La Poste : une entreprise à la pointe….de la discrimination
M. Yves Amiard – directeur du courrier à la Poste pour l'Ouest Bretagne – nous apprend que La Poste a acquis un système de lecture optique qui appréhende mal les apostrophes. Toutes les apostrophes ? Non uniquement quand elles sont bretonnes. Le système choisi par La Poste serait ainsi capable de distinguer une apostrophe française d'une apostrophe bretonne, de lire le L', le D' et le C' apostrophe quand il est français mais serait incapable de lire le C' quand il est breton ?
Ainsi La Poste signifie-t-elle aux Bretons dont le nom de rue comporte une apostrophe (à condition qu'elle soit bretonne) que leur accès au service public subirait un traitement inégalitaire et discriminatoire.
Mais le management de La Poste va plus loin puisqu'il invite à ne plus donner de nom breton aux rues (avec ou sans apostrophe) mais à privilégier les noms français. Cet appel grossier à la discrimination va même à l'encontre de l'article 75-1 de la Constitution française qui précise que « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » .
Les élus bretons doivent être plus volontaristes
En tout état de cause ce n'est pas aux usagers de s'adapter aux prétendues options informatiques de La Poste mais bien l'inverse.
Le Parti Breton appelle l'ensemble des élus à ne pas se plier à ce diktat.
Le Parti Breton rappelle que tout député, sénateur ou parlementaire européen peut saisir la HALDE (Haute Autorité de Lutte Contre Les Discriminations et pour l'Égalité). Si le Parti Breton était à ces responsabilités, il ne manquerait pas de porter le débat devant les différentes instances et notamment européennes.
Le Parti Breton souligne enfin que la France demeure le seul pays avec la Grèce à n'avoir pas ratifié la Charte Européenne des Langues Minoritaires ; la France s'avère donc incapable d'intégrer dans sa législation un cadre permettant le développement des dites langues. Il demeure pour les Bretons de nombreux droits à conquérir, depuis longtemps mis en place chez nos voisins européens.
La Poste peut-elle être un opérateur européen ?
En effet le courrier d'un poids supérieur 50 g est soumis à la concurrence depuis le 1er janvier 2006 et n'apparaît pas concerné par les souhaits de francisation émis par La Poste puisque les autres opérateurs, certes moins importants, semblent être en mesure de gérer la diversité linguistique. Le courrier de moins de 50 g sera, lui, ouvert à la concurrence à partir du 1er janvier 2011 et verra émerger des acteurs plus significatifs en Bretagne. Or l'incapacité à gérer la diversité linguistique nous rend dubitatifs quant à la capacité de La Poste à mener sa stratégie annoncée d'internationalisation et de service public.
Dans ce contexte de mise en concurrence, la Poste compte-t-elle accentuer son actuelle entreprise de francisation ou devenir un véritable opérateur européen ?
Les Bretons doivent pouvoir avoir accès à un service efficace et respectueux de leur identité. Il convient donc aux collectivités de préparer cette mise en concurrence de la Poste en créant les conditions d'implantation d'opérateurs à même de remplir des réelles missions de service public - y compris le respect de la diversité linguistique - et de proximité auquel le Parti Breton est attaché.
Le Parti Breton souhaite donc qu'un véritable débat s'engage sur la réforme des services postaux. Débat qui doit aboutir à rendre un meilleur service aux Bretons et qui doit se situer résolument dans une vision européenne.
Pour le Parti Breton, le président, Gérard Olliéric.