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- Communiqué de presse -
Le mythe régional : une duperie qui ne porte pas son nom
Il ne peut exister de grandes régions que si elles n'ont aucun pouvoir délibératif. De facto, une grande région est condamnée à être une région faible : c'est la
Par Jean Yves Quiguer pour Mouvement fédéraliste de Bretagne le 9/12/08 15:27

Il ne peut exister de grandes régions que si elles n'ont aucun pouvoir délibératif. De facto, une grande région est condamnée à être une région faible : c'est la condition de sa naissance. Au cas contraire Paris prendrait le risque d'une opposition efficace, une imprudence qui n'existera jamais.

Paris veut des grandes régions apathiques. La régionalisation n'est pas autre chose qu'un élément logistique de l'État central.

Il faut toujours se méfier de ceux qui veulent faire le bonheur des gens malgré eux.

Au moment où on croit pouvoir débattre, la Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires (DIACT) annonce qu'à terme la France connaîtra 3500 communautés de communes au lieu des 36 000 actuelles, environ 140 communautés d'agglomération, et entre 400 et 500 pays....

C'est comme l'élection de Miss France : téléphonez pour dépenser un peu d'argent, les jeux sont faits d'avance.

Le DIACT a une culture d'hostilité envers la transparence, comme tous les organismes administratifs. On retrouve la même opacité à l'INSEE avec le RIL qui est un répertoire d'informations localisées, précieux, mais inaccessible....

Priver le peuple de la connaissance et de l'information est une vieille pratique.

Jean-Robert Pitte, géographe et Président de Paris IV, explique bien pourquoi, en fait, le « pays » est une revanche de l'Etat jacobin, une machine de guerre contre les collectivités territoriales pour redonner la main à Paris... Avouons qu'il nous est vendu de façon différente....

Le Comité Balladur envisagerait 15 régions.. Pourquoi pas 14 et pas 12, ou 8 ???

Et comment pourrait-il le savoir si nous avions notre mot à dire ?

Déjà Mitterrand ne voulait pas de grandes régions car, disait-il, vous allez me mettre face à des Ducs....

Tant que nous ne passons pas à un régime fédéral, rien de bon ne pourra être attendu.

Les intérêts sont contraires, souvent opposés.

Toutes ces manœuvres sont sous-tendues par un rapport de forces.

L'intérêt général n'est qu'un masque qui cache toujours des intérêts particuliers.

L'intérêt local n'est jamais autre chose qu'un intérêt national délocalisé.

On devrait arrêter de perdre du temps sur l'aspect surfacique et nous préoccuper des réseaux et des flux. La nouvelle gouvernance n'est plus territoriale. La preuve nous en est fournie par le développement des quangos.

Quango est l'acronyme de Quasi Non-Governmental Organization. On assiste au développement des quangos et il est probable qu'on assistera aussi à la modification de ces organisations qui deviendront essentiellement des organisations issues de la société civile, et d'elle seule.

Il s'agit de gouvernance sans territoire, comme les Nation-Unies, le FMI, L'OMC, l'Unesco etc. Si on peut critiquer leurs méthodes et actions, on ne peut pas admettre que sur le principe organisationnel, l'idée est bonne. En fait, si c'était bien réalisé (pas à la botte de quelques-uns) ce serait l'embryon d'un fédéralisme mondial, dont nous avons besoin.

Il y a longtemps que les multinationales ont compris l'importance des réseaux et le non-intérêt de la territorialité. Là encore, on verra surgir la critique de certaines firmes, mais on confond les pratiques avec les principes. Ainsi dans l'économie du savoir, on a des compagnies qui exploitent des contenus, des ressources humaines et des idées et qui ne sont rattachées à aucun territoire précis. C'est ce que permet la révolution digitale...

Les quangos ne sont pas des États et certaines ont des budgets plus conséquents que des États.

L'a-territorialité n'est pas chose nouvelle. Le tourisme est né de ce principe quand les aristocrates britanniques oisifs ont commencé à se balader de pays en pays, vivant en réalité plus à l'extérieur de leur domaine que sur celui-ci et se préoccupant davantage de leurs loisirs que de la prospérité de leur patrimoine.

Certaines personnes privilégiées voyagent comme des diplomates, sans connaître de frontières et ne font pas la queue pour remplir des formalités, (c'est le cas des grands artistes internationaux, des grands financiers, des grands chercheurs etc etc). Ils sont parfois pluri-domiciliés et ils se jouent des nationalités....

D'une certaine façon, l'évolution de la communication mondiale grâce aux NTIC tend à nous octroyer un avantage identique.

C'est à ce niveau que le fédéralisme doit s'organiser. On réclame des États sans penser que le concept d'état devient obsolète.

Ce qu'on appelle la crise financière et économique n'est que le résultat d'un anachronisme. On a 10 ans de retard. Il y a 10 ans que nous sommes dans le XXIe siècle en reproduisant les travers du XXe. Osons passer, enfin, dans ce siècle nouveau et bâtissons-le.

Cette crise est comme un signe. Il faudra bien revoir les notions de croissance, de répartition, de ressources naturelles, de gouvernement et de gouvernance.....

Toutes ces métamorphoses nécessaires sont liées. Décroissance et réorganisation spatiale, développement de la gouvernance en réseau, prise en compte des flux, réappropriation des libertés.

Nous devons avoir le cœur et le visage de notre siècle.

Le sentiment d'appartenance est aujourd'hui partagé en dehors de l'espace de proximité. Un Breton, ou un Occitan, peut se sentir proche d'un Bolivien, communiquer et partager un certain nombre d'actions avec lui. D'une certaine façon, il lui arrivera d'être plus proche de ce dernier que d'un voisin qu'il ne connaît pas et qui ne partage pas ses idées.

Le système de réseaux retisse des liens et l'avantage est qu'ils sont librement choisis, donc forts et solides. Il modifie aussi l'échelle des valeurs.

Contrairement à ce qui a été dit sur la crise, il n'y a pas réellement de retour de l'État. Il y a une gesticulation étatique, ce qui n'est pas la même chose. On sait tous qu'il va falloir créer une organisation (un quango) en charge de règles. En fait on en avait un , qui est resté silencieux : c'est le FMI. Mais il est à la botte de certains états (États-Unis, la France aussi qui à elle-seule a autant de voix que tous les pays d'Afrique réunis...) Ce n'est pas en tant que quango que le FMI est condamnable. C'est sa façon d'être organisé sans respect de la démocratie et c'est sa finalité réelle qui sont critiquables. Le FMI se nourrit des prêts qu'il accorde (comme une banque). Il impose donc ses conditions, qui sont terribles, pour récupérer capital et intérêts....

Si par malheur on laissait faire le retour de l'État dans la crise, on irait au-devant de graves problèmes. On a financé la dette des États-Unis; on va se trouver condamné à financer la remise en forme de son économie et sa mutation, qui est devenue nécessaire. Le tout à nos frais et à nos dépens.

A nos dépens car la rupture économique qui va générer une rupture technologique va leur servir à rendre totalement obsolète tout ce qu'on fabrique.

Ford a déjà une génération de petites voitures (Focus, nouvelle Fiesta). Un développement massif sur ce segment de marché éliminera Renault et PSA. A elles seules, les Big Three américaines vont recevoir plus d'argent que tout le fonds stratégique d'investissement français. Et tout acquéreur d'une nouvelle Ford ou d'une Chevy recevra 1 000 euros.

Plus que jamais on a besoin d'organisations civiles mondiales, construites d'après le paradigme fédéraliste.

Si on rate le coche, on peut dire adieu à l'Europe qui, de plus en plus paupérisée, va assister à l'affrontement États-Unis/Asie et au surgissement de l'Inde comme arbitre.

On reste enfermé dans des combats du XIXe siècle sans saisir la mesure des mutations.

Ici ou là, on n'hésite pas à faire du Darwinisme régional : n'auraient le droit d'exister que les régions dites historiques...

Étrangement, c'est ce que Lénine, et après lui Staline, acceptait dans le fait régional. Si la Mayenne n'a pas un grand poids historique, c'est alors qu'elle serait quasi inexistante….

Et c'est là l'erreur qui est plus qu'une erreur, car ces gens-là ont une histoire.. Ils ne sont pas là x-nihilo....

Le devoir de tout fédéraliste est précisément de ne pas faire de différence entre des régions qui auraient une histoire et d'autres qui ne seraient que des no-man's land...

On ne s'attache pas à la région, mais à la personne.

On a tous une ou des histoires....

Sur l'histoire :

Un ancien avait un bateau avec lequel il pêchait. Chaque fois que son embarcation heurtait un récif, il la réparait en changeant une pièce de bois. Un jour l'homme trépassa et son fils hérita du bateau. Chaque fois que le fils heurtait un rocher ou endommageait son bateau il procédait comme son père...

Il arriva un jour où le bateau de l'ancêtre n'en avait plus que la forme. Tout avait été refait.

Rien, dans la matière, dans le fond, n'appartenait plus à l'embarcation d'origine, sauf l'illusion.

C'est ce que la psychologie sociale démontre à propos non seulement des biens mais aussi de la culture et des langues.

Le lien avec l'acte fondateur est ténu, voire impossible. Ceci démontre que ce qui est important est ce qui doit advenir et non ce qui a été.

On pourrait tenter une schématisation rapide : c'est précisément ce qui sépare l'Ancien Testament du Nouveau.

L'histoire n'est jamais autre chose qu'un questionnement. Elle n'existe pas. Ce qui a été n'est plus. C'est grammatical.

Qui aurait l'idée saugrenue de dire que la Louisiane, ayant été française, doit revenir à la France et que la Californie doit redevenir mexicaine ?

L'idée qu'on se fait de l'histoire dans un présent qui est autre, est autre chose que l'histoire elle-même.

Quand, entre deux contemporains, les événements ne sont pas saisis de la même façon, que dire quand ils viennent du passé ?

Trois témoins d'une même scène racontent des versions différentes... La police connaît ça...

La seule leçon à tirer est que nous devons prendre des précautions et surtout, nous méfier des certitudes.

Calderon de la Barca disait que La vida es Sueño (La vie est un rêve)

Regardons en arrière : et si ce que nous avons vécu n'était qu'une illusion juste là pour révéler ce que nous étions...

Aujourd'hui, c'est aujourd'hui et le commerce d'hier n'existe plus.

La vérité attend toujours la fin ultime et on peut se demander si elle appartient au monde des vivants. Ce monde reste un monde du spectacle, idée chère à Guy Debord : les hommes sont sans cesse en représentation.

La Bretagne reste à construire. Se contenter du passé, voire y faire référence, est délétère. Tout commence aujourd'hui.

Le 10 décembre 2008

Jean-Yves QUIGUER, président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne

Voir aussi sur le même sujet :
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne plaide et milite pour l'adoption d'une architecture fédérale en Bretagne, en France et en Europe. Membre de l'Union des Mouvements Fédéralistes (UMF), il défend le concept de fédéralisme contractuel dans le cadre des institutions et celui du fédéralisme intégral dans le cadre de la société. LE MFB n'adhère pas à l'idée d'une fédération d'états-nations qui n'est qu'une forme de confédération conduisant aux mêmes échecs que l'actuel état-nation dont nous allons prochainement porter le deuil. C'est ce qui justifie un fédéralisme inspiré de la doctrine contractualiste en opposition avec la doctrine étatiste. Ce qui est bon pour le tout, l'est aussi pour les parties. Il ne saurait exister de fédéralisme européen sans un fédéralisme local, d
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