Le 22 octobre 2006rnrn.rnrnrnrnDES CAVES DU DESHONNEUR AUX RAISINS DE LA COLERErnrn « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » . Lord ActonrnrnrnrnOn vient d'apprendre que 5 000 bouteilles, jusque-là religieusement conservées dans l'obscurité discrète des caves de la mairie de Paris ont été mises aux enchères. La mairie se sépare de ses grands crus, achetés sous les mandats de Jacques Chirac et Jean Tiberi. rnrn «Servir 10 bouteilles de château pétrus lors d'un repas, c'est mettre 25.000 euros sur la table, et ce n'est pas forcément très raisonnable » , a fait valoir Claude Maratier, l'expert chargé d'évaluer le stock.rnrn25.000 euros ça n'est qu'un peu plus de 27 Smic (montant net) !rnrn Comment cette déraison est-elle possible ?rnrnElle l'est à la fois par la faiblesse volontaire de nos institutions et par la pratique culturelle de la corruption qui irrigue le corps social français.rnrnAu moment même où ces bouteilles vont être adjugées sous le marteau, le Centre d'études de la vie politique française (Cepivof) rend public les résultats d'une enquête réalisée sur le thème « démocratie et corruption » .rnrnCette enquête met en évidence la duplicité française. 96,5% des personnes interrogées déclarent qu'elles ne voteraient pas pour une personne « mise en cause dans une affaire » mais Alain Juppé, condamné pour « faits de prise illégale d'intérêts » autrement dit corruption, est réélu. Les fidélités intéressées font l'économie de la morale et on oublie vite quand il s'agit de personnalités qui peuvent nous rendre service.rnrnLe Français est à la fois libertaire et corporatiste. Il déteste les aristocrates mais reconstruit sans cesse de nouvelles aristocraties. Il exige l'égalité mais défend ses privilèges.rnrnNotre système institutionnel et administratif favorise et encourage la dépense incontrôlée et la corruption. Les privilèges sont distribués de haut en bas de telle sorte que ceux qui reçoivent le moins se trouvent paralysés et ne peuvent exiger un débat public. La seule possibilité qui leur reste n'est plus dans la moralisation de la gestion publique mais dans l'obtention d'une part plus importante de la gabegie. D'où le toujours plus…….rnrnDans les véritables démocraties, les institutions sont organisées de façon à ce que ces abus soient impossibles. La modicité du train de vie de l'appareil de L'Etat comme celui des collectivités territoriales et de toutes les administrations est la règle.rnrnAinsi en Suède, depuis une décision parlementaire de 1809, l'accès par tous les citoyens à tous les documents publics est garanti par la loi. Les notes de frais des ministres sont consultables et citoyens comme journalistes ne s'en privent pas. Aucun excès n'est autorisé et un ministre déjeune à la cafétéria-self-service.rnrnD'aucuns ont vainement tenté d'expliquer ces dépenses somptueuses par le prestige que la Ville de Paris doit entretenir.rnrnEndetté de 50 milliards d'euros, le land de Berlin a saisi la Cour constitutionnelle fédérale pour obtenir un financement. La Cour a refusé et demandé au maire de mieux gérer sa villernrnLes juges n'ont pas retenu l'exigence de prestige, en revanche ils ont motivé leur arrêt en soulignant que ce n'était pas aux contribuables allemands à corriger les erreurs de gestion de la Ville de Berlin.rnrn CHANGER LES INSTITUTIONSrnrn « Car on peut dire généralement une chose de tous les hommes : qu'ils sont ingrats, changeants, dissimulés, ennemis du danger, avides de gagner. Machiavel (Le Prince)rnrnNotre édifice institutionnel s'effondre chaque jour davantage. Les simulacres de la République ne parviennent plus à masquer la décadence du système. Si les libations coûteuses offertes par la mairie de Paris sont aujourd'hui connues de tous, elles ne sont que l'arbre qui cache la forêt car bien d'autres mairies, conseils généraux et conseils régionaux abritent des pratiques comparables.rnrnLa première des ruptures, qui conditionne toutes les autres, n'est pas autre chose qu'une refonte institutionnelle radicale. rnrnOn entend parler ici et là, de VI République. Il ne s'agit en fait que d'une Vème bis.rnrnLes thuriféraires du pouvoir ne veulent que changer le titulaire du pouvoir, que ce soit sa personne ou sa fonction. En effet ce qui nous est proposé est de changer de rééquilibrer les pouvoirs au sein de l'exécutif en faisant prévaloir ceux du Premier Ministre ou bien alors de renforcer ceux du PrésidentrnrnTriste cécité sur les besoins urgents de notre pays.rnrnSi la division des pouvoirs est nécessaire, le questionnement sur la nature du pouvoir ne peut être absent. Alors que dans une République démocratique la démocratie contraint le pouvoir, en France la République libère le pouvoir, d'où ses abus et ses dérives.rnrnUne Constitution digne de ce nom garantit et protège les droits et libertés contre le Pouvoir lui-même. rnrnUn Etat centraliste, avec ou sans régionalisation, avec ou sans dévolution, ne permet pas d'écrire une telle Constitution.rnrnSeul l'Etat fédéral le permet.rnrnLe fédéralisme permet la circulation des pouvoirs dans la société en s'appuyant sur des agencements de dispositifs inédits et en faisant naître de nouveaux espaces de débats.rnrnOn comprend donc pourquoi seule la 1ère République Fédérale de France, en redonnant l'initiative au citoyen, peut permettre de sortir de cette dégradation permanente.rnrnLes vignes de la raison donne de meilleurs crus que les raisins de la colère.rnrn Jean-Yves QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagnernrn