"La ville durable ? Les projets ne manquent pas mais la volonté politique ne suit pas ! "
Dans le cadre des Rencontres des architectes de Bretagne, le 25 avril, de 9 h à 16 h, auditorium de la Maison des associations, Cours des Alliés à Rennes.
Smart city, ville numérique, green city, connected city, éco-cité, ville durable…
Les termes pour désigner la ville intelligente sont nombreux.
Comment s’y retrouver ?
Quelles sont les caractéristiques d’une ville intelligente et durable ?
Quels enjeux sont ici en cause ?
Et quel rôle les architectes peuvent-ils y jouer, forts de leurs compétences ?
Autant de questions qui seront débattues le 25 avril prochain avec une conférence introductive de Christian Devillers architecte-urbaniste, suivie d’une table-ronde.
"La ville intelligente : entre gouvernance participative et gestion éclairée ?"
Alors que l’Organisation des Nations Unies annonce que deux personnes sur trois vivront en ville en 2030 et que les crises économiques et environnementales touchent de plein fouet les territoires urbains, le traitement efficace des problèmes d’urbanisation est devenu indéniablement une priorité mondiale.
En effet, la concentration de plus en plus forte d’individus en ville est à l’origine d’opportunités inédites mais, également, de nouvelles difficultés dans la gestion urbaine…
« Il n’y a pas de ville intelligente qui ne soit aussi une ville durable. C’est pourquoi je parlerai plus volontiers de la ville non-carbone ou qui produit le moins d’effets de serre et qui lutte contre le dérèglement climatique.
Tel est l’enjeu majeur et l’intelligence en est assurément une réponse » positionne d’emblée Christian Devillers.
Dans ce contexte, la ville intelligente cherche à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens.
« Tous ces éléments sont au programme depuis le début de cette réflexion sur la ville durable. Ces trois piliers sont évidemment importants. Cela dit, ils peuvent aussi dire n’importe quoi ! Il faut être très attentif à ce que l’on met réellement derrière tous ces mots qui fleurissent et qui très souvent ne sont pas suivis d’effets ! » avertit encore l’architecte-urbaniste.
Ainsi on évoque volontiers six critères pour définir la ville intelligente. Un cahier des charges trop ambitieux au moment de définir encore et toujours la ville de demain ?
« Tout cela ne veut rien dire sans un contenu réel !
On communique beaucoup dessus, c’est certain, tout comme il est indéniable que les politiques se sont emparés de ces questions. Pour autant, au moment de mettre en oeuvre des projets sur le terrain, c’est très difficile. Les actes ne suivent pas toujours les paroles… sans même dire qu’il faut compter avec des obstacles administratifs ou venant de la société et de l’économie ! Dès lors la volonté politique ne suit pas ! »
La ville intelligente : l’architecte, moteur de progrès indéniable !
Aujourd’hui le champ des disciplines concourant au projet urbain de ville durable et intelligente s’est considérablement élargi et il n’est pas rare de voir intervenir 10 ou 15 bureaux d’études, autant de consultants différents dans des domaines très pointus.
« Il y a une quinzaine d’années, toutes ces questions de ville durable et intelligente, se réduisaient essentiellement à un dialogue à trois entre architecte, urbaniste et spécialiste du domaine de la mise en forme urbaine. Or, en 2017, les bureaux d’études HQE par exemple n’ont plus beaucoup d’intérêt : on préfère faire appel à des spécialistes dans chacune de ces disciplines ».
Biodiversité, biotopes, disciplines liées à la mobilité, bilan carbone… De fait, ces dernières années, l’urbanisme s’est considérablement enrichi de disciplines nouvelles mais qui sont en règle générale coordonnées par un architecte-urbaniste.
De quoi comprendre que ce dernier reste la tête pensante et l’organisateur incontournable ?
« Lancer les idées, mobiliser l’énergie des élus, des spécialistes, des bureaux d’études, des consultants… Au regard de ce qui se fait réellement sur le terrain en matière d’architecture et d’urbanisme, je défends l’idée que les architectes-urbanistes sont en première ligne. C’est largement eux qui sont moteur de progrès dans ces domaines tout simplement parce qu’ils sont apporteurs d’idées ! »
Contact : Sophie Keranguyader
direction [at] ordrearchitectesbretagne.org