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- Chronique -
Le nouveau musée de Pont-Aven : une belle réalisation qui oublie totalement la langue bretonne
Pont-Aven retrouve après plus de 3 ans de travaux son musée, rénové, modernisé et agrandi. Qui dit Pont-Aven, dit école de Pont-Aven, connue quasiment dans le monde entier.
Jacques-Yves Le Touze Par JYLT le 17/04/16 17:56

Pont-Aven retrouve après plus de 3 ans de travaux son musée, rénové, modernisé et agrandi. Qui dit Pont-Aven, dit école de Pont-Aven, connue quasiment dans le monde entier. Il était donc grand temps que la commune cornouaillaise dispose d'un vrai et bel outil pour que les visiteurs de toute l'Europe et au-delà puissent mieux comprendre l'éclosion de ce phénomène culturel que fut l'école de Pont-Aven regroupant des peintres de tous horizons à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Le résultat est à la hauteur des attentes avec une réussite architecturale, une rénovation de bon goût des différents espaces, une mise en scène muséographique de qualité, même si l'on peut regretter quelques erreurs comme le peu d'espace à l'entrée obligeant les visiteurs à faire la queue à l'extérieur quelque soit le temps, ou l’exiguïté des espaces au 3e niveau, congestionnés rapidement par l'afflux de visiteurs.

Mais l'ensemble est agréable et permettra d'organiser des expositions dans d'excellentes conditions, répondant ainsi à la réputation internationale de Pont-Aven.

Se pose toujours la question du fonds d’oeuvres très limité dont dispose le musée de Pont-Aven et on espérerait qu'une vraie collaboration s'installe entre les différents musées de Bretagne pour faire réellement de ce nouvel outil la grande référence en matière "d'école de Pont-Aven". Comme dans bien d'autres domaines, l'absence de gestion au niveau régional de ces équipements empêche une vraie cohérence géographique, culturelle et muséographique.

Mais la visite de ce nouveau musée fait sauter aux yeux un vrai scandale : l'absence totale de la langue bretonne. Alors que tout est bilingue français - anglais, pas un mot , rien, en langue bretonne, netra. C'est absolument sidérant. Comment peut-on de nos jours concevoir un tel équipement sans y intégrer la langue bretonne ? Pas de textes en breton, pas d'audio-guides en breton, pas de dépliants en breton..

Comment est-ce pensable ? Même le château des Ducs de Bretagne à Nantes fait mieux ! Sans parler par exemple du site des Capucins à Landerneau où la langue bretonne est présente et bien visible pour des expositions d'art contemporain.

Lorsque l'on sait que le Conseil régional de Bretagne a financé largement cet équipement et que par ailleurs, le même Conseil régional a voté il y a quelques années l'officialisation des langues de Bretagne, on ne comprend pas l'absence de la langue bretonne dans un équipement aussi important en terme culturel et d'image à l'international. Comment se fait-il que le Conseil régional ne mette pas dans ses cahiers des charges l'obligation du bilinguisme français-breton ? Sans parler du Conseil départemental du Finistère, de la communauté de communes Concarneau-Cornouaille et des autres collectivités bretonnes concernées... Ce sont eux aussi les responsables et on ne peut plus se contenter de paroles fadasses s'ils ne font rien dans leurs propres domaines de responsabilités.

Toute l'école de Pont-Aven se base historiquement et artistiquement sur la culture bretonne, l'histoire de la Bretagne, les paysages bretons ; la plupart des personnes rencontrées par ces peintres étrangers parlaient breton... Et là, rien, rien de rien... Pire, au détour d'un panneau, on nous fait la leçon comme quoi le chemin de fer a permis la pénétration de la langue française. C'est un fait mais c'est noté de telle façon qu'on a l'impression que c'est la civilisation qui est arrivée chez les ploucs.

En cela, ce nouveau musée de Pont-Aven est extrêmement décevant. Tant qu'on y est, autant l'appeler le musée du Pont de la Rivière...

Pour écrire au Musée de Pont-Aven : (voir le site)

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Démocrate, Lorientais, Breton, Européen, curieux du monde, de ses cultures, engagé pour la démocratie , la construction d'une Europe fédérale, l'émancipation de la Bretagne pour lui redonner toute sa place au sein des nations européennes..... Voilà, n'hésitez pas à commenter, à critiquer, à applaudir, à suggérer ! Voir aussi mon blog (voir le site)
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Vos 1 commentaires :
Lucien Le Mahre Le Lundi 18 avril 2016 12:03
N'ayant pas encore visité le nouveau musée de Pont Aven, je n'étais pas au courant du scandale, aussi je me réjouissais au contraire de sa rénovation. Mais là, je partage bien sûr entièrement l'indignation de JYLT.
Il était nécessaire et urgent de signaler cette absence criante de la langue bretonne, car elle est en effet doublement fautive.
D'abord d'un point de vue démocratique, tant l'oubli ou plutôt l'élimination de la "langue historique" du lieu, mondialement connu, en plus d'être comme ailleurs une entorse aux Droits Universels, en dit long sur la considération dont elle est ordinairement l'objet.
Ensuite d'un point de vue technique, parce que la disparition de cette référence culturelle capitale induit une présentation incomplète c'est-à-dire partiellement erronée de l'Ecole de Pont-Aven, qui, comme le rappelle JYLT, prenait ses sources dans un "tout culturel breton", au premier rang duquel se tenait bien entendu la langue bretonne, incontournable à l'époque évoquée.
Une langue, objectera-t-on aussitôt, est de l'ordre de l'auditif et non du visuel. Elle se trouvait donc exclue par la force des choses des représentations picturales, à l'inverse des costumes, personnages et paysages où puisaient abondamment les peintres de toute nationalité !
Certes, mais où a-t-on vu que les artistes en général et ici les peintres, ne font entrer dans leurs oeuvres que ce qui est objectivement visible ? Alors pas de sentiments, pas de rêves, pas de mythes, pas d'échos ?
Et on nous parle de Van Gogh et autres Gauguin ?
Comme la nourriture locale, la langue bretonne était présente à chaque pas dans la vie quotidienne, elle faisait partie de l'environnement comme on dirait à présent, contribuant par son impact permanent au caractère étrange - pour ne pas dire étranger - en tout cas bien spécifique des lieux, nourrissant la sensibilité aigüe des artistes qui infusent évidemment leurs perceptions diverses - conscientes ou pas - dans leurs représentations du monde faites de formes et de couleurs.
Un Musée de Pont-Aven sans présence de la langue bretonne ? Vraiment, je n'aurais pas cru cela possible !
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