le 29 janvier 2004
communiqué de presse
interview de Pascale LOGET , tête de liste régionale de « Bretagne verte, unie et solidaire – Breizh nevez asambles » , au journal « Le Peuple Breton / Pobl Vreizh »
Le Peuple Breton - Pascale, peux-tu te présenter et nous dire les dossiers dont tu t’occupes en tant qu’adjointe à l’écologie urbaine à Rennes ?
Pascale LOGET – J’ai 45 ans. Je suis plasticienne, mariée, trois ados au foyer. Rennaise depuis 16 ans, mon arrivée à Rennes coïncide avec mon engagement associatif et politique. J’ai créé avec des amis une association de quartier et Stop OGM 35. Je suis rentrée chez Les Verts en 97.
Je suis effectivement adjointe à l’écologie urbaine à Rennes, c’est mon second et dernier mandat municipal. Les dossiers qui m’ont été attribués en principe : le bruit, l’éducation à l’environnement, la qualité du paysage urbain et de l’espace public, les installations classées, la préservation des sites naturels …
Une liste des réalisations concrètes, façon almanach à la Prévert :
- beaucoup de jardins en bas d’immeuble cultivés par les habitants eux-mêmes,
- des mesures curatives et préventives pour réduire le bruit (murs anti-bruit, enrobés phoniques dans les rues, médiations),
- une serre municipale avec chauffage au bois,
- un écocentre sur une zone naturelle appelée La Prévalaye pour partager et expérimenter l’écocitoyenneté,
- une charte pour l’environnement signée en 99 avec le Ministère de l’environnement,à l’origine d’un service environnement à la ville de Rennes,
- l’élaboration d’une réglementation locale de publicité (qui a tardé à sortir du tiroir du Maire…),
- 9000 repas bios/an pendant la semaine de l’environnement,
- de nouveaux cahiers des charges plus sûrs concernant les approvisionnements des cantines,
- le presque zéro-pesticides dans les espaces verts,
- le soutien aux associations de l’environnement,
- le premier contrat direct entre Rennes et agrobio 35 pour changer les pratiques agricoles sur le terrain…
Le PB - A Rennes, la majorité de gauche vient de montrer qu’elle était loin d’être uniforme sur la question du service public ? Tandis que les élus des Verts et de l’UDB réclamaient le retour à une gestion de l’eau en régie municipale directe, ceux du PS et du PCF ont choisi de maintenir la gestion au privé. Comment analyses-tu cette contradiction ?
PL – le service de l’eau fait partie des dossiers qui fâchent ou qui peinent. Il y en a d’autres :
- une flotte de bus que nous voulons au Gaz Naturel Véhicule et non au diesel,
- un management municipal qui intègre le développement durable et pas des mesures écolos ponctuelles,
- des subventions rennaises qui servent directement au développement des agricultures durables (bio et CEDAPA) alors qu’elles sont allées à l’agriculture conventionnelle dans le cadre de Bretagne Eau Pure n° 3,
- des conseils de quartiers présidés par des élus de quartiers pour moitié conseillers généraux,
- une communauté d’agglomération qui enregistre les décisions du président…
- la carte de vœux bilingue qui n’est autorisée qu’à l’élu chargé de la culture bretonne !!!
Dans les dossiers qui fâchent très fort, il y a la décision du conseil municipal de Rennes (avec les voix du PS, du PCF et des « Rouges et verts » ) le 19 janvier de poursuivre le contrat de distribution et de gestion de l’eau avec CGE-Vivendi pour 10 années supplémentaires. Nous avions fait un gros travail, dès 2001, avec l’UDB sur ce dossier. Consultation des associations d’usagers, des syndicats et d’ATTAC, analyse des études comparatives commandées par la ville de Rennes. Nous avions abouti à la conclusion, chiffres à l’appui, que la facture d’eau serait moins chère en régie municipale et qu’on pouvait accélérer le renouvellement du réseau.
En fait, les jeux étaient truqués, le premier cercle de la municipalité avait fait, dès le départ, le choix de poursuivre le contrat avec CGE-Vivendi. Les explications furent confuses, l’erreur politique et stratégique de taille ! Comment une ville qui s’était dotée d’un métro, construisait un Nouvel Equipement Culturel signé de Portzampart, pouvait prétendre ne pas avoir les moyens de reprendre le contrôle de la gestion de l’eau ? CGE-Vivendi s’était « sucrée » pendant 15 ans, le réseau était du coup en très mauvais état et on repartait avec les mêmes ! C’était incompréhensible ! L’erreur était aussi stratégique, compte tenu des prévisions démographiques sur le Pays de Rennes et des besoins de renouvellement des branchements et des canalisations. Même la droite, idéologiquement contre toute nouvelle embauche de personnel, s’est abstenue mettant en évidence les risques financiers et techniques présentés par le contrat !
Le PB - La liste que tu conduis aux régionales, en réunissant les Verts, l’UDB et la gauche alternative, est, selon les termes d’un journaliste de France 3, la « liste-événement » de ces élections ? Penses-tu que cette liste peut répondre aux aspirations et aux attentes de la population ?
PL - Nous savons, depuis le 21 avril, que la démocratie a deux ennemis : la résignation et l’extrémisme. Il est totalement illusoire de croire que la solution serait le renforcement du bipartisme avec la construction d’un grand parti de gauche.
La première clé pour sortir de cette impasse démocratique, c’est une meilleure représentation des citoyens dans leurs diversités. Les Régionales sont des élections à deux tours, à la proportionnelle. Nous devons permettre aux citoyens de voter pour nos programmes et leur donner l’assurance que nous pourrons les mettre en actes, ces programmes. Nous ne pourrons le faire au Conseil Régional que si nous pesons en pourcentage de vote au premier tour.
La deuxième clé, c’est de fabriquer une nouvelle parole collective. L’alliance Verts-UDB est une alliance naturelle, souhaitée depuis longtemps. L’alliance avec des groupes locaux ou des personnes de la gauche alternative est l’occasion de sortir de nos organisations, d’enrichir notre corpus d’idées. Cela tombe bien car Les Verts se méfient des idéologies et des certitudes ; nous voulons toujours et encore du débat.
Nous disons aussi que nous ne sommes pas des individus hors-sol, des êtres détachés comme le souhaiteraient les scientistes ou les technoscientistes. Troisième clé pour la démocratie : la culture, les cultures. A la politique de proximité étriquée qui consiste à interroger à la marge le citoyen sur des projets ficelés ou à le flatter, nous disons que la politique doit prendre de la hauteur en s’appuyant sur les ressources d’un territoire - la Bretagne, sur les ressources d’une communauté - les Bretons. C’est pourquoi nous pensons que la culture bretonne, la langue bretonne, la production artistique bretonne sont du plus haut intérêt et capables de réconcilier les citoyens et la démocratie. Nous pensons aussi que la régionalisation peut faciliter la responsabilité et le contrôle par les citoyens.
On a les trois clés, un projet pour la Région et beaucoup de personnes à le partager. Dans ces conditions, je trouve assez normal que Bretagne verte, unie et solidaire soit la liste événement des élections.