Extrait audio
GWENNYN - Album "Immram" - Me Ivez - Extrait de 01:01. (CD Immram)
Immram, le nouvel album de Gwennyn
Quelques célestes fibres cotonneuses filtrent, subtilement, une lumière caressant l’horizon proche d’un fin trait de clair sable, symétriquement orné de quelques arbres maritimes, paisible îlot posé sur un avant plan pavé de menues roches granitiques où s’accrochent quelques chevelures éparses d’algues marines s’étirant au fil d’une eau parfaitement transparente. Bien au centre de cette idyllique vision, quasi picturale, à la croisée d’une composition photographique réalisée en noir et blanc, mais de fait, en riches nuances de gris, horizontalement et verticalement cadrée selon de virtuelles médiatrices, une altière et féminine silhouette enrobée de blanc voile à pans, semble campée devant la mer et l’objectif du fort talentueux Eric LEGRET qui, une fois nouvelle, nous ravit de la poésie de ses clichés qui prolonge, depuis si longtemps, les vibrations artistiques des musiciens et chanteurs qu’il photographie sur scène, en studio, ou, comme ici, en milieu naturel. Le lieu : En pays historique du Trégor, précisément au large du Port-Blanc, station balnéaire costarmoricaine ancrée dans la commune de Penvénan, il s’agit, des contours de l’île aux femmes, située dans un archipel, communément appelé Îles de Buguélès. La silhouette aux pieds nus : C’est celle, bien familière, de la chanteuse bretonne GWENNYN qui comme le précise, si joliment, le communiqué de presse joint au nouvel enregistrement reçu, « Telle une nymphe sortie des eaux… une FEE 2.0 ouvre la voie à une Féminité-Ecologie-Energie assumée, comme un triskell féminin œuvrant dans une Bretagne rayonnante de beauté, de force et d’authenticité » (Isabelle PIJNAKKER, Attachée de presse). Le but de ce superbe cliché, évidemment conçu au format quasi carré : Illustrer, plutôt parer, la jaquette du nouvel album de cette belle et rayonnante artiste bretonne. En première de couverture, voici, en tout cas, un bien gracieux et classieux écrin, au dos duquel un plan rapproché de la chanteuse au visage contourné de lumière, laisse, par ailleurs, très précisément luire, à l’éclairage rasant, le géométrique brodé de sa robe, signé de la marque finistérienne, Breizh mod (Voir site). https://www.breizhmod.fr/ Nous sommes, particulièrement, attachés, nous aussi, sans jeu de mots, à mettre en lumière les efforts de présentation que font certains artistes et leurs équipes graphiques, pour vous proposer un objet musical raffiné et documenté, bien plus attrayant que la froide insipidité des fichiers numériques téléchargés. « Immram », tel est le nom que GWENNYN a donné à ce 6ème ou 7ème opus, selon que l’on prend en considération, dans sa chronologie discographique, « New Andro - Best of » qui rassemblait, avant tout, un florilège de 16 titres extraits de ses disques antérieurs, avec, certes, en bonus, 2 titres inédits (Notre chronique). http://culture.celtie.free.fr/cdgwennynnewandro.htm Ce vocable « Imramm » est à envisager au travers de sa pluralité d’acceptions connexes. Stricto sensu, un Immram est un genre de contes de la mythologie celtique irlandaise qui narre le séjour d'un héros, ou d’un personnage important, dans l'Autre Monde des Celtes, parfois appelés Tír na nÓg, la « Terre des Jeunes » et Mag Mell, la « Plaine du Plaisir ». Presque par extension, dans une approche plus usuelle, un Immram est un mot gaélique qui signifie « voyage ». Sur la page d’un site Internet où GWENNYN est « très heureuse de nous annoncer la sortie de son album qui sera dans les bacs à partir du 7 mai 2021 », la chanteuse nous propose, en quelque sorte, la synthèse de ces deux approches interférentes, en précisant : « Immram veut dire « Odyssée celtique, dans les sens du voyage initiatique, voire d’une quête intérieure. » En parfaite osmose, 11 plages, ponctuent ce voyage de plus de 45 minutes, toujours bien trop court lorsque l’on écoute GWENNYN. 8 d’entre-elles sont interprétées en breton, mais, pour les non-locuteurs, rassurez-vous, les traductions en français qui figurent dans le livret d’une vingtaine de pages, illustré, toujours en noir et blanc, des clichés d’Eric LEGRET rehaussés de la création graphique de Bastien COURTAY, vous permettent d’en saisir la substantifique moelle. Les neufs textes originaux sont, tous, signés de la main et de l’âme de GWENNYN. En ce qui concerne les compositions, GWENNYN co-signe avec son compagnon de vie et de notes, Patrice MARZIN, pas moins de 7 pièces du programme, le guitariste, compositeur, arrangeur et réalisateur artistique, harmonisant la reprise du cantique « Me gav hir an amzer - je trouve le temps long », ou associant ses talents à ceux du bassiste et conseiller artistique Manu LEROY pour « Mamm-Douar - Terre-Mère », d’Alan STIVEL, pour la reprise de « Kimiad - Adieu » ou Mike PASS, pour « Il est une île ». L’instant est venu de vous présenter les musiciens, et quels musiciens !... qui œuvrent, tout en finesse et expressivité, pour servir, au plus près de sa ligne et de ses intentions, le voluptueux, sensuel chant de GWENNYN. Patrice MARZIN : Guitares, claviers et programmations, Manu LEROY : Basse, Yvon MOLARD : Batterie, Kévin CAMUS : Uilleann-pipe et Low Whistle, auxquels viennent s’adjoindre, sur quelques plages, Soïg SIBERIL, à la guitare, David PASQUET, à la bombarde, Ronan ROUXEL, aux violon et mandoline, Philippe TURBIN, au piano, Jean-Louis CORTES, aux claviers… et les cornemuses, bombardes et caisses claires du Bagad de LANN BIHOUE ! Le CD s’ouvre sur « Me Ivez - Moi aussi », un titre très « celtique électro pop », chanté en breton, qui, par petites touches, évoque les origines quimpéroises, non pas de naissance, mais de vie de très jeune fille de GWENNYN, puis de retour à Rennes, où elle est née, sa période estudiantine, ses espérances de jeunesse, ses désillusions, ses amours, parfois destructeurs, toutes ces étapes qui ont contribué à forger son actuelle vie de femme libre. Enluminé par un très bel arrangement acidulé de spires mélodiques aux sonorités celtiques, la partition est tonique, percutante, parfois dansante, mais le propos est, intrinsèquement, tellement authentique et déterminé que la voix peut demeurer douce et sereine. Osant paraphraser Molière, nous pourrions écrire, « Qu’en notes galantes, ces choses là sont dites !… » Pour la deuxième pièce, une rupture ? En fait, pas tant que cela ! Certes, « Me gav hir an amzer - je trouve le temps long », au contraire du premier morceau, n’est pas une composition originale, mais une pièce traditionnelle, pas une chanson, mais un cantique, toutefois l’habile introduction et l’arrangement musical électro-celtique facilite la transition entre les deux thèmes, en parvenant à les prolonger. La force de croire, en dépit des écueils rencontrés, en l’ardente féminité et la légitime liberté « Dans le jour qui chante », ne rejoint-elle pas, passant du païen au sacré, l’espérance des force de l’esprit qui donnent sens à la vie ? Comme une gloire qui, dans l'art sacré, par une propagation lumineuse linéaire traduit la présence du divin, le rayonnement de la pure et aérienne voix de GWENNYN nous transporte, en ces quasis mystiques instants, au-dessus des falaises et de l’océan vers l’autre monde, vers une île d’éternité… Mais, War-raok, kit !... Voici « War an Hent - Sur la route », une chanson qui évoque la « Redadeg » cette course-relais bisannuelle qui traverse les 5 départements bretons historiques, afin de soutenir financièrement des projets en faveur de la langue bretonne, particulièrement chère à GWENNYN, puisque toujours pratiquée depuis sa prime enfance. Ce morceau a été enregistré avec le Bagad de LANN BIHOUE qui, sur un arrangement de Jérôme ALLANIC et Brieuc COLLETER, membres de cette célèbre la formation de la Marine Nationale, fait exploser ses bombardes, cornemuses et caisses claires sur les lignes électrifiées de guitare. Superbe crescendo !... « Hep yezh, Breih ebet - Sans langue bretonne pas de Bretagne ! » Ces mots figurant dans le dernier couplet sont, sans nul doute, chantés en plein écho et adhésion avec le manifeste musical « Brezhonneg raok » interprété, sur le même essentiel et identitaire sujet linguistique, par Alan STIVELL, sur son disque « Chemins de terre », paru en 1973. Suit, cette fois, chanté en français, « Fille du vent », un hymne poétique pour une nouvelle liberté davantage conjuguée au féminin et affranchie des us du monde d’avant. .../... « Ne songe pas à ce monde d’avant, Suis ton instinct N’te retourne pas Si le monde est vaste : Il ne tient qu’à toi… Fille du vent ». .../... En dépit d’un mixage que nous aurions, pour notre part, souhaité un tout petit peu plus en faveur du chant, donc du texte de GWENNYN, le rythme enjoué et décidé de ce morceau, illuminé d’une vivace ligne de violons rappelant, quelque peu, celle de « Days of pearly Sepncer, grand succès de David Mac WILLIAMS (1967), intervention instrumentale des cordes arrangée par Robert LE GALL (GWENDAL, STIVELL…), laisse dans la tête, croyez-nous, quelques récurrentes traces mélodiques, après l’écoute du CD ! A nouveau, en breton, GWENNYN, lance alors, au travers de « Deuit ‘ta - Venez », une généreuse et salvatrice invitation nous incitant à découvrir, savourer, vivre en Bretagne, vivre la Bretagne, là où la culture est profonde et régénératrice. Au travers de ses mots, nous pouvons, peut-être, entrevoir, qu’elle s’adresse, aussi, aux Bretons qui, contraints par des raisons économiques et laborieuses, l’ont quittée.| .../... « Deuit ‘ta Pennoù kaled Deuit ‘ta Da vev Deuit ‘ta Da adkavout talmoù ho kalon. » .../... | .../... « Venez Les têtus Revenez donc A la vie Venez Retrouver les battements de votre cœur. » .../... |
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