Le spécialiste de la prévention que je suis déplore que notre pays soit entraîné vers la promotion exclusive des outils répressifs, en abandonnant peu à peu le maintien des outils préventifs existants, des services publics d'aide aux personnes fragiles, et peut-être surtout, en refusant de créer de nouveaux services publics en intelligence avec les nouveaux besoins générés par les transformations sociétales, avant tout des services de médiation sociale en place de l'exploitation judiciaire des parents.
Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs promis de créer une « grande profession de droit » . Sans doute - une fois n''est pas coutume - respectera t'il cette promesse catégorielle.
Inexorablement, faute d'imagination et de courage politique, nous déclinons, en violation des idéaux républicains, confortant le déséquilibre entre les missions de prévention de plus en plus étouffées, et l'obsession pour les métiers de la répression. Nous basculons du social vers le judiciaire et le policier. Notre démocratie, émergée jadis de l'aristocratie s'enlise de plus en plus dans une sinistre logique « jurocratique »
Elu chef d'Etat, le promoteur de la « grande profession de droit » (dont il est d'ailleurs issu comme tant d'autres personnages politiques), voulut discriminer les enfants selon lui potentiellement violents. Il reprend cette culture de la discrimination, confondant d'ailleurs opportunément le pouvoir discriminant authentiquement républicain des gens de justice, avec l'idéologie de la discrimination pour tous. Actuellement, c'est à travers la sélection des bons et des mauvais gens du voyage qu'il fait mine de protéger l'ordre public : notre chef d'Etat est chaque jour plus populiste, plus discriminatoire, plus judiciaire, et c'est aux parents, déjà fragilisés et violentés par la « justice familiale » , qu'il s'en prend sous prétexte de délinquance juvénile. C'est donc de façon rémanente, changeant fréquemment d'objets de courroux affecté, mais avec une constance finalement remarquable dans la fascination judiciaire et policière, qu'il plaide vouloir traquer dans telle communauté ou groupe, ceux qu'il appelle la "racaille", sélectionnant soigneusement les sous-ensembles humains au sein desquels ces délinquants séviraient de façon particulièrement dangereuse et indigne.
Les troubles à l'ordre public sont pourtant loin de naître exclusivement dans les couches sociales pauvres n'ayant pu bénéficier de l'ascenseur social, et c'est tout le drame de notre époque, celui précisément qu'il est de bon ton de cacher, en « karchérisant » les évidences
Car à l'opposé de ce qui se passe dans les ghettos défavorisés où sévissent effectivement quelques personnes dangereuses avec les moyens qu'ils se donnent pour l'être, il existe aussi une délinquance en col blanc, corporatiste, opportuniste, bien plus perverse et nuisible puisqu'elle s'exerce dans la sécurité immunitaire, dans le confort feutré. De grands délinquants en col blanc et en robe noire se donnant eux aussi, mais avec le masque de la loyauté républicaine, des moyens de troubler de façon bien plus pernicieuse l'ordre public.
C'est ainsi que depuis dix sept ans, j'affirme avec constance, y compris dans les tribunaux où je fus traîné sans vergogne pour tenter d'étouffer le souffle de ma culture préventive, que des auxiliaires de justice se comportent comme des bandits, et qu'à travers ma personne, c'est le père (le seul, à savoir le père biologique), le militant social résistant à la dérive judiciaire, et même le médecin du travail militant pour la bienveillance sociale plutôt que pour la répression, sur lesquels un certain lobby judiciaire s'est acharné sans scrupules et en toute impunité et irresponsabilité.
A présent, de surcroît, une juge de la circonscription de Dinan se rend complice de forfaitures judiciaires et para-judiciaires dinannaises et briochines, pour couvrir notamment les récents actes de subornation de témoin dont se rendent coupables des auxiliaires de justice cherchant à échapper à leurs responsabilités pénales.
Pourtant, l'exemplarité négative de la corporation judiciaire devrait être inadmissible, inexcusable, autant que les comportements de voyous des exclus, et cette exemplarité négative représente de surcroît un danger grave pour les institutions républicaines qui veulent s'afficher comme telles.
En réponse à mes deux lettres ouvertes antérieures sur ce sujet, la ministre de la Justice et des Libertés n'a fait que botter en touche, me rappelant comme si je l'ignorais le principe de l'indépendance entre les pouvoirs républicains, et me conseiller de prendre un avocat. Il s'agit d'une parade bien peu républicaine, puisqu'elle favorise en réalité la reproduction dichotomique de dérives.
De fait, ce type de fuite de l'exécutif face à ses responsabilités propres ne fait qu'entretenir une confusion louche, de nature incestueuse, entre des pouvoirs qui se devraient pourtant effectivement de rester indépendants en respectant l'éthique républicaine, et ne devraient pas se protéger les uns les autres de façon para-mafieuse en méprisant les principes qui fondent leur identité républicaine.