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- Interview -
Jean-Michel Lemétayer : confidences d'un paysan devenu bête de médias
Très exposé et souvent critiqué comme n°1 de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer est aussi président du SPACE - salon international de l'élevage – qui se tiendra à Rennes la semaine prochaine. Durant l'été, il a ouvert sa porte à ABP pour un entretien sans concessions
Par Ronan Le Flécher pour ABP le 9/09/10 18:15

Très exposé et souvent critiqué comme numéro un de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer est aussi président du SPACE - salon international de l'élevage – qui se tiendra à Rennes la semaine prochaine (14 au 17 septembre). Durant l'été, il a ouvert sa porte à ABP pour un entretien sans concessions.

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ABP - Dans quel climat va s'ouvrir le SPACE ?

Jean-Michel Lemétayer - La situation est bien plus contrastée, extrêmement fragile pour le secteur porcin et très difficile pour celui de la viande bovine. Heureusement que les cours du lait ont augmenté. La situation reste fragile. L'agriculture a besoin de se moderniser.

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Pendant l'été, les statistiques du ministère ont confirmé la chute des revenus des agriculteurs.

2009 a laissé des traces. Il y a eu une très importante saignée dans le revenu des producteurs, la moitié même chez les producteurs de lait. La crise a fait mal, très mal.

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Avec le ministre de l'agriculture, vous aviez dû battre en retraite l'année dernière à l'entré du Space. C'était chaud

Très chaud même. Un certain nombre de producteurs ont confondu le président du SPACE et de la FNSEA, sans doute volontairement. Chacun a reconnu que ces débordements avaient été excessifs. Je souhaite que les choses se passent mieux et que l'on puisse accueillir les ministres qui viendront nous rendre visite.

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Comment se présente cette nouvelle édition ?

Le SPACE fait une nouvelle fois le plein. Les exposants des filières lait, œufs, viande bovine, ovine, caprine et bien sûr porc et volaille ne s'y trompent pas. C'est le premier salon d'élevage, le second en Europe. J'ai fait partie des fondateurs du Space en 1986 et je ferai en sorte que ce salon reste une formidable vitrine des productions animales de notre pays, en particulier auprès des visiteurs étrangers

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Certains agriculteurs vous ont dans le nez. Comment vivez-vous cette hostilité ?

Je regrette cette hostilité qui a été largement alimentée par ma position de ne pas appeler à la grève du lait en 2009. J'ai discuté, depuis, avec des manifestants qui ont été très durs avec moi ou avec des éleveurs qui n'ont pas été respectueux de l'homme. Certains y ont vu une volonté de casser le mouvement. Moi, je respecte ceux qui ont fait la grève du lait. Je leur dis à nouveau : heureusement qu'il y a eu l'accord du 3 juin 2009 que j'ai soutenu.

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Vos anciennes responsabilités de président de la FNPL ont dû vous exposer davantage ?

Je pense avoir fait beaucoup pour la filière. Je quitterai la FNSEA comme prévu à la fin de ce mandat de trois ans. Cela me permettra de dire les choses plus librement.

Vous n'avez pas fait le mandat de trop ?

Pas du tout. On ne quitte pas un bateau lorsque le contexte est dur. J'aurais pu laisser la FNSEA pour devenir député européen. J'ai beaucoup réfléchi, j'ai fait un choix, et je n'ai aucun regret. Dans quelques années, les faits sur les difficultés de 2009 me donneront raison. Je tiens à dire que la FNSEA, ce n'est pas seulement le lait, mais toutes les productions et toutes les régions.

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Quelle est l'image de la FNSEA dans l'opinion ?

L'image s'est améliorée. Je ne lis plus d'articles comme dans les années 2000 marquées par le contexte José Bové. Il n'y a plus d'attaques gratuites sur la FNSEA productiviste.

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Certains agriculteurs ne vous reconnaissent pas comme l'un des leurs.

C'est normal. Je revendique sous ma présidence d'avoir augmenté la représentativité de FNSEA aux chambres d'agriculture en 2007. On a gagné 4 points.

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D'autres vous reprochent de ne pas être suffisamment dans votre ferme et d'être déconnecté de la réalité.

Ceux qui me critiquent auraient dû être avec moi dimanche midi et dimanche soir, parce que c'est moi qui ai fait la traite. Il n'y a pas un responsable agricole qui se donne au service de la profession qui peut dire : « Je suis tous les jours dans ma ferme. » Je suis bien dans mes bottes parce que je suis bien chez moi.

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Qu'aimeriez-vous que l'on dise de vous à votre départ ?

Les gens diront ce qu'ils veulent. Je sais ce que j'ai fait pour la profession. Lorsqu'on est un homme public, on est sujet aux critiques.

Pour vous, la vie commence à 60 ans ? Ce sera en juin l'année prochaine.

Pour moi, la retraite agricole, c'est en 2013. Mais rien que la SOPEXA et le SPACE m'occuperont. Il faut qu'on se batte sur la promotion et l'exportation des produits. En tout cas, je continuerai à servir la profession. C'est le choix que j'ai fait en renonçant au Parlement européen. Donc, que personne ne s'inquiète pour moi.

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Propos recueillis par Ronan Le Flécher

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