « encrées », de la graphiste Alice DUMENIL de l’agence FIZALIS (Voir page) semblent, entre autres, cautionner les propos d’action écologique nécessaire à l’échelle humanitaire, l’amour de la nature, les promenades dans les limbes oniriques, notamment portés, au cours du programme, par les textes d’Elouan LE SAUZE.

On peut imaginer au travers des traits de l’artiste, comme sur la première de couverture du contenant, la lisière d’une dense forêt laissant entrevoir le profil urbain de tours d’acier et de verre, ou, dans les pages internes du livret, ça et là, des reflets de verdure dans le miroir d’un étang, des haies et broussailles, des veinures de tronc d’arbre coupé et couché ou, plus loin, une luxuriante canopée qui filtre les faisceaux de lumière tombant droits du ciel…

Outre l‘esthétique certain de la jaquette et du livret que nous aimons, toujours, souligner, lorsque les artistes font attention à l’image qui accompagne leurs créations musicales et qui font l’intérêt de l’objet CD, le fascicule joint a, aussi, le mérite de notifier tous les textes chantés en langue bretonne, surmontés, pour les non-locuteurs, d’un court propos introductif, rédigé en français, qui précise le contenu, parfois le contexte de création de chaque chanson.

Au verso du livret, ainsi que sur une face interne de la jaquette, vous découvrirez, grâce à l’œil de la photographe Louise QUIGNON (Voir site) , 2 clichés, en noir et blanc, de ces « 5 complices du rêve » qui forment IVARH.

Le programme musical proposé est, vraiment, plaisant, divers, par ses sonorités qui nous emportent, même, pour quelques instants de Lorient, en Orient, des Balkans, en Afrique, via le Kreiz Breizh.

Tout au long des riches propos musicaux tenus, la guitare électro-acoustique de Pablo « hispanise », « orientalise », la guitare électrique de Benjamin, « biniouze », « spatialise », son clavier « nappe » « psychedélise », les percussions de Thomas « trans-endent », « vocalisant, en réponse », les saxophones d’Ewen, « blueisent », « jazzizent », « bombardisent » le discours.

Vous retrouverez, en piste 4, bien de ces aspects, dans le « morceau phare » de l’album, bien que non éponyme, titré « Kreiz » (centre). C’est la pièce centrale du concert, mais, nous semble-t-il, l’épicentre du phénomène IVARH, puisque ce morceau aux multiples ambiances et expressions, se décline en plusieurs temps et nombre d’interventions instrumentales qui rivalisent de sonorités et de jeux.

« Lancé par l’approche d’une mélodie voix guitare, Kreiz gagne en intensité au fur et à mesure du morceau. On y entend les rythmes de la gavotte, du plinn et du fisel qui se mélangent et créent un mix qui constitue un billet pour un aller simple en Centre Bretagne, terre du kan ha diskan.

De plus en plus percutant et rythmé, le morceau atteint un traitement plus brutal des thèmes avec des sensations de transe », précise, pour cette pièce de bravoure, le dossier de presse.

Quoi qu'il en soit, issu du Kreiz Breizh, cet épique morceau, évoquant la mort qui sépare deux jeunes amoureux, nous réserve, entre paradis et enfer, des instants instrumentaux aux rythmiques et couleurs fort diverses, sus-décrites.

Avec, profondément inspirés par la tradition, par des prophéties, comme celle du Roi STEVAN (1), puisés dans des répertoires chantés enracinés, comme celui de la chanteuse du Pays de Baud (2), Eléonore Le PROVOST (1899-1983), les textes qui traduisent, néanmoins, une acuité aux tourments écologiques, sociaux, sociétaux, du monde actuel, un chant parfaitement lié à de créatives textures sonores, jusqu’alors, peu explorées, « Huñvre » d’IVARH nous offre, une écoute onirique, fantasmatique, parfois volumineuse et « rockailleuse », une audition, à tous instants, sollicitée, captée par une conception musicale inédite.

Vous qui aimez le chant traditionnel qui se révèle, sur quelques pièces, teinté de certaines réminiscences qui appartenaient à l’expression vocale l’essentiel et regretté Yann Fañch KEMENER, vous qui désirez découvrir des mélodies, des marches bretonnes qui ne sont que rarement entendues, vous qui souhaitez vivement que les racines bretonnes, dans le temps, ne se perdent, mais qui, pour déjouer tout fâcheux oubli, acceptez qu’on leur invente, adjoigne, dans une certaine déférence, de nouvelles trames musicales, « Huñvre » d’IVRAH est plus que recommandé pour votre discothèque, et surtout pour vos multiples auditions qui vous feront, toujours, découvrir, dans l’émotion, de nouvelles subtilités.

A nouveau, vous le constatez, régulièrement, sur nos pages en ligne, PAKER Prod sait choisir ses jeunes et prometteurs artistes.

Ce producteur concarnois nous fait découvrir, une fois encore, distribuée par Coop Breizh, une création très originale et audacieuse qui, au travers d’une novatrice démarche artistique, certes osée, prospective, voire « propriétaire », du moins, bien spécifique et parfaitement identifiable et attribuable à la formation, sait respecter les fondements de la tradition en l’imprégnant, sans opportunistes caricatures stéréotypées de l’époque, de sonorités actuelles, pour mieux pérenniser les racines et leur donner des ailes…

Gérard SIMON.

(1) - Le roi STEVAN est un prophète Haut Vannetais du XVIIIe siècle. Ce mendiant qui parcourt les chemins de la ria d’Etel aux Landes de Lanvaux, a prédit l’évolution du monde et de l’humanité d’un point de vue écologique, social et sociétal. Ses prédictions, fascinantes chroniques de notre monde obnubilé par une croissance sans mesure, surprennent et inquiètent par leur actualité […/…].

Extrait du dossier de presse de PAKER Prod – IVARH.

(2) - Le pays de Baud est situé au centre du pays vannetais, au sud du pays du laridé pontivyen, au nord des laridés de la côte et entre les deux zones de laridé 6 temps. C'est le nord du pays de l'An-dro.

Illustration sonore de la page : IVARH - "Ar Roue Stevan" - Extrait de 00:58.

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie l'e-MAGazine : (Voir site)

Les titres du CD de IVARH - "Huñvre" :

01 - Ar Roue Stevan - 05:12.

02 - Diskan An Ivarh - 04:00.

03 - Ar Vugulez - 05:30.

04 - Kreiz - 14:06.

05 - Huñvre - 06:05.

06 - Lârit Din - 05:08.

07 - Tuchant - 05:36.

08 - Ar Galon Digor - 05:39.

09 - A Veg Da Veg - 03:30.

10 - Ar Veaj - 06:03.

Durée totale : 60:49.

La page PAKER Prod du groupe IVARH : C'est ICI

CD de IVARH - "Huñvre".

Parution : 6 octobre 2023.

Production : Paker prod. : (Voir site)

Distribution : COOP BREIZH : (Voir site)

Réf : 4016508.

© Culture et Celtie

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