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- Dépêche -
L'UDB au procès du racisme et de l'incitation à la haine à Quimper

Ce lundi 24 juin 2013 se tenait devant la chambre correctionnelle du TGI de Quimper, le procès de M. Boris Le Lay pour son site d'extrême-droite "Breiz Atao"

Philippe Argouarch pour UDB le 30/06/13 15:56

Ce lundi 24 juin 2013 se tenait devant la chambre correctionnelle du TGI de Quimper, le procès de M. Boris Le Lay pour son site d'extrême-droite "Breiz Atao" et les propos qui y sont tenus. Étaient présentes trois victimes, en tant que personnes physiques : Yannick Martin, Mona Bras et Bernard Poignant ; auxquelles ajouter les associations qui s'étaient portées parties civiles en tant que personnes morales : BAS (Bodadeg ar sonerion), la LICRA (La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), la LDH (Ligue des droits de l'homme) et le BNVEA (Le Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme).

Dans un premier temps, le juge donnait lecture des motifs ayant déclenché la procédure, à savoir : la victoire du sonneur noir Yannick Martin -du bagad de Quimper- au concours des sonneurs bretons à Gourin en 2011, victoire qui lui a aussitôt valu des insultes racistes sur le site Breiz Atao ; puis la plainte de Yannick Martin contre ce site. Ensuite, le soutien apporté par Mona Bras à Yannick Martin et la dénonciation de ce site d'extrême droite, en tant que porte-parole de l'UDB, parti régionaliste breton de gauche et écologiste. Ce soutien valait à Mona Bras, par ailleurs conseillère régionale et adjointe au maire, des "menaces de violences volontaires avec préméditation". Enfin, Bernard Poignant, maire de Quimper qui lui était victime d'insultes et de calomnies inacceptables. Ces trois plaintes aboutissait après deux années d'enquête et d'instruction, à ce procès du 24 juin 2013.

Boris Le Lay boude son procès,

Le juge constatait et regrettait l'absence du prévenu Boris Le Lay ainsi que celle de son avocat, de Toulouse, qui avait demandé le report du procès. Ce qui a été refusé par le Tribunal au regard des délais donnés tant au prévenu qu'aux témoins et victimes, délais suffisants à ceux-ci et à leurs avocats pour s'organiser. Une enquête de plus de six mois menée par les services de police a permis d'établir d'une manière irréfutable qu'il était bien le créateur et l'animateur du site "breiz Atao" domicilié à Houston au Texas, qu'il était l'auteur des textes anonymes signés "merour", ainsi que le créateur d'un site antisémite : "le projet juif.org".

mais n'est pas avare de commentaires...

Car dès le lendemain du procès il met en ligne sur son site, une auto-interview de 25 minutes et un communiqué dans lesquels, fidèle à lui-même et à sa logique il se compare aux blogueurs dissidents de la Chine communiste et explique qu'il est victime d'un "procès politique mené par des magistrats d'opportunité, et dirigé contre le nationalisme breton, dont les juges socialo-jacobins ne sont que les zélés exécutants....", "victime d'une cabale menée par la clique politique....", etc....

Les victimes ont été invitées à s'exprimer devant le juge, ses assesseurs, le procureur, les avocats et le public.

Yannick Martin a été très digne alors qu'il avait été atteint dans sa dignité d'être humain. Il regrettait l'absence de Boris Le Lay qui se comportait comme un lâche, n'osant pas tenir en face de ses victimes les propos qu'il mettait en ligne et diffusait. Trop facile de faire du mal, abrité derrière l'anonymat de son écran d'ordinateur. Oui, a-t-il dit, je suis Breton et je suis noir, comme les hermines et les bandes du drapeau breton qui est composé de deux non-couleurs, le blanc et le noir, le gwenn-ha-du, couleurs de la Bretagne.

Pour Bernard Poignant, maire de Quimper, les propos diffamatoires et les calomnies inacceptables tenus à son sujet par Boris Le Lay dépassaient la ligne jaune. Pourtant habitué à la polémique en politique, si Bernard Poignant accepte parfois d'avaler des couleuvres, lorsqu'il est diffamé, il défend à juste titre son honneur et sa dignité et a déjà gagné trois procès en diffamation. En l'occurrence, Boris Le Lay qualifiait Bernard Poignant d'être "socialiste et sioniste" et l'accusait d'être un "pédophile".... Une telle volonté de nuire et de faire du mal autant à l'homme qu'à l'élu ne pouvait pas rester sans réaction ni sanction.

Mona Bras, défendue par Maître Christian Bergot, tenait les propos suivants :

"Si j'ai écrit un communiqué en 2011 pour dénoncer les propos inacceptables tenus sur le site Breiz Atao au sujet de Yannick Martin, c'est que nous savons tous comme le disait Martin Luther King que "Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui, coopère avec lui". J'ai porté plainte contre ce site, demandant sa fermeture, et plainte contre X puisque nous ne savions pas à l'époque qui se trouvait derrière les textes anonymes édités sur le site Breiz Atao.

La loi considère la discrimination et le racisme comme un délit pénal. Et, ne pas réagir, c'est inciter ce genre de personne à continuer à écrire et à diffuser des textes appelant à la haine raciale et portant atteinte aux valeurs qui fondent la démocratie ; et en ce qui me concernait à des représailles physiques pour oser, selon l'auteur des textes, "défendre la colonisation de peuplement de la Bretagne...Et glorifier la submersion démographique du peuple breton sous un torrent de propagande immigrationniste..."

Ces extraits se passent de commentaires....

(…)Hélas, poursuit-elle, l'actualité récente rend crédible ces craintes de passage à l'acte puisque nous savons tous qu'aujourd'hui des parents pleurent leur jeune fils Clément Méric mort à cause de ses idées, des suites de coups donnés par des agresseurs d'extrême droite. Nous savons aussi qu'une jeune femme voilée, enceinte, a été attaquée à Argenteuil : son voile et ses cheveux ont été coupés au cutter, elle a été frappée par de jeunes hommes blancs et même si le lien n'est pas formellement établi, elle a fait une fausse couche quelques jours après(…)

Nous voyons bien avec cette montée inquiétante de la haine, de l'intolérance et de la violence, que la frontière qui limite invitation et incitation verbale à la haine raciale, invitation et incitation verbale à la violence physique, cette frontière peut être rapidement franchie, le verbe se traduire en actes et aboutir à des drames.

Je suis choquée lorsque je me rends parfois sur ce site pour voir s'il existe encore, et malheureusement c'est le cas, par la quantité de textes et par la nature systématiquement raciste, antisémite, xénophobe, islamophobe et homophobe de cette littérature. J'ai ainsi pu constater récemment que l'auteur des textes était scandalisé de voir un évêque noir porter les reliques de Saint-Yves lors du dernier pardon, un article titrait en effet "Provocation : un allogène défile en tête avec les reliques de St-Yves"(…)

(…) C'est pourquoi je demande au Tribunal de juger et de condamner Monsieur Boris Le Lay à la mesure de la dangerosité potentielle qu'il représente par ses appels récurrents à la haine contre les "étrangers", contre l'État et les institutions de la France, contre les élus dont je suis et auxquels il reproche de favoriser l'immigration de peuplement et autre inepties.

En tant qu'élue régionaliste de gauche, je travaille à la traduction des valeurs républicaines dans les politiques que je mène dans des équipes tant municipales que régionales. En cette période de crise, des personnes comme Boris Le Lay représente un danger pour les principes d'humanité, de fraternité et de solidarité sensés guider notre savoir vivre ensemble.

Je conclurai en disant qu'à la question de savoir : qui est Breton ? La réponse à déjà été apportée maintes fois : on n'est pas Breton par la naissance, on n'est pas Breton de droit, qu'il s'agisse de droit du sang ou de droit du sol, on n'est pas Breton par la couleur de la peau ; on est Breton par le c½ur, et Yannick Martin est aussi Breton que je suis Bretonne ; il a été adopté par des parents bretons, la Bretagne l'a adopté et est fière de son talent de musicien, il a adopté la Bretagne, il est Breton, cela ne fait aucun doute."

Le procureur a été d'une extrême sévérité dans sa plaidoirie, sévérité à la mesure de la gravité des faits reprochés ; réclamant un an de prison ferme et l'octroi de 25.000 euros de dommages et intérêts aux victimes.

VERDICT rendu par la Chambre correctionnelle du TGI de Quimper contre le prévenu Boris Le lay :

Condamnation à 18 mois de prison avec sursis, pas de prison ferme comme le demandait le procureur, afin de ne pas donner l'occasion à Boris Le Lay de se victimiser.

Les juges ont accordé à :

- Yannick Martin : 5000¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

- Mona Bras : 1500¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

- Bernard Poignant : 1500¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

- LDH : 1500¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

- LICRA : 1500¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

- BNVCA : 1500¤ de dommages & intérets + 1000¤ de frais de justice selon l'article 475-1

Boris Le Lay a fait savoir ce mardi 25 juin qu'il ferait appel de ce jugement.

Voir aussi :
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