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Sackville-Street (Dublin) après Pâques 1916
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Patrick Pearse
- Chronique -
Patrick Pearse et la révolution irlandaise de Pâques 1916
Patrick Henry Pearse (1879/1916), professeur, avocat, poète, écrivain, militant politique et nationaliste, fut l'un des leaders de l'insurrection de Pâques 1916. Patrick Pearse est né à Dublin, où son père,
Par marc Patay Lejean pour ABP le 31/03/16 10:00

Patrick Henry Pearse (1879/1916), professeur, avocat, poète, écrivain, militant politique et nationaliste, fut l'un des leaders de l'insurrection de Pâques 1916.

Patrick Pearse est né à Dublin, où son père, James Pearse, maçon et sculpteur, créa une entreprise florissante de maçonnerie dans les années 1850, ce qui permit aux Pearse une vie confortable. Pearse grandit entouré de livres. Sa mère, était de Dublin et la famille de son père, du comté de Meath, parlait couramment l'irlandais. Sa famille instilla en lui un amour précoce pour la langue irlandaise. En 1896, à 16 ans, il rejoint la Ligue gaélique et en 1903, à 23 ans, il devient rédacteur en chef de son journal : "L'épée de lumière". L'un des premiers héros de Pearse fut Cúchulainn, le guerrier mythologique, tandis que vers 30 ans, il commença à éprouver un vif intérêt pour les dirigeants des mouvements républicains passés, comme Wolfe Tone, Robert Emmet, Parnell, tous Protestants, et ce sont de tels hommes qui inspirèrent le catholique Pearse, lors de la rébellion de 1916. En 1900, il obtint un baccalauréat en langues modernes et la même année, il était également inscrit comme avocat.

L'école de St Enda's

Nationaliste instruit par l'Irish Christian Brothers, comme son frère Willie, Pearse pense que la langue est intrinsèquement liée à l'identité d'une nation. Le système éducatif irlandais formait la jeunesse de l'Irlande à être de bons anglais et d'obéissants irlandais, il fallait une alternative. Pour lui, sauver la langue irlandaise de l'extinction devint une mission de la plus haute importance. La clé pour y parvenir, serait de créer un système d'éducation attrayant. Pour montrer le chemin, il créa en 1908 l'école bilingue de St Enda, à Ranelagh, dans la banlieue de Dublin. Deux ans plus tard l'école déménage à Rathfarnham, Dublin ; elle abrite aujourd'hui le Musée Patrick Pearse.

Toutefois, cette magnifique maison du 18ème siècle entourée d'un parc et des terres boisées, lui causa des difficultés financières. Pour cette raison, il entreprit, en février 1914, un voyage aux États-Unis pour y collecter des fonds.

Les Volunteers et le Home Rule

En avril 1912, John Redmond de l'Irish Parliamentary Party, engagea le gouvernement du Royaume-Uni à mettre en œuvre le Home Rule. Pearse accueillit favorablement ce projet. Lors d'une conférence à Dublin, en mars 1912, il déclara en irlandais, qu'il pensait que «cela pouvait être acquis si nous avons assez de courage » , mais il mit en garde : « les Anglais doivent comprendre que si nous sommes encore trahis, il y aura la guerre dans toute l'Irlande » . En novembre 1913, Pearse fut invité à la réunion inaugurale de l'Irish Volunteers, créé en réponse aux Ulster Volunteers, et qui devait "assurer et maintenir les droits et libertés communes à tout le peuple d'Irlande".

Malheureusement, le Home Rule ne fut pas adopté à la Chambre des Lords, mais son affaiblissement depuis la loi de 1911, signifiait néanmoins que le projet de Home Rule serait retardé, mais pas arrêté malgré leur véto. En fait, l'application du Home Rule fut suspendu pour la durée de la première guerre mondiale.

Les Volunteers se divisèrent sur la question du soutien à l'effort de guerre des Britanniques et des Alliés. Une majorité suivit Redmond, croyant que cela assurerait la Home Rule en retour. En décembre 1913 Pearse adhère à l'Irish Republican Brotherhood, une organisation secrète qui veut renverser la domination britannique en Irlande et la remplacer par la République d'Irlande. Pearse était à la fois membre de l'IRB et des Volunteers. Il devint directeur de l'Organisation militaire des Volunteers en 1914. En 1915, il intègre le Conseil suprême et le Conseil militaire qui commence à planifier un soulèvement, tandis que la guerre fait rage sur le Front de l'ouest européen.

Le soulèvement de Pâques

Pearse fut choisi à l'IRB, comme porte-parole du soulèvement. Peu avant Pâques 1916, Pearse donna l'ordre à toutes les unités de Volunteers du pays, d'effectuer trois jours de manœuvres, c'était le signal d'un soulèvement général. Quand Eoin MacNeill, chef d'état-major des Volunteers, apprit cela, alors même que les armes promises par l'Allemagne faisaient défaut, il contremanda ces ordres, ce qui limita considérablement le nombre des recrues lors du soulèvement.

L'insurrection débuta, le jour de Pâques 1916. Le 24 avril, 200 membres de l'Irish Citizen Army et 550 Volunteers occupèrent 16 points stratégiques de Dublin (1). Patrick Pearse proclama la République d'Irlande devant la poste centrale de Dublin, mais contrairement aux attentes des insurgés, le peuple de l’Irlande ne se souleva pas. Après six jours de combats, de lourdes pertes civiles et d'importantes destructions de biens, Pearse donna l'ordre de cesser le feu sans conditions. Pearse, 36 ans, James Connoly, l'autre grand leader du soulèvement, et quatorze autres dirigeants, dont son frère Willie, furent exécutés dans la matinée du 3 mai 1916.

Eamon de Valera de nationalité américaine, échappa à la mort et devint plus tard président de la République ; en 1969, le général de Gaulle rendit une visite privée à cet homme qui « poignarda les alliés dans le dos » selon la presse de l'époque. La comtesse Markievicz, qui participa aux combats, fut condamnée à la prison à vie. Le président américain Wilson intervint auprès de l’Angleterre pour faire cesser les exécutions. Sir Roger Casement, ce protestant d'une haute valeur morale, qui, comme Gide plus tard, dénonça les abus coloniaux au Congo, cet héritier de Las Casas (2) d'après Joseph Conrad, qui avait tenté de recruter parmi des Irlandais, prisonniers de guerre en Allemagne, et d'importer des armes, fut pendu en août.

Le magnifique écrivain Sean O'Casey (3) échappa aux règlements de compte car il avait quitté le mouvement par suite de désaccords stratégiques. Synge était mort déjà, tandis que Joyce avait quitté l’Irlande en 1904. Joyce ne voulait soumettre sa créativité d'artiste aux exigences de la politique, dans Dédalus, il écrit « tu me parles de nationalité, de langue, de religion, je veux m'évader de ces filets » (4).

Sir John Maxwell, commandant des forces britanniques, envoya un télégramme à Asquith, le premier ministre, demandant que les corps des frères Pearse ne soit pas rendus à leur famille, car « la sentimentalité irlandaise pouvait transformer leurs tombes en sanctuaires, avec des processions annuelles, ce qui provoquerait une irritation constante dans ce pays ». Maxwell supprima également une lettre de Pearse à sa mère, et deux poèmes en date du 1er mai 1916. Il en présenta des copies au premier ministre Asquith, disant que leur contenu était « inacceptable » .

Militairement le soulèvement sembla un échec, la presse dans son ensemble, y compris bretonne (5), condamna sévèrement les « traîtres » et "collabos"; ignorant des siècles d'oppressions. Pourtant le sacrifice de ces hommes et femmes n'aura pas été inutile et commença d’ébranler les esprits. Le poète Yeats, membre du Irish Republican Brotherhood, dira : « une terrible beauté est née » de Pâques 1916. Contre tous les pronostics, peu d'années après, une guerre d’indépendance débutait victorieusement, contre les Anglais.

Ecrits

Pearse a écrit des nouvelles et des poèmes en irlandais et en anglais, plusieurs pièces de théâtre allégoriques en langue irlandaise, des articles sur la politique et la langue. La plupart de ses idées sur l'éducation figurent dans son célèbre essai « La Machine du meurtre » .

Héritage

Par ses pamphlets politiques, Pearse fut la principale voix de l'insurrection. Au cours du XXe siècle, il fut idolâtré par les nationalistes irlandais. Avec le conflit en Irlande du Nord, sa mémoire fut exploitée par l'IRA provisoire. Certains historiens l'ont décrit comme un fanatique. Conor Cruise O'Brien, homme politique et ancien syndicaliste, a dit : « Pearse a vu l'insurrection comme un jeu de la Passion avec du vrai sang» . D'autres l'ont défendu, suggérant que le blâmer pour les violences d'Irlande du Nord, ce n'était pas faire de l’histoire et éloignait de l'esprit réel de ses écrits.

L'ancien premier ministre irlandais Bertie Ahern Pearse considère Pearse comme l'un de ses héros et affiche une photo de Pearse sur son bureau.

Notes :

Cet article est inspiré de l'article Anglais sur patrick Pearse, de en.Wikipedia, l'article français a été très largement complété par moi même.

1. Roger Faligot, La résistance irlandaise, Maspero

2. Las Casas défendit les droits des Amérindiens

3. Sean O'Casey, auteur dramatique irlandais, auteur de remarquables souvenirs d'enfance : “Une enfance irlandaise” ou il se montre au moins aussi talentueux que Joyce

4. James Joyce, Dedalus, p 297, Folio

5. Article fort intéressant du Ar Men no 211 sur l'insurrection

Voir aussi sur le même sujet :
logo Informaticien, marié, aime l'écriture (prose poétique, essais, traduction), la langue bretonne, l'histoire, de la Bretagne en particulier, etc
Vos 2 commentaires
Michel Treguer Le Vendredi 1 avril 2016 10:06
Article qui omet de rappeler les horreurs commises par les Anglais en Irlande pendant des siècles. Lors de l'insurrection de 1916 encore, le général anglais commence par faire préparer des fosses avec de la chaux vive. On y jettera les corps des révoltés irlandais quand ils auront été arrêtés et tués.
C'est pour ne pas se retrouver alliée de l'Angleterre que l'Irlande reste neutre pendant la deuxième guerre mondiale (et interdit donc l'utilisation de ses ports). Rappelons cependant qu'Eamon de Valera présidait à l'époque l'Assemblée Générale de la Société des Nations (équivalent de l'ONU).
Après la guerre, l'Irlande offre l'asile politique et un poste de chercheur à Roparz Hemon (dont nous utilisons toujours l'orthographe et les dictionnaires). Sans l'Irlande, la Bretagne ne serait pas ce qu'elle est.
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marc patay Le Vendredi 1 avril 2016 10:23
"ignorant des siècles d'oppressions", cela parait évident, quand à Hémon, je fais partie de ceux qui en parlent et qui en parleront, 3 rues Robespierre en Bretagne, pas une seule pour Hémon, qu'elle bêtise !, voir "Souvenirs de Roparz Hemon" de l'Abp.
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