UNVANIEZH DEMOKRATEL BREIZH UNION DEMOCRATIQUE BRETONNE Membre de la fédération Régions § Peuples Solidaires Membre du Parti Démocratique des Peuples d'Europe Kemennadenn/communiqué D’ar meurzh 2 a viz Du 2004/ mardi 2 novembre 2004 Enseignement du breton Plaidoyer pour l’immersion et la régionalisation de l’enseignement Nous pouvons observer un recul généralisé de la présence de la langue bretonne, dans son utilisation quotidienne que ce soit dans les commerces ou sur les marchés des bourgs de Basse Bretagne. A Rostrenen, les jours de marché, la langue anglaise a supplanté le breton qui était encore très présent, il y a une dizaine d’années. Comment être surpris que de plus en plus de jeunes enseignants (e) s bilingues breton/français parlent le breton à l’école mais le français à leurs enfants à la maison. Pour ces enseignants (e) s le breton n’est plus qu’une langue d’enseignement réservée à l’école, ce n’est pas la langue ou une des langues de leurs familles, ils ne transmettent pas à leurs enfants une langue qu’ils maîtrisent et manient aisément. Une autre constatation récente que j’ai pu faire c’est l’isolement de nombreux bretonnants qui connaissent et parlent bien la langue mais ne trouvent pas d’interlocuteurs autour d’eux ; ces personnes sont de plus en plus nombreuses à fréquenter les cours de breton pour adultes, pas pour apprendre le breton, mais pour avoir l’occasion de parler leur langue. Il y a 25 ans une personne qui décidait d’apprendre le Breton pouvait s’installer en Basse Bretagne et bénéficier d’un bain linguistique relatif ; il était aisé de trouver des interlocuteurs dans les cafés, les commerces…Cette époque est terminée. Que l’on ne dise pas : « oui, mais à tel et tel endroit, le breton est encore très parlé. Ce n’est plus vrai. C’est la dure réalité. Et ce n’est pas avec les quelques dix milles élèves de l’enseignement bilingue que la tendance au déclin sera inversée. Je m’élève contre l’optimisme ambiant, nous aurions 20 000 élèves bilingues en 2010, très bien. Quelles seront les compétences linguistiques de ces élèves ? On additionne sans discernement le nombre d’élèves des écoles et des classes bilingues des trois DI (Dihun, Divyezh et Diwan). Quand on connaît les situations des plus diverses de cet enseignement bilingue : des enseignants qui enseignent de la maternelle au CM2 dans une école et pouvant faire cours à une cinquantaine d’enfants différents dans la même journée, des enseignants s’occupant d’une classe dans le système à parité ou dans le système immersif long ; des enfants qui sont dans des écoles ou le breton est entièrement ou partiellement la langue de vie. Des enfants qui sont dans des classes bilingues au sein d’écoles monolingues… Peut-être serait-il préférable de faire état du nombre d’heures d’enseignement en langue bretonne au cours de l’année scolaire et de généraliser l’évaluation des compétences orales des élèves ? Ce n’est pas un détail statistique : de la qualité du bilinguisme acquis et de l’aisance des élèves à s’exprimer en breton en fin de CM2 dépendra, il me semble, l’envie de ces enfants de continuer à parler la langue. Les élèves de l’enseignement primaire qui, pour des raisons diverses ne continuaient pas leur scolarité dans les collèges bilingues, essentiellement les cinq collèges Diwan, ou dans les collèges publics ou privés où quelques heures d’enseignement en breton sont proposés, pouvaient entretenir leur pratique et leur connaissance de la langue en bénéficiant au moins d’une heure semaine d’enseignement de la langue dans les collèges publics. Cela est remis en cause par la mise en place des cours par visioconférence et des suppressions d’heures d’enseignement dans le secondaire. Que faire pour essayer de ralentir la tendance au déclin ? Un enfant dans une école en immersion longue (Diwan) ne passe en moyenne que 14% de « sa vie éveillée » en temps scolaire en langue bretonne. La présence très importante de la langue française à l’extérieur de l’école est très difficile à compenser. Je pense néanmoins, que la généralisation d’ouverture d’écoles bilingues et non de classes bilingues est l’une des conditions nécessaires à la survie de la langue. Les écoles bilingues devraient être des lieux où le breton serait la langue de vie ; des lieux d’immersion dans la langue pour les enfants et les équipes pédagogiques mais aussi pour les nombreux stagiaires issus des centres de formation pour adultes : STUMDI, ROUDOUR… Nous devrons créer des endroits où le breton puisse être utilisé dans les échanges au quotidien. Pour que l’objectif fixé des 20 000 élèves soit atteint en 2010, il faudra que 150 enseignants soient formés chaque année par les centres de formation bilingue. Dans quel centre de formation ? L’UDB proposait dans son programme pour les dernières élections régionales : la création d’un IUFM pour les enseignants bilingues ; ce centre devrait être autonome tant du point de vue pédagogique qu’administratif. Pourquoi cette demande ? Si l’immersion est nécessaire pour l’apprentissage du breton par les enfants, elle l’est aussi tout autant pour les futurs professeurs des écoles qui ne peuvent plus bénéficier d’un environnement bretonnant dans leur vie quotidienne. L’autonomie administrative est tout aussi justifiée, les échanges avec l’administration de l’IUFM devraient se faire en langue bretonne qui serait la langue de vie du centre de formation. La nouvelle politique régionale de soutien et de développement de la langue bretonne devra prendre en compte la situation dramatique dans laquelle se trouve la langue et encourager et promouvoir le développement des écoles bilingues en priorité, qu’elles soient à parité ou à immersion longue. Le financement des emplois et la formation d’ATSEM bretonnantes pour ces écoles devront être aidés par la région en relation avec les municipalités concernées, trop de personnes sont employées en statut précaire : CES… Dans le secondaire, le maintien et le développement des cours de breton devront être obtenus de l’Etat pour les élèves ne pouvant accéder à un collège bilingue. Le plan de développement devrait permettre un maillage plus serré des écoles bilingues sur l’ensemble du territoire breton et apporter des possibilités d’ouverture de nouveaux collèges bilingues. Comme pour les ouvertures d’écoles dans le primaire , l’ouverture de collèges autonomes fonctionnant en immersion devra être privilégiée. L’ouverture d’un centre de formation pour les enseignants bilingues autonomes dans le cadre de l’IUFM de Bretagne devrait également être une des demandes fortes du plan régional pour le développement de la langue bretonne. Dans toutes les sections de breton et celtique des universités de Bretagne, l’immersion devrait aussi être de rigueur. Certains professeurs de l’enseignement supérieur font leur cours en langue française à des étudiants très bons bretonnants. Il est tout à fait vrai que la volonté d’utiliser l’immersion dans son enseignement ne se décrète pas. Pour certains professeurs de Faculté, la langue n’est qu’un sujet d’étude, ces enseignants ne croient guère en l’avenir du breton. Monsieur Jean-Yves le Drian et les conseillers régionaux qui ont participé à la délégation qui s’est rendue au Pays de Galles seront, eux, je pense, convaincus de la nécessité de privilégier la politique d’établissements bilingues, plutôt qu’une politique de généralisation de l’offre d’enseignement, d’une à trois heures semaine, dans chaque école. Cette deuxième proposition aurait peut-être pu être efficace dans les années cinquante quand la langue était encore présente dans la vie de tous les jours, ce n’est hélas plus le cas aujourd’hui. Monsieur Jean-Yves Le Drian lors de son discours devant l’Assemblée Nationale galloise a déclaré : « La Bretagne ne possède pas un budget aussi important que le vôtre, ni le spectre aussi élargi des compétences dévolues, mais nous progressons… ». Face à l’urgence et à l’inertie du gouvernement et de l’Education Nationale, à l’UDB, nous pensons qu’il y a un domaine où nous devons progresser rapidement c’est celui de la régionalisation de l’enseignement de langue bretonne à travers la compétence culturelle de la Région et du droit à l’expérimentation. Les élus du Conseil Régional de Bretagne, à l’image de leurs homologues de l’Assemblée Nationale galloise, doivent pouvoir décider en leur pays de l’avenir de leurs langues. Herve Le Gall Porte-parole délégué à la Langue bretonne Mouezh UDB evit ar brezhoneg