L'ancien ministre de la Culture, ancien président du centre Pompidou, Jean-Jacques Aillagon, Breton de coeur installé dans les Côtes-d'Armor, animait ce vendredi 3 février dernier au Pavillon de Penvillers à Quimper, des rencontres Entreprises et Culture lancées par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Quimper (CCI).
Cette première édition, animée avec entrain par Lionel Buannic, a rassemblé environ 200 chefs d'entreprises et acteurs du monde culturel. A noter que la première intervention d'Aillagon fut pour prendre la défense de la langue bretonne. Mosellan locuteur du francique (sa langue maternelle), Aillagon soutient la ratification de la charte des langues minoritaires et la modification de l'article 2 de la constitution.
L'initiative de faire valoir les avantages d'une symbiose de la culture et le l'entreprise revient à l'Institut Culturel de Bretagne. La section "culture et entreprise" de l'ICB fut créée en 2001 à l'initiative de Bernard Gestin alors directeur de l'Institut et du président Yvonig Gicquel, ancien directeur de la CCI du Morbihan. D'après Bernard Gestin, "Cette section a connu un vif succès et comptait même parmi ses membres Yves-Thibaut de Silguy, DG du groupe Vinci, Jean-Jacques Hénaff ou bien encore Christian Guillemot, du groupe Ubisoft, un des leaders mondiaux des jeux électroniques." L'ICB a aussi organisé durant trois années consécutives, avec le partenariat des PME-PMI du Morbihan et du Finistère les semaines «Économie et culture en Bretagne» . Produit en Bretagne est aussi champion de la symbiose entre Culture et Entreprise et l'Institut de Locarn a posé cette synergie culture-entreprise dans ses fondations.
On regrettera qu'aucun de ces antécédents ne fut cité dans l'introduction de Jean-François Garrec, président de la CCI de Quimper. Dans l'introduction, les territoires présentés furent la France et la Cornouaille. La Bretagne fut un peu oubliée en tant que territoire, n'apparaissant que pour dire que le Festival de Cornouaille était le plus important festival breton (se limitant à la culture bretonne). Néanmoins Jean-Michel Le Boulanger, vice-président de la région Bretagne à la Culture, a pu par sa présence, redonner la dimension bretonne à l'événement (voir la video).
Des exemples concrets furent présentés et discutés par les protagonistes eux-mêmes. Il s'agissait de Brittany Ferries et du Musée départemental breton, de Finistère Assurances, du Bagad Kemper, de la Brasserie Britt (Brasserie de Bretagne) et de Z Productions.
En ce qui concerne la théorie et le pourquoi au-delà du mécénat, des images de marques et des intérêts mutuels entre la culture et l'entreprise, Garlonn Bertholom de l'ESC de Brest a cité les recherches de Richard Florida sur la "classe créative". La classe créative comprendrait des ingénieurs, des scientifiques, des universitaires, des architectes, des artistes et des innovateurs. Cette classe d'acteurs peut déclencher un boom économique quand elle atteint une masse critique, d'après Florida. Le culturel serait un catalyseur essentiel.
D'après Florida, « la caractéristique de la classe créative est que ses membres s'engagent dans des travaux pour créer des formes ou des procédés nouveaux. La diaspora bretonne en est certainement une composante comme le bouillonnement culturel breton.
Philippe Argouarch