A l'appel du SNUipp, du SGEN CFDT et de SUD EDUCATION, plus de 200 directrices et directeurs d'écoles publiques étaient rassemblés cet après-midi devant la cité administrative de Vannes. Plus de la moitié des écoles du Morbihan étaient représentées.
Depuis plusieurs années, dans toute la France, une large majorité de directeurs d'écoles mène une grève administrative pour obtenir la reconnaisance de leur métier par les services de l'Education nationale. Une méthode de revendication originale car ils continuent d'assurer leur travail, comme tous leurs collègues enseignants, en accueillant les enfants dans leurs classes. Mais leurs taches ne s'arrêtent pas là.
Une fonction qui n'est pas reconnue par l'administration
Pour que l'école fonctionne normalement, ce sont les directeurs qui assurent la réception des parents et l'inscription des enfants, qui organisent le travail des personnels de service, qui préparent et animent les conseils des maîtres et les conseils d'école, en rédigent les compte-rendus.
Ils assistent aux réunions pédagogiques, aux réunions avec les mairies, tiennent la comptabilité de l'école et assurent des tâches administratives de plus en plus complexes… " Tout cela vient en plus ", explique Elisabeth*, directrice d'école à A., " ça représente 10 à 15 heures de travail supplémentaire par semaine, et nos responsabilités sont de plus en plus lourdes, notamment sur le plan juridique. "
Pourtant, contrairement aux directeurs de collèges ou de lycées, les directeurs d'école n'ont aucun statut. " Nos fonctions ne sont pas reconnues par l'administration " explique Roland, directeur d'une école avec cinq classes. " 92 euros par mois d'indemnité pour la direction d'école, c'est la valeur de mon travail ! " s'exclame-t-il.
La grève administrative consiste à ne pas transmettre à l'administration les documents demandés. Celle-ci semblait s'en accomoder, préférant ne pas répondre aux revendications des directeurs d'école. Mais au printemps dernier, un protocole d'accord a été signé avec un seul syndicat très minoritaire, le SE, accord dénoncé unanimement par tous les autres syndicats enseignants. Et depuis septembre, M. Gilles de Robien a choisi la voie de la répression.
" Des consignes pour sévir ont été données aux recteurs, qui les ont transmises aux inspecteurs d'académie, " explique Jacques Brillet, délégué syndical au SNUipp, syndicat majoritaire dans le Morbihan. " Sauf en région parisienne par crainte de manifestations aux portes du Ministère ! Dans le Finistère et dans les Côtes d'Armor, les Inspecteurs d'académie ont préféré ne pas donner suite pour ne pas aller à l'affrontement. " Mais dans le Morbihan, M. Philippe Couturaud, nouvel Inspecteur d'Académie, n'a pas hésité à envoyer une lettre à tous les directeurs les sommant de lui adresser par retour " l'enquête 19 ", faute de quoi il serait obligé de constater "le service non fait. "
Le " service non fait" est une disposition légale (Amendement Lamassoure) qui permet de retirer 1/30e de salaire par jour pour la non-exécution par un fonctionnaire de tout ou partie de ses obligations définies par l'autorité compétente.
En manifestant cet après-midi aux portes de l'inspection d'académie, les directeurs d'école apportaient aussi des motions de solidarité signées par leurs collègues et par les parents membres des conseils d'écoles.
" L'inspection Générale de l'Education Nationale a demandé au Ministre de l'Edudcation, M. Gilles de Robien, de respecter les professionnels de l'éducation et de calmer le climat, " concluait Jacques Brillet. " Nous espérons qu'elle sera entendue et qu'il n'y aura pas de ponction sur les salaires. Nous continuons de demander l'ouverture immédiate de négociations. " Et si le Ministre passait outre ? " Nous organiserions la riposte et la solidarité, y compris financière, de la profession avec les directeurs d'école. "
ABP / EB
Philippe Argouarch