Le Parti Breton s'insurge contre le tintamarre fait autour du centenaire de la création du personnage de Bécassine et son officialisation avec l'émission prochaine d'un timbre poste à propos de ce centenaire. Le Parti Breton demande aux Bretons et à tous les Français sensibles au racisme d'écrire à la Poste pour protester (*).
Le Parti Breton rappelle que les bandes dessinées de Bécassine sont, surtout dans les premiers numéros, des textes et des images racistes. Elles présentent les Bas-Bretons, qui en 1905 parlaient à 90% une langue étrangère et n'étaient pas français de culture, comme des gens niais et bornés.
L'héroïne est une petite Bretonne d'origine paysanne, en coiffe et en sabots, qui, venant chercher du travail à Paris, trouve une place de bonne d'enfant chez la marquise de Grand'Air. Bécassine, surnom d’Annaïck La Bornez, est née à Clocher-les-Bécasses près de Quimper. Bécassine n'a pas de bouche. Elle n'en aurait pas besoin car elle ne parle pas le français. On ne lui reconnaît même pas sa langue natale: le breton. Elle est incapable de communication. Même sa coiffe est doublée sur ses oreilles pour bien montrer qu’elle n’entend pas bien non plus.
Le personnage demeure caractérisé par un dévouement aveugle à ses maîtres. D’après une professeur d'histoire contemporaine, "La Bécassine des premiers albums se singularise par une naïveté qui confine à la bêtise et qui repose sur trois piliers : sa mauvaise maîtrise de la langue française - qui fait qu'elle prend un mot pour un autre ou une expression imagée au pied de la lettre -, sa méconnaissance des usages sociaux et son ignorance des machines modernes"
En 1939, Paulette Dubost incarnait Bécassine dans un film de Pierre Caron : on y voyait Bécassine donnant le sein à un porcelet, le couchant dans son lit, lui donnant des pommes de terre tandis qu'à côté les enfants mangeaient des épluchures !
Bécassine est une monstruosité qui révolterait si on n'avait pas mêlé à la difformité, une naïveté candide et une innocence, à vrai dire comprise par les enfants des bourgeois parisiens du début du XXe siècle. Ils pouvaient identifier les bourdes de Bécassine avec leurs propres malheurs d'adaptation au monde des adultes.
Mais comment ne pas voir aussi dans Bécassine un repoussoir de l'identité bretonne ? Les enfants d'origine bretonne, ceux qui ont lu Bécassine en grandissant dans les années 30 et 40 et même après la guerre, sont justement ceux qui ont tout abandonné de leur identité bretonne. À commencer par cette langue bretonne qu'ils n'ont pas voulu enseigner à leurs enfants. Quant aux petits Français qui n'étaient pas Bretons, ils ont pu se construire un ensemble de préjugés anti-bretons qui a tant contribué aux stéréotypes actuels que l'on retrouve jusque dans les débats de l'Assemblée nationale sur les langues minoritaires.
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