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- Présentation de livre -
Journal de mes voyages autour du monde de 1852 à 1855 par Jean René Maurice de Kerret

Récemment paru, un document exceptionnel Journal de mes voyages autour du monde (de 1852 à 1855) par Jean René Maurice de Kerret Il paraît chaque année plus de 1 200 titres dans l'ensemble des cinq départements bretons, mais une grande partie de cette production éditoriale

pour ABP le 2/06/05 9:49

Récemment paru, un document exceptionnel Journal de mes voyages autour du monde (de 1852 à 1855) par Jean René Maurice de Kerret

Il paraît chaque année plus de 1 200 titres dans l'ensemble des cinq départements bretons, mais une grande partie de cette production éditoriale reste malheureusement ignorée de ses lecteurs potentiels parce qu'elle est souvent le fait de petits éditeurs qui ne disposent pas de réels moyens de diffusion et de promotion. Parmi les livres ainsi parus au cours de ces derniers mois, il y a eu un ouvrage tout à fait étonnant : Journal de mes voyages autour du monde, par Jean René Maurice de Kerret. Imaginez un jeune Breton de Quimper, il y a 150 ans. Il a 19 ans en 1852, il est de "bonne famille" (petite noblesse terrienne) et il a donc grandi dans un milieu privilégié et protégé. Il a dû faire de bonnes études classiques chez les “bons pères”, mais ne se sent apparemment aucune vocation professionnelle particulière et est probablement destiné à mener plus tard une existence de gentleman-farmer. Que faire pour occuper ce garçon qui n’est pas tenté par Saint-Cyr, ni par l’École navale et qui semble trop jeune encore pour fonder une famille ? Comment faire aussi pour qu’il sorte un peu “de son trou” et mûrisse, tout en étant “encadré” afin de ne pas faire de bêtises ? Il se trouve que, sans avoir reçu de véritable formation artistique, le garçon a un bon coup de crayon. Par relations, sa famille réussit à le faire prendre comme “dessinateur” sur une frégate de la marine impériale, la Forte, qui va partir de Brest pour un voyage de quatre années dans le Pacifique. Il s’agit pour la France de Napoléon III d’affirmer sa présence diplomatique et militaire dans cette vaste région du monde, parcourue au XVIIIe siècle par nombre de navigateurs français comme Surville, Marion Dufresne, Kerguelen, Saint Aloüarn et par quelques grandes expéditions scientifiques, dont celle de La Pérouse, tragiquement disparue, mais où la France brille présentement par son absence alors que les Anglais y renforcent sans cesse leur influence (depuis 1788, ils ont implanté une petite colonie sur la côte orientale de l’Australie et, en 1840, ils ont commencé à s’implanter en Nouvelle-Zélande). Certes, des baleiniers français fréquentent les mers australes et des missionnaires catholiques français ont entrepris d'évangéliser les habitants des îles de Mélanésie, mais l’empereur des Français verrait d’un bon œil la France se créer quelques colonies dans la région. C’est à l’occasion de cette croisière de la Forte, en saisissant comme prétexte le massacre de quelques missionnaires, que la France va s’emparer de la Nouvelle-Calédonie (annexée en 1853) et qu’elle va aussi avancer ses pions à Tahiti, déjà placée sous protectorat de la France. Ce voyage est donc de première importance dans l’histoire de l’expansion coloniale de la France” au XIXe siècle. La guerre de Crimée ayant éclaté en 1854, la frégate la Forte ira aussi conjointement avec une frégate anglaise bombarder les établissements russes de la côte du Pacifique... Ce jeune Breton va ainsi durant quatre ans littéralement découvrir le monde. Tout en étant assimilé aux officiers et mangeant à leur table, il va connaître la rude vie de marins entassés sur un espace réduit avec tout ce qu’elle comporte de promiscuité et de contraintes; il va vivre au rythme de la rude discipline militaire de l’époque; il va traverser des tempêtes et aussi faire des escales de rêve dans des ports enchanteurs comme Rio de Janeiro, Valparaiso, Callao, il va être invité lors d’escales dans des familles de la riche société créole, mais va aussi rencontrer dans les Andes des populations indiennes qui semblent vivre dans un autre monde et, dans certaines îles, des peuples primitifs dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence ; il va avoir l’occasion de jouer au bridge avec la reine Pomaré en personne ; les jeunes et jolies Créoles rencontrées lors de certaines escales en Amérique du sud vont faire battre son cœur et, à Tahiti, il ne pourra longtemps résister aux charmes des jolies Vahinés; il va aussi entendre tonner le canon lors de l’attaque des ouvrages de défense russes de Petropavlosvski ; il va également profiter d’une escale à San Francisco pour aller voir les chercheurs d’or qui, par dizaines de milliers, essaient d’arracher au sol son précieux métal... Embarqué comme dessinateur, le jeune Breton ne va cesser durant ces quatre années de réaliser d'innombrables croquis et dessins sur tout ce qui se présente à ses yeux : la vie à bord, les ports, les monuments, les paysages, les habitants des contrées visitées, Indiens des Andes, Mélanésiens, etc., des scènes de la vie quotidienne, des fêtes, des scènes de chasse, des opérations militaires et d'autres événements remarquables. Réalisés plusieurs dizaines d’années avant que ne soient effectuées les premières prises de vues photographiques dans les régions visitées, ces dessins, un peu naïfs, mais non dénués de talent, présentent souvent un intérêt documentaire exceptionnel. Écrit avec une grande fraîcheur, sans projet de publication ultérieure, mais seulement pour lui-même, le journal de voyages de Jean René Maurice de Kerret nous fait découvrir de nombreuses régions du monde telles qu'elles étaient il y a un siècle et demi, à travers les yeux d'un jeune Breton. Resté inédit, de même que les nombreux dessins magnifiques qui l'illustrent, aurait pu être perdu à tout jamais. Jusqu’à l’année dernière, ces trésors, tout à fait inconnus, étaient conservés en Suisse chez les arrière-arrière-petits-fils de l'auteur, trois frères déjà d’un certain âge et ils risquaient d'être tôt ou tard dispersés et ainsi perdus pour notre mémoire collective. C'est à un Breton de Sainte-Marine, Tugdual de Kerros, lui aussi apparenté à Jean René Maurice de Kerret, qu'appartient le mérite d’avoir réussi à convaincre ces trois frères d’accepter la publication de ces documents et d'en avoir préparé l’édition.

C'est l'Imprimerie Cloître, de Saint-Thonan, près de Landerneau, qui a réalisé l'édition de ce livre, un beau volume cartonné de 256 pages, de format 32 x 24 cm, à l'italienne, richement illustré en couleurs et vendu au prix de 50 € (Imprimerie Cloître, ZA, Voie expresse RN 12, 29800 Saint-Thonan, courriel : cloitre [at] cloitre-imp.fr)

Bernard LE NAIL

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