La non-exception costarmoricaine : Charles Josselin et Claudy Lebreton en correctionnelle.
Jacques Chirac, Charles Josselin, Claudy Lebreton et Alain Gouriou ont en commun d'avoir été des élus. Ils partagent désormais une autre distinction : celle d'être mis en examen.
Les trois élus des Côtes-d'Armor, poursuivis pour abus de confiance ou prise illégale d'intérêts sont appelés à comparution le 17 janvier prochain devant la 11e chambre du Tribunal correctionnel de Paris.
Le département des Côtes-d'Armor n'est pas très fortuné, mais sans doute est-il suffisamment riche pour que des fonds publics soient dissipés au profit de quelques-uns.
La Chambre régionale de la Cour des Comptes a relevé que des logements de fonction avaient été mis à disposition des deux présidents successifs alors qu'ils percevaient des indemnités pour couvrir les frais liés à leur fonction [PDF1]. L'opulence du département permettait la plus grande largesse à l'endroit de ses élus. Quand on aime le socialisme, on ne compte pas, sauf pour les plus démunis qu'on refile aux restos du cœur.
En sus du logement, le département a pris à sa charge le règlement des factures d'eau, d'électricité et de chauffage. Des achats de mobilier et d'objets domestiques à usage personnel ont également été relevés.
La Cour note que les avantages supplémentaires liés au logement des présidents ont représenté en moyenne 60 245 Francs, par an, soit 180 735 Francs pour le logement de M. Josselin sur la période 1994 à 1997 et 23 310 Francs pour le logement de M. Lebreton.
Dix-neuf véhicules étaient à la libre disposition des élus, présidents et vice-présidents, non seulement la journée, mais aussi le soir et le week-end, sans aucun contrôle de leur utilisation. La Cour a relevé que de nombreux déplacements étaient effectués en dehors du département, sans qu'un mandat spécial ne soit accordé par l'assemblée délibérante, comme le prévoit la réglementation en vigueur. La Cour note que de très nombreux déplacements avaient lieu le week-end et pendant les périodes de congés d'été ou de fin d'années dans le Sud de la France. Les Briochins prennent le bus pour aller travailler afin de pouvoir payer leurs impôts locaux qui sont dépensés dans des défilés de Laguna et autre Safrane à Antibes….
Je ne m'attarde pas sur la gestion opaque des marchés publics, les surprenantes subventions versées à certaines associations….(voir article 2.2 de la cour des comptes)
Étrangement, la justice de proximité a fait défaut. Le parquet a ouvert une instruction en 2001 mais il faudra attendre 2004 pour qu'elle ne débute vraiment.
J'ignore si c'est la proximité du socialisme avec le collectivisme qui apparente nos élus aux apparatchiks soviétiques, mais ce dont je suis certain, c'est que la démocratie est malmenée. Quand la politique devient une activité interlope, elle ne fait pas que couvrir ses auteurs d'indignité, elle ruine les espoirs et les espérances des citoyens.
Voltaire devait avoir raison quand il écrivait que « la politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l'esprit humain » .
Certains vont se réfugier dans le commentaire du café du commerce et dire qu'ils sont tous comme ça, que rien n'est possible.
Ces abus dans un département montrent bien que la régionalisation serait insuffisante et qu'elle pourrait générer des comportements identiques.
Il faut que le cours de la politique soit déterminé par les citoyens qui s'expriment sur des sujets concrets. C'est l'essence même de la démocratie directe.
Il n'existe qu'un seul type d'organisation politique qui donne au citoyen voix au chapitre et qui réduit la parole du politique : le fédéralisme.
Quand les décisions politiques sont prises au plus près des citoyens, et le plus souvent par eux, les fautes sont plus apparentes et les responsabilités plus faciles à déterminer.
Le fédéralisme rend les erreurs des politiciens immédiatement visibles.
Véritable rempart contre tous les excès, le fédéralisme est une grammaire politique.
Le 24 novembre 2007
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne