Dominique Marchais a réalisé un très beau documentaire sur l'agriculture en France, un voyage de la Beauce au Causse noir, en passant par les vignes du Sud, le bocage de Chateaubriant, la Champagne. Rencontre avec des céréaliers, des éleveurs, des ingénieurs agronomes. Sans voix off, sans prêt à penser, les images et les paroles permettent à chacun de prendre le sentier qu'il veut prendre.

Dans la salle, 150 spectateurs, après deux heures de projection. Qui disent leur inquiétude, du discours militant des "bios" au discours raisonné d'un spectateur spécialiste en agro-alimentaire. 100 agriculteurs ont été invités, une poignée est venue et se retire dès le générique. Dommage. Jean-Pierre Andrieux prend la parole, il montre les difficultés pour un paysan qui travaille en agriculture biologique d'être reconnu, il dira même : "pratiquer l'agriculture biologique est un acte de résistance". Alors, débat d'initiés ? Comment faire bouger les lignes des sillons que l'on creuse trop profond, de ce sol qui meurt ? Bourguignon et Dufumier donnent des pistes simples : renouer avec la qualité du sol (bois araméen dans la terre qui réintroduit des champignons et aide à la refertilisation des sols : "il y a des restaurateurs de maisons anciennes, nous sommes des restaurateurs des sols"), donner la priorité à l'éducation (alimentation de qualité subventionnée dans les cantines scolaires, pour Dufumier).

Très beaux paysages, lenteur et contemplation. Quoi de plus beau : un avion décollant sur des centaines d'hectares de blé, désert végétal, ou des charolaises dans un paysage de bocage ?