Le grand débat sur l'identité nationale française a certainement une fonction politicienne, à l'approche des élections régionales, mais il n'est pas nouveau. Depuis au moins 20 ans les Français ont mal à

Le grand débat sur l'identité nationale française a certainement une fonction politicienne, à l'approche des élections régionales, mais il n'est pas nouveau. Depuis au moins 20 ans les Français ont mal à leur identité nationale. Ce malaise se comprend aisément. Les progrès de la recherche historique et de sa diffusion peignent un tableau peu avenant de la France à travers les siècles. La nation qui se voulut parfois le flambeau des Droits de l'Homme se signale surtout comme le champion toutes catégories de la guerre civile et du massacre. De la croisade contre les Albigeois ("Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens") à la guerre d'Algérie, en passant notamment, mais la liste complète serait interminable, par la Saint-Barthélémy, la traite négrière, le génocide vendéen, l'expropriation et la déportation des Juifs, l'histoire compose de la France un portrait effrayant.

Le fait que tous les dictateurs communistes, de Lénine à Pol Pot, se référaient explicitement à la Révolution Française et en particulier à Robespierre, augmente le trouble. Par surcroît, une des conséquences du colonialisme français se constate aujourd'hui: une immigration trop mal accueillie en France et trop massive pour avoir désormais envie de s'intégrer et encore moins s'assimiler.

Pour aggraver leur mal, les Français se découvrent comme les touristes les moins appréciés du monde: les plus exigeants, les plus râleurs et les plus pingres. Les Savoisiens n'ont aucune solution à proposer au problème de l'identité française. Ils n'en sont pas les dépositaires, car ce n'est qu'en 1860 qu'il leur fut imposé de partager un destin qu'ils n'avaient pas choisi.

La Savoie n'a nullement besoin de définir son identité. Les Savoisiens se réfèrent essentiellement à une géographie et à une histoire particulière. La géographie de la montagne est appréciée partout, même des habitants des plaines. L'histoire ne soulève aucun problème particulier. En effet, depuis l'an mille, les princes de Savoie, comte, ducs puis rois, s'ils ne furent certes pas des anges ni des philosophes, ne se signalèrent à l'intérieur par aucun des crimes qui maculent l'histoire de France.

À l'extérieur, ils ne cherchèrent à conquérir ni à coloniser aucun peuple. Les Savoisiens sont les femmes et les hommes qui ont fait l'effort d'apprendre et de connaître la géographie et l'histoire de la Savoie. Ils savent pourquoi leur fête nationale se célèbre le 19 février et non le 14 juillet. Contrairement aux Savoyards partagés entre France et Savoie, ils n'ont aucun problème d'identité