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- Chronique -
Le CD de Jean-Charles GUICHEN : "SPI" espoir !
Le nouveau CD de Jean-Charles GUICHEN "SPI - espoir"
Gérard SIMON Par Culture et celtie le 22/06/22 11:15
Jean-Charles GUICHEN - Album "Spi" : Spi (Valse). CD J.C. GUICHEN - "SPI"
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pochette SPI

« J’avais envie de faire un album positif, un patchwork joyeux de musiques colorées, qui donne envie d’aller de l’avant. »

Tels sont les intentionnels mots que Jean-Charles GUICHEN confiait, récemment, à Ouest-France, dans le contexte de la publication de son 6ème opus qui vient de paraître sous son nom, nous ne dirons pas, en solo, celui-ci devenant, par ailleurs, toutes configurations artistiques confondues, le 17ème enregistrement et un nouveau jalon ponctuant un fort brillant et créatif itinéraire artistique.

En breton,« Spi », comme « Espoir », c’est le nom donné à ce nouveau, dansant, vivifiant et lumineux CD dont les mélodies sont imprégnées de tradition et de rock !

Dansant ? Il l’est incontestablement, ce programme conçu en 12 titres, puisque 10 d’entre eux, exclusivement composés ou adossés à quelques mesures traditionnelles par le créatif guitar hero breton, reflètent un éventail de danses de toute la Bretagne, en proposant, Valse, Fisel, Cercle, Hanter-dro, Plinn et Kost ar c’hoad.

Seules 2 mélodies échappent à ce fervent et viscéral appel à la danse, épicentre stylistique de ce tonique et généreux musicien qui aime, particulièrement, faire danser, ceci depuis 1986, lors de la création, avec son frère Fred, à l’accordéon diatonique, du légendaire groupe AR RE YAOUANK.

Devenu, assez vite, quintet, avec biniou et bombarde, les énergiques et novateurs musiciens emmenaient les danseurs dans les faubourgs de la transe, redynamisant, rénovant, alors, le fest-noz en captant, notamment, les jeunes… d’où le nom de cette feu et légendaire formation marquante des années 90.

Vous ne dansez pas ? Qu’importe, ce disque est plus qu’à entendre, mais, aussi, à écouter, à ré-écouter, à, toujours, redécouvrir, tant les compositions de Jean-Charles sont riches, variées, travaillées et « paysagées » par de fins arrangements et des sonorités toutes plus efficaces, mais, aussi, plus nuancées, les unes que les autres.

C’est souvent, particulièrement vigoureux, volumineux, déchirant, mais jamais, élaboré à l‘emporte-pièce.

Un riff, une séquence de guitare des plus acérés, sera généralement suivi et adouci, par l’intervention, plus arrondie, de cordes, flûtes ou uileann pipes, sous les vibrations, tour à tour, entêtées ou plus fluides de la guitare acoustique du véloce et subtil guitariste.

Pour parvenir à cette énergique colorimétrie mélodique qui caractérise « Spi », Jean-Charles GUICHEN, à la direction artistique et à la guitare acoustique, s’est entouré de :

- Claire MOCQUARD, au violon,

- Malo CARVOU, à la flûte traversière,

- Neven SEBILLE KERNAUDOUR aux uillean-pipe, bombarde et biniou,

- Olivier CAROLE, à la basse,

- Thomas KERBRAT, à la batterie.

- Sur 4 titres, du bagad costarmoricain, évoluant en 1ère catégorie, SONERIEN BRO DREGER, de Perros-Guirec. La formation était déjà présente pour un même nombre de morceaux appartenant au précédent opus, « Breizh an Ankou - la Bretagne de l’Ankou » (Notre chronique).

- Pour 3 compositions intégrales de Jean-Charles, d’invités prestigieux tels que Dan AR BRAZ ou Norbert KRIEF (co-fondateur de TRUST et, durant 7 ans, guitariste de Johnny HALLYDAY), et pour les programmations de la dernière plage, ALVAN, récente figure de la scène électro, à Rennes.

Nous avions, déjà, écouté et pleinement apprécié, auprès de Jean-Charles, le savoureux violon de Claire MOCQUARD. Elle intervenait sur deux titres du deuxième enregistrement, en solo, titré « Chadenn denel - Chaîne humaine », signé du guitariste trégorrois et paru en 2012 (Voir CD A RETENIR) .

Prolongeant, en quelque sorte, les notes de guitare, la brillante instrumentiste « répondait », même, dans le titre éponyme… au chant, en breton, de Jean-Charles !

Nous l’avions retrouvée, bien plus largement, aux violon et chœurs, sur nombre des titres de « Breizh an Ankou », paru en octobre 2017.

La première collaboration, susnommée, avait emporté ce duo de cordes jusqu’à Tahiti, à l‘occasion d’un festival de guitare, événement musical où Jean-Charles et Fred avaient, déjà, quelques années avant, rencontré, Norbert KRIEF !... qui, touché par l’harmonie, l’osmose, l’énergie du duo accordéon-guitare, proposait, en 2008, aux deux musiciens, d’assurer la première partie de TRUST, au Zénith de Paris. Un authentique triomphe, malgré la distance existante entre les deux styles musicaux !

Au sein de ce présent album « Spi », pour un morceau, vous assisterez à une prodigieuse réaffirmation réciproque, pour ces deux guitaristes hors pair, d’une amicale et talentueuse fusion guitaristique, électrique et électro-acoustique.

Restons dans cette idée de « Tahiti connection », pour parler du bassiste, rencontré, aussi, par Jean-Charles, dans la plus grande île de la Polynésie française.

En effet, Olivier CAROLE, alors, membre du groupe TAYFA, avait enthousiasmé le natif guitariste breton quimpérois, devenu, depuis, pleumeurois.

Jouant dans « Spi », le talentueux bassiste était, déjà, lui aussi, bien présent dans « Breizh an Ankou ».

Une nouvelle empreinte musicale, et pas des moindres, marque, par l’énergique et puissant jeu de Neven SEBILLE KERNAUDOUR aux uillean-pipe, bombarde et biniou, toutes les pièces de ce nouvel opus « Spi ».

Soutenu par l’efficiente rythmique batterie et basse, vous constaterez une véritable et collective approche mélodique et harmonique du trio violon, flûte avec cette typique cornemuse irlandaise à soufflet.

Le titre éponyme « Spi », ouvre magistralement, symphoniquement, celtiquement, le programme. Excepté pour 2 invités, tous les musiciens participant, plus exactement, actant dans ce disque, sont présents au sein de cette brillante première plage. Quelle ampleur… nuancée !

Ce sont de très limpides et chatoyantes notes égrenées de la guitare acoustique de Jean-Charles, prestement rejointes par l’uilleann pipe de Neven SEBILLE KERNAUDOUR qui, précédant une petite césure, introduisent cette panoramique mélodie, où, sur une rythmique basse/batterie, au « pas glissé », flûte traversière, violon, puis binioù et bombardes du bagad SONERIEN BRO DREGER, s’unissent ou s’effacent, pour laisser place à mi-parcours, au son bien reconnaissable de la guitare de Dan AR BRAZ qui entrelace ses spires électriques et celtiques dans les acoustiques vibrations de Jean-Charles.

Ah !, certes, pour un seul titre, comme, sur le précédent opus « Breizh an Ankou », il est bien là, le fabuleux guitariste quimpérois, découvert, adolescent, par, à cet instant, son hôte discographique. C’est, en effet, Dan qui, panachant rock et tradition, a insufflé au jeune Jean-Charles le plaisir de travailler la guitare, tout en découvrant la musique bretonne.

Et puis, pour les deux véloces, énergiques, subtils « Maîtres-pinceurs de cordes », il y a une distincte aventure… STIVELL !

Plus électrique pour Dan, de 1972 à 1977 et acoustique pour Jean-Charles invité à jouer, avec son frère, sur l'excellent album, signé du harper hero et paru en 2000 : « Back to Breizh ». Ils seront, par ailleurs, tous deux, à ses côtés, sur scène, lors de la tournée du même nom, comme au Festival des Vieilles Charrues (Voir DVD ARTE) et DVD Parcours) .

Dans « Spi », le « cohéritier des celtes », considéré, depuis quelques années, par le magazine britannique Melody Maker comme l’un des dix meilleurs guitaristes vivants au monde, nous ravit, une fois nouvelle, de ses sonorités émollientes ou échevelées, teintées des sons du regretté irlandais, Rory GALLAGHER, ou de l’écossais, Mark KNOPFLER, via le londonnien, David GILMOUR. Mais, et c’est ça qui est remarquable, cela demeure, avant tout, du grand Dan AR BRAZ !

Jean-Charles GUICHEN frappe fort, d’entrée de jeu avec, cette magnifique et intégrale composition. Chapeau, l’artiste !… Haut de forme, ça va de soit !

Après « Kosmos », où le trio guitare, Uillean-pipe, flûte traversière, s’épanouit, avec violon, en quatuor, suite à « Noz e Breizh », enjôlé par les langoureuses cordes de Claire MOCQUARD qui « s’entretiennent » avec le chant oiselé de la flûte de Malo CARVOU, pour mieux ponctuer les deux phases de ce Bal fisel, puis, « Stokañ » qui ne concède rien à la mélancolie, voici, en plage 5… « Hollvedel » !

Hollvedel… universel : C’est « l’entrée en disque » de, l’inversion patronymique est, ici, volontaire, « Nono », allias Norbert KRIEF, puisque par notoriété et affection, avant tout, nommé ainsi, par nombre d’artistes et techniciens du son !…

Sur les cinglantes frappes de batterie assénées par Thomas KERBRAT, le morceau démarre vigoureusement par le solo acidulé, vertigineux, « rockailleux » et endiablé que déverse, sur un rythme de gigue, le tonique électro-guitariste.

C’est dans ce même esprit introductif, comme en parfait prolongement, que guitare acoustique, basse, violon flûtes, ravivent, inondées de rock, les couleurs originelles de ce Cercle, intégralement composé, par l’artiste breton. Un léger modérato sonore et le furieux Norbert KRIEF, « reprend la corde », tour à tour, plaintive, distordue, échevelée, délirante, avant que la bombarde de Neven, au son filtré et réverbéré par les circuits de la console, se substitue, pour quelques mesures, à la ligne enflammée de la guitare du fabuleux « Nono ».

Après une dernière reprise des sonorités plus traditionnelles, Norbert électrise, une ultime fois, jusqu’à son terme, cette pièce époustouflante, qu’à haut volume, nous avons écoutée et réécoutée, imaginant la frénésie des danseurs… et l’émotion des auditeurs.

Et dire que la « partie » de Norbert a été réalisée, à distance, par échange de fichiers numériques !

Re-mar-qua-ble ! Jean-Charles, quelle belle et majeure composition !

Avec des tonalités plus exotiques, un mélancolique et prenant dialogue, guitare acoustique et uilleann pipe, introduit, en piste 6, « Kann Loar ».

La métallique basse d’Olivier CAROLE, change le rythme qui soutient une mélodie aux couleurs orientales. Mais s’agissant, avant tout, d’un hanter-dro, le bagad SONERIEN BRO DREGER s’en empare, avec des éclats de bombardes qui n’ont rien à envier à une section de cuivres, laissant, néanmoins, filtrer, une très ronde et savoureuse ligne de basse.

Le bagad, « frappe du pied à plat », c’est « Livioù », avec ses entêtantes reprises partagées sur une persistante ligne d’uilleann pipe, par tous les musiciens.

Nous avons, aussi, beaucoup aimé « Lok » (Bal Plinn), où Jean-Charles, en figure de proue, dialogue, un à un, avec le violon, l’uilleann pipe, la flûte, afin, d’in fine, les unir au cœur un Bal plinn qui s’évanouit dans les dernières mesures.

S’y croisent des sonorités, certes irlandaises, mais, aussi, mexicaines, manouches… « grappelliennes ».

En piste 9, avec sa ligne de percussions, transe plus africaine, voici « Plinn an Rinkin - Plinn du requin ». Ce morceau est-il dédié aux inquiétants squales ou aux musiciens assidus des séances d’enregistrement en studio que l’on nomme, ainsi ?

Pause dans la danse… Une, vraiment, très picturale ballade vous attend, non pas, en « Piano-Voix », mais en « Guitare Uilleann ». Entre landes, roches, récifs et mer, ce merveilleux duo de cordes et vent, « A galon laouen », paysage et poétise un coin de celtie…

Ah le compositeur ! Décidément, quel talent !

Mais prenez-vous, une nouvelle fois, par le bras, car suit le Koast ar c’hoad, « Lamm-Ael » composition de Jean-Charles, adossée à un traditionnel, qui rappellera, sans nul doute, au plus anciens, le mémorable concert d’Alan STIVELL, donné à l’Olympia, le 28 février 1972.

Gravé, en 5ème position de la face B du non-moins mémorable, déterminant et premier « live » vinyle 33tours du harper (1 500 000 exemplaires seront vendus de par le monde), cette partie, confiée, à cette époque, au violoniste René WERNEER, grâce à l’excellence instrumentale de Claire MOCQUARD, rejaillit dans notre cœur.

De son côté, la partie, originellement composée, permet de faire exploser, rayonner, une dernière fois, en un salut final, le Bagad SONERIEN BRO DREGER et tous les musiciens.

Très rythmique, électro par le set confié à ALVAN, « Tan-Flamm » clôt, de facto, ce plus que fort brillant disque.

Intrinsèquement, ce n’est pas le morceau que nous avons préféré.

Le jeu passionné, nerveux, rock, laissant toujours place à de très belles « pastilles mélodiques », appartenant intimement à Jean-Charles GUICHEN, étant, pour cette dernière plage, nettement, supérieurs à l’intérêt musical de certaines séquences de programmations.

Excellemment enregistré et mixé, en 2021, à Plestin-les-Grêves, au studio costarmoricain « Le chausson » (Voir site) par l’orfèvre ingénieur du son, Nicolas ROUVIERE (DENEZ, RED CARDELL, SOLDAT LOUIS, YOUHADENN, Thomas FERSEN, Gérard BLANCHARD…), le CD « Spi » est proposé sous une jaquette aussi colorée que la large palette de teintes musicales qui donnent pleine vie à un programme très dansant, mais, aussi, à écouter et réécouter, très attentivement.

Comme la rosace d’une cathédrale, transpercée par la lumière incidente de l’espoir céleste, qui illuminerait le transept de l’édifice, cette acrylique sur toile 100x100, réalisée par le peintre… Jean-Charles GUICHEN, semble rayonner d’un celtique et contemporain éclat, annonçant, à dessein, l’espoir souhaité par cet artiste complet.

Reprise en première page du livret adjoint au disque et sur l’étiquette du Compact-Disc, cette œuvre n’est qu’un élément d’une petite exposition de 8 autres toiles de différents formats qui jalonnent la petite brochure, en alternance avec des photos de l’artiste au chapeau. L’ensemble des clichés, reproductions et portraits, sont réalisés par le photographe Yannick DERENNES (Voir site) .

Contemporaines, plus figuratives ou abstraites, l’artiste peintre-guitariste accompli, dans les deux rôles, expressif musicien des notes et des couleurs, nous a habitués, au fil de ses opus, à visiter, rencontrer, son art pictural qu’il accroche, périodiquement, dans quelques expositions en ville.

Nous qui promouvons, toujours, faute de vinyles, les Compact-Discs, qui préservent la notion d’homogénéité et complémentarité des titres d’un album, plus que les insipides fichiers numériques, souvent « consommés », à l’unité, également par amour de l’objet, nous mentionnons, très souvent, au fil de nos chroniques, les efforts que font les artistes pour proposer leur travail musical dans de beaux écrins graphiques et photographiques.

C’est le cas, ici.

Une raison de plus, après lecture de ce sincère et enthousiaste papier et l’écoute des extraits musicaux qui l’illustrent, pour vous procurer, avec gourmandise, cet excellent et positif « Spi » !

Grâce à une musique à danser, particulièrement travaillée, Jean-Charles GUICHEN nous offre de superbes mélodies à écouter, avec ses compositions originales et ses créations dans lesquelles l’artiste intègre des airs entendus dans sa jeunesse, lors des festoù-noz, où, notamment, son père l’entraînait.

« Spi »… du grand GUICHEN, pour danseurs et mélomanes !

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : Jean-Charles GUICHEN - Album "Spi" :

Spi (Valse) - Extrait de 00:57.

Le site Internet de Jean-Charles GUICHEN : (Voir site)

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site)

Les titres du CD "Spi" de Jean-Charles GUICHEN :

01 - Spi - Jean-Charles GUICHEN invite Dan AR BRAZ (Valse) - 06:00.

02 - Kosmos - (Fisel) - 04:35.

03 - Noz e Breizh (Bal fisel) - 02:12.

04 - Stokañ - (Fisel) - 04:39.

05 - Hollvedel - Jean-Charles GUICHEN invite Norbert KRIEF (Cercle) - 06:26.

06 - Kann Loar (Hanter-dro) - 05:56.

07 - Livioù - ( Plinn) - 04:52.

08 - Lok - (Bal Plinn) - 04:32.

09 - Plinn an Rinkin (Plinn) - 04:58.

10 - A Galon Laouen - 05:50.

11 - Lamm-Ael - (Kost ar c'hoad) - 05:53.

12 - Tan-Flamm - Jean-Charles GUICHEN invite ALVAN - 04:34.

Total : 60 minutes.

CD "Spi"- Jean-Charles GUICHEN

Parution : 6 mai 2022.

Distribué par COOP BREIZH - (Voir site)

Réf : 4016467

© Culture et Celtie

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