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- Chronique -
Le grand-Ouest des universités se met en place
D'ici un an, les universités de Bretagne, du Maine et d'Anjou seront fédérées, en même temps que les grandes écoles et les instituts
Rémi Kersauson Par Invité ABP le 7/02/15 21:16

[Publié dans 7seizh en janvier 2015] D'ici un an, les universités de Bretagne, du Maine et d'Anjou seront fédérées, en même temps que les grandes écoles et les instituts de recherche, au sein d'une communauté d'universités et d'établissements (COMUE). Cette fédération s'appelle Université Bretagne Loire (UBL).

La transformation des Pôles de Recherche et d'Enseignement Supérieur (PRES) en COMUE est une des conséquences de la loi Fioraso du 22 juillet 2013. Le regroupement par sites, académiques ou inter-académiques, était imposé par le passage d'un système de plusieurs contrats pluriannuels entre l'état et les établissements à celui d'un seul contrat par site. La logique de regroupement se traduit également par la fusion de Rennes 1 et Rennes 2 qui se finalisera en même temps que la mise en place de la communauté.

Les avantages annoncés pour les étudiants sont multiples : meilleure visibilité à l'international, accès à la documentation facilité, meilleur accueil, etc. Tout cela notamment grâce au remplacement de la logique de compétition par une logique de coopération entre les universités, afin de « Proposer une carte de formations cohérente, ouverte et pensée pour les divers publics, sur l'ensemble du territoire ».

L'intérêt majeur de constituer une communauté de dimension suffisante est qu'elle soit reconnue comme « un pôle pluridisciplinaire d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial », avec l'attribution d'un label « initiative d'excellence » (IDEX). Cela ouvrirait la voie à l'attribution d'un important financement au travers de la deuxième vague du Programme d'Investissements d'Avenir (PIA2). Ce programme est piloté par l'Agence Nationale de la recherche (ANR). Une tentative de l'alliance menée par l'Université Européenne de Bretagne (UEB) et l'Université Nantes Angers le Mans (UNAM) pour obtenir 1 milliard d'euros lors de la première vague (PIA1) en 2010-2011 a abouti à un échec. L'origine de celui-ci a été attribuée à un « manque de gouvernance unifiée », « un manque de culture commune » entre les acteurs de « l'inter-région ».

Un pas vers le Grand Ouest.

En toute logique, les volontés des présidents d'Universités et Directeurs d'établissements vont aboutir à la mise en place de la COMUE UBL. Il ne semble pas y avoir d'opposition virulente de la part des syndicats. Ceux-ci ont publié plusieurs communiqués co-signés contre la mise en place de ces communautés. Au premier semestre les motions contre la réforme se multipliaient sur le site « Sauvons L'Université » . En juillet, le conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), organisme consultatif, se prononçait contre les 4 premiers projets de statuts de COMUE, en y pointant du doigt un « déficit de démocratie », avant d'en accepter deux en octobre puis de demander un report de l'examen de l'ensemble des projets en Novembre. Au final, juste avant le réveillon du nouvel an, les statuts de 7 COMUE sont parus au journal officiel sans que cela entraine de réaction de la part des syndicats, du moins jusqu'à présent. L'UBL prévoit d'adresser son projet de statut au ministère au cours de ce mois de janvier.

Si la loi Fioraso impose des regroupements, il semble bien que ce soit la course aux subventions qui soit le facteur principal de « l'inter-régionalisation ». C'est une des conséquences compréhensibles du programme des investissements d'avenir. En termes de moyens et d'attractivité future, l'IDEX, ou sa déclinaison I-site pour les dimensions moindres, il y aura les universités qui y sont, et les autres. Au plan régional, l'incertitude règne sur le positionnement du conseil régional de Bretagne vis-à-vis de la future COMUE UBL. Le 8 décembre, le conseil économique social et environnemental régional (CESER) a souligné la nécessité d'une réflexion sur l'attractivité future de la Bretagne comme Terre d'innovations après la disparition de l'UEB. Attirée par le système des subventions, la composante universitaire vient de faire un pas vers un district Grand Ouest où la place de la Bretagne suscite des interrogations. L'ampleur de ce pas dépendra sans doute du caractère plus ou moins fédéral du fonctionnement de la communauté.

On peut espérer que ce mariage de raison porte ses fruits et enfante d'un IDEX ouvrant le droit à une bonne allocation. Cela permettra d'éviter, dans la négative, que les porteurs du projet ne soient tentés de masquer ce qui ne serait alors qu'une « usine à gaz et une coquille vide », pour reprendre l'expression du président de l'Université de Bretagne Occidentale, par un affichage zélé des joies d'une inter-régionalisation qui ne présentait pas d'intérêt majeur. Un divorce ne semble guère envisageable, en particulier lorsque l'UBO regrette de rencontrer moins d'esprit de cohésion de la part des universités de Bretagne que de l'UNAM. Il est dommage que cette étape, qui va plus loin que la réforme territoriale, n'ait pas été mise à profit pour régulariser, au moins moralement, le positionnement de Nantes en baptisant l'ensemble Université Bretagne Maine Anjou plutôt qu'UBL.

journaliste indépendant
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Vos 9 commentaires :
iffig cochevelou Le Dimanche 8 février 2015 11:24
Eh bien oui, c'est bien vers cette fusion généralisée que nous allons
Nous faire croire que la Bretagne peut rester comme cela, est un leurre, de toute façon sans la Loire Atlantique , cela n'a pas de sens . Le Drian n'a rien sauvé du tout, malgré ses dires. Tout s'organise pour cette fusion que l'on verra se faire progressivement, sans véritable réaction .
Il ne nous reste qu'une solution : un résultat exceptionnel aux élections régionales de décembre, mais il faut avoir le moral pour y croire ! Alors au boulot.
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Ar Vran Le Dimanche 8 février 2015 14:36
@iffig
Tout à fait d'accord'
Il faut pour cela labourer notre propre jardin et pour les Bretons naïfs leur demander quels sont leurs intérêts à ce que leur université soit diluées dans un grand ouest mou, associé à l'image passéiste que représente la France actuellement.
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M.Prigent Le Lundi 9 février 2015 04:59
Cette politique de fusion des universités avait déjà été engagée par Sarkozy qui conditionnait l'octroi de généreuses subventions aux universités de taille internationale comme Toulouse.
Comme par hasard, cette position n'était pas atteinte par l'Université de B4 seule ou de PdL seuls, l'option B5 étant bien entendu écartée d'emblée.
Les promoteurs du "Grand Ouest" savent que par le jeu des subventions ils réaliseront dans les faits cette inter régionalité de plus en plus imbriquée qu'ils officialiseront par décret ou autre procédure sous le nom de Bretagne-Loire.
C'est ainsi qu'avait procédé le pouvoir en 1972 pour contraindre le département réticent de la Mayenne à rejoindre l'espace des PdL.
Sevrées de subventions, les associations, notamment sportives tournées vers Rennes avaient baissées pavillon.
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Philippe Guilloux Le Lundi 9 février 2015 09:48
Je ne vois pas en quoi une concertation entre universités remet en cause la décision politique et la volonté de la Bretagne de rester une région à part entière en espérant qu'un jour LA vienne nous rejoindre.
Il y a quantité d'organisations qui travaillent sur des géométrie variable en terme de territoire.
S'il faut rester vigilant, il me semble inutile d'être alarmistes, voir même conciliant dès lors que le regroupement permet de faire avancer des projets où chacun trouve son compte. Et la déclaration du président de l'UBO montre que les oppositions ne viennent pas toujours de l'extérieur.
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SPERED DIEUB Le Lundi 9 février 2015 13:39
Oui mais il faudrait d'abord s'attaquer aux racines du mal ,c'est à dire à la corruption de la classe politique parisienne et à son pouvoir de manipulation ,un exemple parmi bien d'autres
http://www.lepoint.fr/politique/reserve-parlementaire-le-rapport-accablant-de-la-cour-des-comptes-09-02-2015-1903507_20.php
Sans compter que le pouvoir fait en sorte que le mouvement breton soit marginalisé ,déconnecté de la population ,et le pire c'est que celui ci se prend au jeu ,en devenant de par certaines attitudes et prise de positions le mouvement d'émancipation le plus stupide du monde ,passant d'une extrême à l'autre
Exemple en pleine affaires des algues vertes ,on hurle avec les plus extrémistes des écolos contre l'agriculture .Puis il a suffit que un an plus tard un leader de l'agro business breton affirme ,notre problème c'est la France, pour que l'on prenne un virage à 360 degrés pour faire sans nuances des louanges au productivisme !!!, point positif tout de même même le concept systématique Breizhou écolo intégriste a été mis à mal aux yeux de l'opinion
Il est très difficile aussi pour le mouvement breton de percer car une grande partie des électeurs favorables à l'émancipation de la Bretagne ne feront pas de cette idée une priorité dans leur choix électoral ,par contre ce concept est transversal dans la classe politique bretonne ,il se retrouve parfois là ou s'y attendrait parfois le moins Alors une solution ,un mouvement d'opinion pour faire prendre conscience à l'ensemble de l'opinion bretonne de la nécessité de prendre son destin en main ,cela provoquerait un mouvement massif et pacifique tel que celui qui a fait tomber le mur de Berlin .Les élections j'y crois de moins en moins d'autant qu'elles sont de plus en plus désertées et donc de moinsen moins représentatives de l'opinion
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Ar Vran Le Lundi 9 février 2015 18:24
@Spered dieub
Certes mais il ne faut confondre tout. Attention à ne pas tomber dans le raccourci du prétexte que quand vous croisez un olibrius qui s'affiche avec un Gwenn-ha-du, cela fait de lui forcément un défenseur de la Bretagne.
Il est vrai que l'emsav a été trop longtemps polluée par des extremistes de tout poil (Je me souviens que j'étais gamin, les bretons voyaient les militants bretons comme forcément porter le collier en barbe et était fumeurs de pipe, un peu baba-cool sur les bords et habillés d'un kabig)
Il n'y a pas que cela, Dieu merci ; il existe une foultitude de gens "normaux" qui sont (ou seront fiers de porter leur bretonnitude) sans pour autant revenir à la charrue et aux lits clos.
A l'heure actuelle pour moi l'offre politique strictement bretonne crédible est à voir du côté du parti breton, de Troadec et de son mouvement, de Breizh Europa & de l'Alliance fédéraliste bretonne. Les autres sont soit trop extremes soit trop compromis avec des partis jacobins de France pour encore être crédibles...
Pour revenir sur les universités et comme j'ai la chance de travailler avec l'étranger, j'invite tous les étudiants bretons a dire qu'ils viennent d'Universités bretonnes et non d'un quelconque hydre jacobin. Dans le premier cas, le caractère est bien perçu, dans le second cas, au mieux vous avez de l'indifférence, ou pire on se moque de vous...
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Philippe Guilloux Le Lundi 9 février 2015 21:21
@Spered : je pense que vous faites une erreur assez simple : il n'y a pas un mouvement breton. Je ne pense pas que ca soit les mêmes qui manifestent contre les algues et leur origine que ceux qui applaudissent Monsieur Glon. C'est plus compliqué que celà.
Autrement dit, je ne crois pas qu'il y ait un "nous" et la difficulté vient justement du fait que tout le monde ou presque défend "la Bretagne" mais avec des projets politiques et économiques très différent... C'est un peu comme l'Europ finalement. Les écologistes défendent le projet européen, les ultra libéraux aussi. Est ce là même Europe ? non
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iffig cochevelou Le Mardi 10 février 2015 16:27
Croyez vous, Philippe Guilloux, que les Ecossais maintenant majoritairement favorable à l'indépendance , soient tous d'accord sur une seule vision économique, écologique de l'Ecosse : ils sont pour l'Ecosse et c'est déja pas mal.
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Philippe Guilloux Le Mardi 10 février 2015 21:16
Je notais juste qu'il était simpliste de dire "Le" mouvement breton. Si mouvement breton il y avait, alors oui, nous aurions au moins la situation écossaise qui, a défaut d'avoir leur indépendance, ont obtenu de avancées en terme de relation avec le pouvoir central ce que nous n'obtenons pas.
Maintenant, quand vous dites que les écossais sont majoritairement favorables à l'indépendance : désolé mais ca n'est pas le résultat du scrutin. Ou alors, j'ai raté un épidose
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