Souvent rappelées, l'histoire, la géographie et la culture pourraient expliquer à elles seules pourquoi la Bretagne à cinq départements a tant de signification. Sondages après sondages, les habitants de la Bretagne y compris de la Loire-Atlantique le répètent à l'envi, c'est à cette région qu'ils appartiennent et à laquelle ils aspirent.
Mais la France et son gouvernement actuel qui se parent pourtant d'être les parangons de la démocratie depuis le siècle des lumières refusent d'admettre l'objectivité de cette situation. A l'heure où l'on veut unir et simplifier, la seule région qui réclame sa réunification serait celle que l'on n'entendrait pas. Au nom de quel principe veut-on refuser à la démocratie et au peuple de s'exprimer librement ?
On nous dit nostalgiques, « identitaires » ou encore communautaristes, alors que les Bretons ont toujours été tolérants, ouverts au monde et à la modernité. Non, le conservatisme est ailleurs, il est chez des élus locaux autistes qui ne voient dans la réforme territoriale que le moyen de perpétuer un système administratif déresponsabilisant, couteux et inefficace, un système à bout de souffle. Alors que la France est à la croisée des chemins avec une dette publique qui va bientôt atteindre 2000 milliards d'Euros voire 100% du PIB, il est plus que temps de changer radicalement de perspective.
Chacun, là où il peut agir, doit en prendre conscience et participer à la profonde réforme du fonctionnement du pays qu'il faut engager.
Nous savons tous également que le retour à la croissance et à l'emploi durable passe par une prise d'initiative plus grande de territoires, qui par leur cohérence, leur capacité à mobiliser leurs ressources autour d'une stratégie commune vont susciter le développement dont nous avons tant besoin. C'est pourquoi, à Rennes, ville capitale qui existe pour et par la Bretagne, il est légitime que nous nous emparions de cette question et que nous portions, au nom des Rennais mais aussi de tous les Bretons la juste revendication d'une région réunifiée. D'abord parce qu'elle répond à l'aspiration de la majorité des habitants, mais aussi parce qu'elle est le gage de notre développement futur et d'une gestion efficace et pleinement lisible de l'action publique.
On nous dit pourtant que le statu quo serait possible… Parlons alors de Nantes et Rennes et de ce que certains appellent ici « les coopérations renforcées existant depuis longtemps» . Sont-elles aussi efficaces qu'on nous le dit ? Que n'avons-nous une ligne ferroviaire rapide entre Rennes et Nantes, comme elles existent depuis si longtemps entre les grandes villes de Lorraine ou du Nord ? Où était la Bretagne (Nantes compris) dans les initiatives d'excellence (Idex) financées par le grand emprunt en 2012, aucune Initiative retenue en Bretagne alors que 8 pôles universitaires parmi lesquels Toulouse, Bordeaux, Strasbourg et Aix ont été reconnus ? Je rappelle d'ailleurs que la Bretagne ne consacre que 1,64% de son PIB à la recherche loin de l'objectif de 3% donné par l'UE à Lisbonne et que nous sommes au 66eme rang des régions en Europe. Pas de quoi pavoiser de ce côté !
A ceux qui réclament, voire préparent subrepticement, une fusion dans un grand ouest sans âme, je demande : A qui ferez-vous croire que les Manceaux et autres Saumurois ou Angevins adhéreront au projet d'une grande région maritime alors qu'ils regardent déjà vers Paris ou vers la réaffirmation d'une vraie région Val de Loire ?
Je dis aussi solennellement à ceux qui prônent ce choix qu'ils porteraient la lourde responsabilité de diluer, et de faire disparaitre à terme, ce qui fait la spécificité de la Bretagne et de son identité. Jamais les Bretons n'y consentiront. Cette voie est sans issue et malheur aux responsables politiques bretons qui s'y engageraient.
L'avenir est ailleurs, il est à l'image de ce que font déjà nos entreprises, dans une Bretagne réunifiée qui conforterait avec le pays Nantais sa vocation industrielle et maritime. Après tout, Rennes est la capitale de la Conférence des régions périphériques maritimes européennes !… Et quel meilleur exemple que celui de la Brittany Ferries qui commande à STX St Nazaire le premier ferry à propulsion au GNL ! Ou encore celui de Produit en Bretagne qui unit 300 entreprises des 5 départements en revendiquant une marque, véritable vecteur de reconnaissance et de qualité pour le consommateur. Rappelons simplement que sans économie forte, nous n'aurons aucune marge de man½uvre pour développer nos territoires et améliorer les conditions de vie des Bretons. Plus l'économie va se mondialiser, plus nous aurons besoin de nous identifier à un territoire, à une manière originale de faire société, à un modèle de développement durable équilibré.
La Bretagne réunifiée nous assure une taille suffisante, mais surtout une cohérence territoriale si essentielle à l'émergence des activités économiques, sociales, culturelles. Je crois en l'avenir de cette Bretagne, je crois surtout que nous avons plus besoin de sens aujourd'hui que d'une technocratie désincarnée qui nous a menés dans l'impasse où nous sommes.
Je forme le v½u que nous, élus de Rennes, soyons à la hauteur de l'histoire et que nous répondions aux attentes des Bretons, si nombreux encore samedi à Nantes, qui réclament une région réunifiée avec pour ambition une Bretagne belle, prospère et solidaire.
Au moment où le débat se déroule au Sénat, soutenons nos parlementaires de tous bords qui se sont courageusement engagés en faveur de ce choix en affichant notre unité pour obtenir la réunification de notre territoire.
Yves Pelle
Président du Parti Breton/Strollad Breizh