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- Communiqué de presse -
Le breton n'est pas une langue étrangère en Bretagne!
Le député du Finistère Christian Ménard a rapporté au ministre de l'Éducation nationale l'inquiétude des enseignants des filières bilingues au sujet des nouveaux programmes de langue « régionale ». M. Xavier Darcos, dans sa réponse, justifie la mise au niveau A2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues des objectifs de l'école élémentaire
Par pour UGB le 10/12/07 13:45

Le député du Finistère Christian Ménard a rapporté au ministre de l'Éducation nationale l'inquiétude des enseignants des filières bilingues au sujet des nouveaux programmes de langue « régionale » . Monsieur Xavier Darcos dans sa réponse justifie la mise au niveau A2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues des objectifs de l'école élémentaire.

Les langues régionales bénéficient déjà d'une dérogation

Selon monsieur Darcos : « En fixant le niveau A2 (intermédiaire ou usuel) comme objectif pour les sections bilingues à la fin de l'école primaire, la spécificité de ces sections est bien prise en compte et constitue déjà une dérogation par rapport à ce cadre général. »

Une dérogation... Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que le cadre général d'enseignement des langues en France prévoit un enseignement d'1 h 30 par semaine durant quatre ans, là où l'enseignement bilingue se fait durant la moitié du temps scolaire durant toute la scolarité de l'école maternelle à l'école primaire, et que donc la moitié des enseignements reçus par un élève de fin de CM2 se sont faits en langue bretonne dans les filières bilingues breton-français ? Sans parler des écoles Diwan.

Nous rappelons que le niveau A2 ne permet pas le suivi d'un enseignement de cycle 3 tant au niveau :

- de la compréhension orale : « Je peux comprendre des expressions et un vocabulaire très fréquent relatif à ce qui me concerne de très près » ;

- de la compréhension écrite : « Je peux lire des textes courts et très simples » .

Difficile de motiver des élèves et de les ouvrir sur le monde dans un tel contexte...

- de la production écrite : « Je peux écrire des notes et messages simples et courts » .

Ces élèves devront-ils suivre la moitié de leur enseignement de production d'écrit avec de telles frustrations ?...

- de l'expression orale : « Je peux utiliser une série de phrases ou d'expressions pour décrire en termes simples ma famille et d'autres gens, mes conditions de vie,... »

- de la conversation : « Je peux avoir des échanges très brefs même si en règle générale je ne comprends pas assez pour poursuivre une conversation. »

Je vous laisse imaginer la richesse des débats en classe...

Un travail d'approfondissement possible

Selon M. Darcos : « Pour autant, les objectifs fixés n'excluent pas un travail d'approfondissement de certaines compétences avec les classes dont le niveau des élèves le permet. »

Certes, mais les enseignants seront formés en fonction de ces objectifs, les évaluations globales seront basées sur ces objectifs, les inspections des enseignants seront basées sur ces objectifs, les manuels scolaires seront adaptés à ces objectifs, la recherche pédagogique sera adaptée à ces objectifs...

Un niveau qui pourrait être dissuasif pour certains élèves

Selon monsieur Darcos : « Par ailleurs l'exigence d'un niveau supérieur à A2 en fin d'école primaire pour les sections bilingues conduirait à fixer un niveau C au baccalauréat pour les élèves poursuivant dans ces sections, niveau qui pourrait être dissuasif pour certains élèves. »

Imaginez que l'on fasse la même chose pour d'autres matières ou pour la maîtrise de la langue française. Cet argument n'a aucun fondement pédagogique. Qu'est-ce qui est dissuasif ? L'opportunité de pouvoir passer les épreuves de son baccalauréat dans les mêmes conditions que ses camarades monolingues, ou de suivre 15 ans de sa scolarité dans une langue que l'on ne maîtrise que partiellement ?

Mais cet argument soulève une autre question, l'enseignement en breton doit-il à tout prix se conformer à un cadre qui a été créé pour accompagner l'enseignement des langues étrangères ? Ne devrait-il pas s'inspirer de celui qui encadre la maîtrise de la langue française si ces deux langues sont utilisées dans les mêmes situations de classe ?

La réponse à ces deux questions dépend des ambitions que l'État français a à l'égard des autres langues de France. Veut-il accompagner la langue bretonne dans une fin de vie permettant de garder la face devant ces citoyens et la communauté internationale ? Ou veut-il lui permettre de vivre et d'exister dans le cadre d'une diversité culturelle reconnue nécessaire par tous ?

L'UGB, Union des Enseignants de Breton, appelle tous ceux qui se sentent concernés par de tels enjeux à rejoindre les plus de 1000 personnes qui ont déjà signé la pétition pour le refus de ces nouveaux programmes sur : (voir le site)

Pour exiger de concert que les services de l'État retirent ces programmes le plus rapidement possible et élaborent deux nouveaux textes :

- Le premier redonnera leur statut aux langues minorisées dans les programmes communs (heures d'enseignement et programmes) ;

- Le deuxième mettra en place des programmes pour l'enseignement du breton dans les filières bilingues, avec comme objectif le bilinguisme des élèves à la fin de l'école primaire.

La lettre de Xavier Darcos :

Document PDF . Source :
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