Entendue ce mercredi 22 mars 2006 par la commission d'enquête parlementaire sur l'Affaire d'Outreau, l'ancienne ministre française de la Justice a déclaré que les années « 2001 et 2002 ont été des années insupportables pour la justice parce qu'au nom de l'insécurité, on a senti le passage de la demande de justice, qui fait la force d'une société éclairée, à la demande de vengeance, expression de l'absence de justice ».
Elle a estimé que la « commission doit aider à éclairer la responsabilité des politiques ».
La Coordination Anti-Répressive de Bretagne rappelle que Marylise Lebranchu, si elle affirme avoir « laissé les magistrats prendre seuls les décisions » dans l’Affaire d’Outreau, avait reconnu en décembre dernier (« Aujourd'hui en France – Le Parisien » , page 14, 22 décembre 2005) intervenir dans les affaires dites de « terrorisme » en faisant cette fracassante révélation : « En matière de terrorisme, j’avais des rapports directs avec les juges d’instruction. »
Il serait bon que Madame Lebranchu s'explique publiquement sur ses « rapports directs avec les juges d’instruction » qui sont des magistrats indépendants censés « instruire à charge et à décharge ».
Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne,
Le porte-parole,
Claude Le Duigou
Note : Madame Lebranchu avait d’ailleurs violé le principe internationalement reconnu de la présomption d’innocence en désignant des personnes mises en examen comme « coupables », entre autres pour continuer de justifier le maintien en détention « provisoire » de militants indépendantistes bretons. Ce fut le cas, par exemple, dans son intervention lors d’une assemblée générale de SOS-Attentats, le 27 janvier 2001, en parlant d’« interpellations des membres les plus radicaux de l’armée révolutionnaire bretonne, au cours du mois d’octobre 2000 » (les deux hommes poursuivis après cette rafle ont été jugées : l’un a été condamnée à cinq ans de prison avec sursis, l’autre a été totalement blanchi par un acquittement…), alors qu’aucun procès n’avait eu lieu. Elle avait déjà fait des déclarations prévoyant la condamnation de militants en détention "provisoires" dans le Journal Du Dimanche et sur France 3 Ouest le 24 décembre 2000.