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- Chronique -
Le nouveau CD de Didier Squiban : Ydill

Le nouveau CD de Didier Squiban : Ydill.

Gérard Simon pour Culture et Celtie le 8/11/20 13:42
Didier SQUIBAN - "Eussa", avec Kristen NOGUES (harpe) et Jean CHEVALIER (gong, claves, saxophone soprano, batterie).- Extrait de 01:14. CD "Ydill" - Didier SQUIBAN
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Jaquette du CD de Didier SQUIBAN - "Ydill"

« Je dédie, particulièrement, cet album à quatre grands qui nous ont, hélas, quittés : Kristen NOGUES, Jean CHEVALIER, Yann-Fañch KEMENER et, tout récemment, Jacques PELLEN. »

C’est par ces mots qui résonnent reconnaissants et attristés que le célèbre compositeur et pianiste breton, Didier SQUIBAN, préface son nouvel opus, produit par lui-même, distribué par Coop Breizh et titré, avec facétie, entre français « idylle » et anglais « idyll »« Ydill » !

« Ydill » : Comme une rencontre éphémère de jeunesse et sans conséquence !

Espiègle notation, en trompe l’œil, en « trompe oreille », malicieusement insufflée par le très sympathique pianiste qui, on le sait, ne manque jamais d’humour !

« Ce disque représente, pour moi, tout le contraire ! Chaque rencontre est importante, durable et conséquente », ajoute, immédiatement, derrière la précédente et prime boutade, le musicien ploudalmézien.

« Ydill » propose 15 titres, 15 des plus beaux duos ou trios extraits du conséquent et varié répertoire de l’artiste, avec 3 titres totalement inédits, écrits, initialement, pour Thalassa et Océanopolis et 12 autres que l’on peut qualifier de quasi inédits.

A noter que 2 d’entre-eux sont enregistrés en public (Pistes 13 et 15).

15 magnifiques et picturales plages jouées, avec, parmi d’autres artistes et dans l’ordre du programme, Kristen NOGUES, Jean CHEVALIER, Ronan LE BARS, Yann-Fañch KEMENER, Jacques PELLEN, Bernard Le DREAU, Jérôme KERIHUEL, Pascal VAN DEN BULCKE, Manu LANN HUEL…

In fine, il s’agit d’une touchante rétrospective en compagnie de 16 musiciens qui ont compté pour le virtuose du clavier, 13 instrumentaux et 2 vocaux, tous composés et arrangés par lui-même, à l’exception de « Valdez » (1), co-écrit avec Jean CHEVALIER, « Pedenn » (10), composé par Gilles LE BIGOT et « Femmes de Ouessant » (14), poème du, bien trop jeune, disparu, René-Guy CADOU (1920-1951), breton de Loire-Atlantique (44-Bzh), un texte mis en musique par Manu LANN HUEL.

Le programme d’« Ydill » reprend, bien évidemment, des volets importants d’un répertoire qui, depuis 30 ans, allie, avec grâce, notamment inspiré par la mer et la danse bretonne, la musique traditionnelle, le jazz, la musique symphonique ou classique.

La majorité des morceaux choisis pour cette présente publication figurait sur les premiers albums du pianiste armoricain.

C’est ainsi que l’on retrouve, entre autres, trace du premier disque publié, « Tendances » (1990), « Jazz à Vauban » (1994),

« Molène » (1997) et « La plage » (2006), pour ne citer que ces quelques étapes discographiques franchies par le véloce et talentueux pianiste léonard.

Alors, écoutons avec gourmandise, ce piano aux sonorités et rythmes si personnels bien reconnaissables qui prennent vie sous les doigts magiques du créatif compositeur.

Pour apprécier ce touché profond et nuancé, il vous faudra, néanmoins, attendre le second titre, puisque le programme s’ouvre sur « Valdez », une improvisation à trois, sur des images maritimes d’Océanopolis, où Didier SQUIBAN est… au synthétiseur, en compagnie de Jean CHEVALIER, aux gongs, claves, saxo soprano et batterie et Kristen NOGUES, à la harpe électrique.

C’est, d’entrée, superbe ! On s’immerge, inexorablement, dans les vagues cristallines de la regrettée compositrice et harpiste, disciple de Denise MEGEVAND qui, rappelons-le, fut, aussi, le professeur d’Alan STIVELL !...

Ce n’est donc, qu’en piste 2, avec « Ballenas », également écrit pour Océanopolis, que vous retrouverez Didier SQUIBAN au clavier d’un piano bien ponctué qui entre, notamment, en parfaite communion avec les claves de Jean CHEVALIER, instrument de musique de percussion idiophone très ancien, puisqu’ apparaissant, à Cuba, vers le XVIème siècle.

Cette pièce musicale figurait, comme la précédente, sur le disque « L’Odysée de la mer », paru en 1992.

Si, le nantais Jean CHEVALIER, dit « Popof », batteur, percussionniste, saxophoniste et clarinettiste, figure incontournable de la scène jazz, allant du jazz-rock à la world indienne, apparaît, en subtil accompagnement, dans les deux morceaux précités, écoutez-le, dans toute sa plénitude instrumentale, avec cette composition à trois temps, dénommée « Eussa », en littéral dialogue, son enjôleur saxophone soprano, divinement enrobé des notes acidulées de la harpe acoustique de Kristen répondant aux volutes soyeuses du piano de Didier SQUIBAN, morceau enregistré, sans public, au Quartz de Brest.

Nous ne poursuivrons pas, abusivement, cette chronique par un discours qui pourrait apparaître redondant, récurrent, eu égard à la richesse de ce que nous disent, déjà, et tellement mieux que nous-mêmes, les compositions de Didier SQUBAN, toujours magistralement servies par d’excellents musiciens.

Mais laissez-nous, néanmoins, vous dire, qu’au fil de ce voyage rétrospectif où le piano reste l’élément majeur, mais partageur, vous dégusterez, en plage 5, avec « Jackie’s tune », le son incomparable de l’uilleann pipe de Ronan LE BARS qui survole la profonde ponctuation mélodique du piano de Didier, avant de laisser place à la ronde ligne de guitare de Nicolas QUEMENEUR, et de reprendre finale prédominance au sein d’un brillant trio empreint de mélancolie.

Côté chant, avec, en piste 6, « Gavotenn : Ar martolod Youank », on retrouvera, Dieu sait avec quelle émotion, la voix unique de l’immense et, tellement regretté, Yann-Fañch KEMENER qui, en mars 2019, a emporté ses gwerzoù et ses chants à danser vers un probable Tír na nÓg céleste.

Un très émouvant titre, en deux phases rythmiques, dont la mélodie, comme un vers où la césure survient à l’hémistiche, nous réserve les délices d’une voix incomparable et d’un piano dans tous ses états.

Cette invitation à la danse, puis danse, était à la 11ème place de l’iconique et très original CD « Ile-Exil », paru en 1996 et interprété, en piano voix et textes poétiques dits par Hervé LE LARDOUX, par Yann-Fañch et Didier, sur des images sonores de Yann PARANTHOEN

Ce fut une rencontre plus que marquante qui s’est concrétisée, plus particulièrement, par trois étroites collaborations discographiques qui en découlèrent : « Enez Eusa » (1995), « Ile exil » (1995) et « Kimiad » (2006).

« Une rencontre qui a changé ma vie », avoue, volontiers, le pianiste.

Il faut noter que c’est, en 1992, suite à la préparation du duo, de plus de 6 minutes, « Enez Eusa » pour l’Héritage des Celtes de Dan AR BRAZ (CD « l’Héritage des Celtes en concert », paru en 1995) que Didier a rencontré Yann-Fañch. Le célèbre collecteur et chanteur lui a fait redécouvrir la musique bretonne, lui ouvrant l’univers d’un début de carrière exercé dans le jazz, avec, notamment, la parution des disques « Tendances » et « Jazz à Vauban ». Didier accède, alors, à un style que l’on pourrait définir comme « Classic Celtic-Jazz ».

En plage 14 d’« Ydill », un autre timbre, se fait entendre, dans un existentialiste duo piano-voix, avec Manu LANN HUEL, auteur-compositeur-interprète et poète breton, de langue bretonne et française qui met ses propres textes en musique, mais aussi, ceux de René-Guy CADOU, de Léo FERRE, et de Pierre-Jakez HELIAS.

Pour notre part, nous avions découvert sa granitique et prenante voix, dans l’enregistrement classico-celtique « Symphonie Iroise », œuvre signée de Didier SQUIBAN, en dialogue pianistique avec, dirigé par Alain ALTINOGLU, l’Orchestre National de Bretagne et publié, en 2004, chez Loz Production.

Au sein du 2ème mouvement, plus précisément, en plage 12, Manu LANN HUEL y chante, en français et breton, « Ile-elle », le titre éponyme de son propre disque, paru en 1998.

Pour le présent « Ydill », il chante le poème « Femmes d’Ouessant », de René-Guy CADOU, titre qu’il avait enregistré sur le même opus « Ile-elle ».

« Un soir de pauvreté comme il en est encore

Dans les rapports de mer et les hôtels meublés

Il arrive qu'on pense à des femmes capables

De vous grandir en un instant de vous lancer

Par-dessus le feston doré des balustrades

Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés. »

Avec « Ydill », Didier SQUIBAN nous propose un CD passionnant, baigné de forts contrastes d’ambiances, passant d’instants de frénésie à des moments mélancoliques et fondé sur des styles musicaux très différents, mais par le jeu et la sensibilité du musicien, parfaitement compatibles, fusionnels… En un mot, un paysage musical conforme à celui de la Bretagne, entre ombres et lumières, constamment changeantes !

Au cours de cette chronique, nous n’avons évoqué que quelques noms de musiciens. Nous ne pouvons pas conclure cette dernière, sans vous proposer l’énumération complémentaire de ceux qui, autour du pianiste, donnent, tout au long de son itinéraire, plein et beau sens à ses riches compositions.

Dans l’ordre d’apparition, non pas à l’écran, mais sur les images suscitées par les évocatrices mélodies de ce très plaisant Compact Disk, nous pouvons nommer :

Simon MARY, Jean-René DALERCI, à la contrebasse, Joël ALLOUCHE, à la batterie, Gildas BOCLE, à la contrebasse, Alain TREVARIN, à l’accordéon, Patrick SRANISLAWSKI, à la contrebasse.

Présenté dans un digipack aux couleurs quasi helléniques, alors que, sur la première de jaquette, cette maison, aux volets vert-bouteille (… à la mer !), hurlante de blancheur sur la toile maritime d’un franc bleu azur est photographiée, au Stiff, à Ouessant, par Sébastien HERVE, ce programme vous apportera beauté et pleine sérénité.

Le livret, au même visuel, présente les partitions des titres « Song for Jacques » et « Ydill ».

Sous les portées du titre dédié au guitariste brestois, Jacques PELLEN, figurent ces quelques très jolis mots de la chanson

« Avec et sans toi », interprétée par Manu LANN HUEL sur son disque « Rue De La Rade », publié en 1991.

« Ca me prend souvent

Quand l’amour me prend

De perdre le cours

De la vie qui court ».

Nous vous conseillons, plus que vivement, ce 32ème (Eh oui, quand même !) album de Didier SQUIBAN qui vous fera découvrir des collaborations qui ont contribué à façonner son univers.

Vous pouvez, notamment, vous procurer ce disque sur le site www.coop-breizh.fr.

Si nous vous présentions, à l’orée de cet article, « Ydill », comme une fresque des plus beaux duos et trios, sachez que c’est par un solo, de près de 12 minutes, que le pianiste conclut ce mémoriel récital d’amicales et musicales rencontres, avec « Song for Jacques II », magnifique pièce entre classique, blues et jazz qui sonne, en parfaite osmose avec « Song for Jacques I » de la plage 7 où Jacques PELLEN est à la guitare. Cette dernière pièce est interprétée comme une prière, le jet d’une fleur à l’instant ultime lorsqu’une présence aimée s’enfuit, jusqu’au suspend d’une dernière note suscitant le final salut d’une respectueuse salve d’applaudissements…

Le voyage est fini, mais… laissez tourner !

Pour celui qui, à partir de 1998, a accompagné Manu LANN HUEL, interprétant, notamment, Léo FERRE, on ne sait jamais… Avec le temps !

Mersi bras, MONSIEUR SQUIBAN pour ces sensibles cordes frappées d’amour…

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : Didier SQUIBAN - "Eussa", avec Kristen NOGUES (harpe) et Jean CHEVALIER (gong, claves, saxophone soprano, batterie).- Extrait de 01:14.

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site) .

Site Internet de Didier SQUIBAN (Voir site) .

Les titres du CD "Ydill"

CD "Ydill" de Didier SQUIBAN

Parution : 9 octobre - Réf : 4016396

Production - Didier SQUIBAN - (Voir site) .

Distribution : Coop Breizh - (Voir site) .

© Culture et Celtie

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