Dans un communiqué précédent, nous avions fait part de notre étonnement de constater tant de débats et d'émotions sur une possible insertion dans la Constitution de l'appartenance des langues régionales au patrimoine de la Nation. ( voir notre article )
Voilà un coup médiatique de nos représentants qui a bien fonctionné. On ignore la motivation réelle du coup :
- Mesure de diversion face aux problèmes de plus en plus inquiétants qui dépassent le champ d'action d'un État et menacent sa propre existence.
- Tentative de séduction d'un électorat…
Les deux chambres sont dominées par la même majorité.
Les députés et sénateurs de la majorité communiquent et s'entendent, au moins sur l'essentiel. Ils n'ont d'ailleurs pas d'autre choix car leur investiture dépend de cette obéissance aveugle au diktat du parti. Sans cette précieuse investiture, ils ne seraient pas élus.
Qui pourrait penser que les députés de la majorité ignorent l'opinion de leurs amis sénateurs ?
Face à un environnement européen qui favorise l'émancipation des minorités – les « autonomias » en Espagne ou la dévolution en Grande-Bretagne – le jacobin se sent de plus en plus à l'étroit.
Comment pourrait-il en être autrement quand le jacobinisme n'est qu'une synthèse ratée entre la philosophie des Lumières, les loges maçonniques, la morale et la fameuse « vertu » catholique ?
Un député lance une idée séduisante tout en sachant qu'elle ne saurait prospérer, comme on lance un os aux chiens pour les occuper.
Le Sénat veille et il le sait. C'est en ce sens qu'il y a manifestement complicité.
Si le Sénat venait à vaciller, certains pouvant avoir des « senior moments » , le Conseil Constitutionnel se ferait un plaisir de s'opposer.
Tout est pour le mieux.
Les députés diront en chœur que c'est la faute du Sénat.
Pendant ce temps, les Bretons hurlent et sursautent, mais le prix du baril de pétrole continue de grimper, l'État encaisse de moins en moins de TVA parce que la consommation intérieure s'écroule… Des engagements de l'État ne seront pas tenus.
Ne nous laissons pas détourner du réel par des subterfuges et des stratagèmes malsains. Tout ça n'est que duperie, et pas autre chose.
Être Breton, aujourd'hui, c'est sans doute lutter contre cette cléricature publique qui prétendait nous montrer la direction à suivre. On sait ce qu'il en est.
Il s'agit bien de faire surgir une société bretonne de délibération dans laquelle la démocratie véritable pourra s'épanouir.
L'enjeu est important. On ne pourra relever les nouveaux défis, qui se présentent à nous, que par davantage de démocratie.
La préservation de la planète comme une baisse probable du pouvoir d'achat demanderont des efforts qui devront être justement et démocratiquement répartis.
Laisser libre cours aux fantaisies des députés godillots comme aux corporations qui revendiquent un carburant moins cher revient à abdiquer face à la loi des medias ou des plus bruyants.
Prenons garde à cet amalgame déroutant qui consiste à faire croire que celui qui défile pour l'hôpital de Carhaix ou pour le carburant des marins du Guilvinec s'agite en tant que Breton.
Les uns et les autres manifestent pour leur intérêt personnel.
Être Breton, quand il s'agit de manifester, c'est manifester pour l'intérêt commun de la Bretagne. L'intérêt général de la Bretagne ne saurait se laisser parcelliser à des fins particulières.
Ils en détruisent l'âme et la raison d'être.
Et il ne saurait dépendre des convulsions de circonstance.
Le 21 juin 2008
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne