La ville de Quimper approuve le prénom breton Fañch (modifié le 17/05/2017)
La mairie de Quimper autorise le prénom Fañch. Elle justifie sa position par l’article 75-1 de la Constitution de la République française qui proclame que les langues régionales sont reconnues comme appartenant au patrimoine de la France, et sur l’article 57 alinéa 2 du Code civil
Par Philippe Argouarch pour ABP le 16/05/17 12:19
Dans un communiqué envoyé à la presse lundi 15 mai à 17 heures, la mairie de Quimper déclare que "La ville de Quimper a décidé de répondre favorablement à la demande de Lydia et Jean-Christophe Bernard". Lydia et Jean-Christophe Bernard souhaitaient que leur enfant, né jeudi dernier à 3 heures du matin au centre hospitalier Laënnec, se prénomme Fañch, avec un tilde et ceci en dépit d’une circulaire en date du 23 juillet 2014 émanant du ministère de la Justice (Christine Taubira, Garde des Sceaux), faisant obstacle à l’emploi du tilde. "Chacun sait ici que cet accent est indissociable de ce prénom breton", a déclaré la mairie. L'hôpital de Quimper avait refusé ce prénom. S'en est suivi un buzz internet, en particulier sur les réseaux sociaux et dans le milieu des associations culturelles bretonnes. Une pétition fut lancée.
La mairie a pris la décision d'outrepasser la circulaire. Elle justifie sa position par l’article 75-1 de la Constitution de la République française qui proclame que les langues régionales sont reconnues comme appartenant au patrimoine de la France, et sur l’article 57 alinéa 2 du Code civil, issu de la loi du 8 janvier 1993, qui consacre le principe de libre choix du prénom par les parents. Dans le même esprit, le communiqué de la mairie rappelle "que la Cour européenne des Droits de l’Homme affirme que le choix du prénom revêt pour les parents un caractère intime et affectif et entre par conséquent dans la sphère de la vie privée".
Le combat pour les prénoms bretons a commencé en janvier 1955 ( voir notre article ) et n'est pas complètement terminé. La France n'a pas ratifié la convention n°14 de la Commission Internationale de l’État Civil (CIEC) relative à l'indication des nom et prénoms dans les registres de l'état civil qui reconnaît les signes diacritiques étrangers.
"Lorsqu'un acte doit être dressé dans un registre de l'état civil par une autorité d'un Etat contractant et qu'est présenté à cette fin une copie ou un extrait d'un acte de l'état civil ou un autre document établissant les noms et prénoms écrits dans les mêmes caractères que ceux de la langue en laquelle l'acte doit être dressé, ces noms et prénoms seront reproduits littéralement, sans modification ni traduction. Les signes diacritiques que comportent ces noms et prénoms seront également reproduits, même si ces signes n'existent pas dans la langue en laquelle l'acte doit être dressé.__Article 2 de la la convention n°14 de la Commission Internationale de l'État Civil (Berne 1973)"
La France ne reconnaît que les voyelles et consonnes accompagnées d’un signe diacritique connu de la langue française : à - â - ä- é - è - ê - ë - ï - î - ô -ö - ù - û - ü- ÿ-ç. Le tilde est effectivement absent de la langue française.
Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Magnifique décision! "Le Télégramme" daté du lundi 15 mai 2017, édition de Carhaix, signalait le fait en page de Une, immédiatement à côté du titre principal consacré à Emmanuel Macron: "Dans le vif du sujet", libellé relatif bien évidemment à l’investiture du pouvoir. Le Télégramme a eu raison d’effectuer un rapprochement aussi saisissant. D'un côté, le monde de demain: un système politico-social en voie de rénovation (enfin!), de l'autre une (ultime?) escarmouche administrative et d’arrière-garde contre la langue bretonne. On ne saurait mieux illustrer le grand écart ainsi démontré entre deux facteurs de la vie de ce pays. D’une part, une administration qu’il faut bien ici qualifier de tortionnaire, retranchée derrière une Circulaire ministérielle datée du 23 juillet 2014 (on notera la date tout-à-fait récente) et signée du garde des Sceaux, nous dit Le Télégramme (on se demande encore comment un simple Garde des Sceaux peut s’arroger pareil pouvoir…). D’autre part, les aspirations de la population, déterminée à ouvrir les portes du futur, à inscrire la floraison de la vie dans le temps long et séculaire de la civilisation, portée par la volonté de se réapproprier la langue bretonne, véritable bijou indo-européen, et coeur de son coeur. La contradiction entre tout ce dont le nouveau président Macron se veut porteur et annonciateur, et cette minable et machiavélique décision bureaucratique ne pouvait que paraître insupportable, indéfendable, et bien mal augurer des débuts du quinquennat, lequel doit encore valider (nous verrons jusqu’à quel point) l’élection présidentielle lors des toutes prochaines législatives. En prenant la bonne décision, la ville de Quimper/Kemper, évite un scandale dont les éclaboussures médiatiques auraient pu avoir un résultat absolument imprévisible. Et cela au niveau national. L’égalité, la fraternité, la liberté, cela commence aussi et d’abord par le respect et les conditions du nouveau développement de la langue bretonne. Sans cela, sans sa mise en œuvre concrète, la devise « républicaine » n’est qu’un slogan fané. Et un mensonge honni. Gwir Vretoned, poent eo deomp diwall tenzor ar bugale: ar yezh, ar peoc'h hag ar frankiz. Evel m’eo skrivet en ur ganaouenn vrudet ! Trugarez d’an holl gerent galonek ha d’an holl re m’eo bet lakaet posubl an diskoulm-se drezhe.