Quelques élu(e)s socialistes maires de grandes agglomérations ont exprimé leur souhait de fondre dans une même région l’actuelle Bretagne à 4 départements et la région Pays de Loire. Ils se
Quelques élu(e)s socialistes maires de grandes agglomérations ont exprimé leur souhait de fondre dans une même région l'actuelle Bretagne à 4 départements et la région Pays de Loire. Ils se déclarent ainsi favorables à la disparition de la Bretagne en tant que projet politique. Les arguments avancés par ces derniers omettent un certain nombre de réalités : Les Bretons sont très attachés à l'existence de la Bretagne en tant que collectivité, comme le prouvent de nombreux sondages (par exemple, le dernier en date réalisé du 24 février au 3 mars dernier par LH2,). C'est une erreur de penser que la puissance d'une région ou son efficacité soit liée à la taille géographique ou l'importance de sa population. En s'intéressant au fonctionnement d'autres pays européens : le Royaume-Uni, l'Espagne ou l'Allemagne, on remarque que dans un monde globalisé un redécoupage pertinent doit prendre en compte 3 critères : • L'identité du territoire qui est facteur de solidarité, de développement économique, de vouloir « vivre et construire ensemble », dans un esprit de tolérance et de respect des différences. • La capacité d'identification de ce territoire au niveau international, son attractivité, son image. • Un pouvoir politique réel (pouvoir réglementaire voire législatif dans certains domaines) doté d'un budget semblable aux autres régions européennes (le budget du Pays de Galles ou de la Saxe est 20 fois supérieur à celui d'une région française). Enfin, la disparition de la Bretagne serait contraire aux valeurs défendues par l'Union Européenne, tels que les droits des minorités et le respect de la diversité culturelle et linguistique. Comme l'a rappelé, en 2014, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe : « les Etats membres doivent respecter les territoires historiques des minorités nationales ». La Bretagne par son histoire, sa réalité d'aujourd'hui n'est pas un simple découpage administratif que l'on pourrait rayer de la carte en niant le sentiment d'appartenance de sa population. La Loire Atlantique doit retrouver sa région d'origine pour former une entité cohérente comme le souhaite la majorité de ses habitants et de ceux du reste de la Bretagne. La Bretagne est une « communauté de destin »qui a toujours été ouverte sur le monde comme son histoire l'a montré. De plus, cette prise de position est pour le moins surprenante. Hier ces mêmes élus refusaient la réunification de la Bretagne au motif qu'elle éloignerait la Bretagne occidentale des centres de décisions politiques et économiques. Aujourd'hui ils prônent la création d'un grand ouest qui accentuerait cet éloignement. Seule la création d'une assemblée de Bretagne renforcera l'efficacité de l'action publique et sa cohérence. Acteurs politiques, économiques et associatifs, mobilisons-nous pour l'avenir de la Bretagne.
Yannig MENGUY Conseiller municipal de gauche de Pluguffan
Commentaires (1)
Nous avons été tellement bien conditionnés par six siècles de domination française que nous avons du mal à voir la réalité, à savoir que nous sommes un pays vaincu, phagocyté par un plus grand. On nous a doré la pilule: "la France, fille aînée de l'Eglise, pays des droits de l'homme, etc..., etc...". Il reste que l'impérialisme, qu'il soit habillé à la russe ou à la française, c'est au fond exactement la même chose.
Les dirigeants français savent fort bien que la France n'a pas encore réussi à "digérer" complètement la Bretagne, que le sentiment national breton perdure, même si, à l'oeil superficiel il paraît atténué. Ils espèrent encore arriver à le faire disparaître. Il n'y a pas d'autre explication au refus de réunifier la Bretagne. Il faut qu'elle soit faible, que les Bretons soient persuadés qu'ils ont besoin de la France.
Mais les Bretons voyagent de plus en plus, se réapproprient leur histoire, s'informent. Ils voient que des pays comparables comme l'Ecosse, la Catalogne s'acheminent résolument vers l'indépendance. Le conditionnement qu'ils ont subi fonctionne de moins en moins bien.
Des gens raisonnables prendraient acte de cette situation, pas les Français ! Un observateur américain a dit: "Les Anglais s'agenouillent devant les faits, les Français les ignorent" ! Ce qu'il disait au dix-neuvième siècle reste aussi vrai au vingt-et-unième. Malheureusement, ce refus du réel coûte cher. Qu'on se souvienne seulement de l'immense gâchis humain qui a résulté du refus de voir la réalité algérienne et de l'indépendance bâclée à laquelle ce refus a abouti alors que si on avait écouté à temps des gens comme Albert Camus, pour ne citer qu'un des plus illustres, cette indépendance aurait pu intervenir par étapes et dans l'amitié.
Mais voilà, il aurait fallu pour accepter l'idée de cette indépendance, pour reconnaître cette réalité d'un peuple distinct, il aurait fallu une maturité démocratique que les Français n'ont pas.