Paskal Laizé : demande de conditionnelle examinée le 18 août. Coordination Anti-Répressive de Bretagne Communiqué de presse Arrêté le 2 mai 2000, condamné le 26 mars 2004 à huit ans de prison sans peine de sûreté, le prisonnier politique breton Paskal Laizé a déposé récemment une demande de libération conditionnelle qui sera examinée le 18 août prochain. Paskal Laizé a déjà accompli la moitié de sa peine, il peut et doit être immédiatement libéré. Son état de santé est préoccupant : il ne pourra plus jamais marcher normalement. La Coordination Anti-Répressive de Bretagne a lancé en juin dernier une pétition auprès du Parlement Européen afin d’obtenir une enquête sur les conditions sanitaires déplorables imposées à Paskal Laizé et à Alain Solé , libéré le 6 août dernier. Cette pétition a été officiellement enregistrée sous la référence 575/2004 et est maintenant en cours d’examen. Le porte-parole de la Coordination Anti-Répressive de Bretagne vient d’adresser au Parlement Européen les deux documents ci-dessous qui démontrent les brimades et mauvais traitements subis par Paskal Laizé, tant de la part des gendarmes mobiles français que de l’administration pénitentiaire. Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Le porte-parole, Claude Le Duigou 1. Récit de Paskal Laizé : (seul les commentaires entre parenthèses ont été rajoutés, pour une meilleure compréhension) "L’autre jour j’ai été extrait pour aller au parloir pour y être interrogé par Thiel mais j’ai été présenté aussi à Levert (tous deux juges d’instruction) qui m’a notifiée une troisième mise en examen sur l’affaire Quévert* ; j’aurais dû prendre un abonnement. Lors du départ pour être ramené à La Santé je suis tombé dans l’escalier vu que je me trouvais dans une des cellules de transit à l’étage, alors qu’il y en a aussi au rez-de-chaussée ; j’ai été plusieurs minutes pendant lesquelles je n’ai pu bougé ; Gérard (Gérard Bernard, prisonnier politique breton lui aussi) était présent et a assisté à la scène ; avec une douleur indescriptible, j’en ai dès le lendemain parlé au kiné puisque ce dernier a repris du service (1 à 2 fois de 30 à 40 minutes par semaine), pour lui c’est sans doute une extension soit du tendon soit du ligament ; aucune radio n’a été faite. D’après les dernières nouvelles, je ne serais pas opéré avant mi année prochaine pour cause de problème administratif, et que mon cas n’est pas assez urgent pour l’hôpital Cochin, ils veulent que j’aille à Fresnes, à quel moment cela devient urgent ? Je ne peux toujours pas me déplacer sans béquilles, cela va faire un an que j’ai été opéré, dont plusieurs mois que je devrais marcher normalement d’après ce qu’avait prévu mon chirurgien à Fougères, de surcroît aucun examen n’a été effectué pour les grosseurs qui sont apparues sur les deux genoux de la taille d’un noyau de pêche. J’ai bien été vu par plusieurs personnes dont le kiné, le médecin et l’orthopédiste, pour l’un c’est peut-être une infection, pour un autre c’est le matériel et pour le dernier c’est musculaire. Le médecin m’avait prescrit des antibiotiques (on ne sait jamais) qui ont été supprimé par l’orthopédiste, rien n’a été fait pour confirmer leur dire, ici le laxisme est vraiment de rigueur." Paskal Laize. La Santé, Pariz, 16 octobre 2000. 2. Mauvais traitements infligés à Paskal Laizé : Jérôme Bouthier témoigne. Mauvais traitements infligés à Paskal Laizé : Jérôme Bouthier témoigne. Dans un courrier daté du 10 janvier 2004, le prisonnier politique breton Jérôme Bouthier confirme l'absence de soins pour son camarade de détention Paskal Laizé et les mauvais traitements dont il est victime. Ce courrier est parvenu à la Coordination Anti-répressive de Bretagne le 15 janvier 2004. "Paskal t'en a sûrement parlé, depuis deux ou trois mois, je suis dans le même bâtiment que lui, et, plus précisément, je me situe à deux ou trois cellules de la sienne. Nous pouvons donc nous voir quotidiennement même si durant la semaine je ne peux pas toujours être présent car je suis les cours de DEUG Lettres Modernes proposés par l'université de Paris VII. Mais nous pouvons très souvent faire nos "promenades" ensemble. Si je te parle de cela, c'est aussi pour une chose bien précise...Me voilà donc voisin de Paskal, ce qui fait de moi un témoin privilégié de la manière dont l'administration le traite et le "soigne"(dans tous les sens du terme). Je commence à bien connaître leur fonctionnement car voilà plus de deux ans et trois mois que je subis la "geôle française" ; je connais sa manière de s'occuper des prisonniers, notamment politiques, dont elle a la charge. Voilà ci-après ce que j'ai vu, et vois chaque jour, à propos des (non)-soins donnés à Paskal. comme tu le sais Klaod, Paskal a été victime quelques semaines avant sa mise en détention, d'un accident de la route dont il est sorti gravement blessé. Atteint aux jambes, il reste heureusement tout à fait à la hauteur de la médecine. Médecine dont, théoriquement, les prisonniers de l'Etat français peuvent bénéficier, au même titre que tout un chacun. Effectivement, depuis quelques années, les services hospitaliers sont présents à l'intérieur des enceintes des prisons et sont (normalement) indépendants de l'administration pénitentiaire. Ce faisant, les prisonniers sont soignés à l'intérieur de la prison ou, le cas échéant, les hôpitaux publics accueillent et soignent les prisonniers dans leurs bâtiments. Mais voilà... l'administration pénitentiaire a toujours le dessus vis-à-vis des médecins et infirmières/ers, en tout état de cause le dernier mot. Paskal subit depuis le début de son incarcération, non pas un simple dysfonctionnement de la part de l'administration pénitentiaire, mais une réelle volonté de le mettre hors de portée des soins dont il a chaque jour de plus en plus besoin. Je vous assure être témoin direct d'une mise en danger d'autrui. Bien sûr, Pascal ne subit pas une torture physique directe, mais au final, au niveau éthique, il s'agit bien de la même chose. Ainsi, dernièrement, les médecins soignant Paskal lui ont prescrit le port de genouillères de soutien spéciales afin d'atténuer ses douleurs mais aussi la "progression de l'usure prématurée et rapide de ses genoux" (... en attendant une opération chirurgicale qui serait faite "ultérieurement"...dernier mot qu'il faut entendre par "dehors". Vous noterez la subtilité des sortes de soins que peuvent recevoir les prisonniers : seuls les soins immédiats et urgents dans le temps sont pris en compte... après c'est chacun pour soi !). A cette première anomalie s'en greffe aussitôt une seconde : le financement de ces genouillères est à la charge de Paskal. Ces genouillères coûtent très cher et pascal n'a plus de ressources financières puisque privé de liberté notamment de travailler ... (mais cette bizarrerie a été palliée par la solidarité bretonne, il me semble, via Skoazell Vreizh). Ayant vers lui une autorisation des médecins (une ordonnance en quelque sorte) avalisée pour l'administration pénitentiaire ( !) (via le chef de division ) Paskal fait donc acheter de l'extérieur ces genouillères et tente de se les faire entrer par les voies officielles du parloir. Voies toutes officielles qu'impénétrables puisque Paskal n'aura pas ces genouillères : l'humeur d'un responsable des parloirs en aura décidé ainsi. A ce jour, aucune raison n'a été donnée par ce responsable sur les motivations de son refus. Aujourd'hui, Paskal souffre de plus en plus de ses jambes. Lors des promenades, qui durent environ une heure, Paskal (homme en pleine force de l'âge : 37 ans) est contraint de faire de multiples arrêts afin de reposer ses genoux. Idem lorsqu'il monte les escaliers : souvent, je le vois contraint de faire des pauses pour monter jusqu'au ... deuxième étage ! Mais ce n'est pas fini, l'administration pénitentiaire a des ressources que l'on n'ose même pas imaginer : elle réserve des perles d'horreur qui font froid dans le dos. Ainsi, il y a quelques jours, alors que Paskal et moi allions en "promenade", nous avons été priés de présenter nos "cartes d'identification de détenu", chose qui nous est très rarement demandé... et pour cause : cela fait si longtemps que nous sommes maintenus en détention provisoire que tous les surveillants nous connaissent et donc n'ont plus besoin de demander notre identité. Toujours est-il que le hasard a fait que, pour ma part, j'avais ma carte avec moi, Paskal, lui, l'avait laissée en cellule. Voici la réaction des deux surveillants : "Hé, Laizé, allez chercher votre carte... sinon, pas de promenade !" Surpris, nous faisons remarquer aux deux surveillants qu'ils viennent d'appeler Paskal par son nom, l'inutilité de la carte devient alors flagrante ; carte, en outre, totalement inutile pour une "promenade". Les deux compères ne bronchent pas et insistent pour voir la carte de Paskal. Je leur explique alors que Paskal souffre des jambes et que retourner jusqu'à sa cellule représente un effort terrible pour lui. J'obtiendrai pour réponse ... deux sourires ! En près de trente mois de détention, j'en ai vu des horreurs, mais là, j'avais vraiment envie de vomir en les voyant. Ce qu'ils ont fait était purement gratuit. Pire, en attendant Paskal, qui était donc retourné dans sa cellule chercher sa carte (évidemment, je ne pouvais aller à sa place...), j'ai pu voir deux autres détenus aller tout droit en promenade sans que leur carte ne leur soit demandée. Quand Paskal reviendra avec sa carte... ils daigneront à peine la regarder. Je ne veux pas supplanter Paskal pour dire ce qui lui arrive, il le fait très bien lui-même. A travers ce témoignage, j'ai juste voulu apporter un regard extérieur à lui-même. Je t'avoue avoir été heureux d'apprendre qu'Amnesty International s'était saisi de son dossier... je n'ai pas parlé ici de l'hernie que Paskal a à son abdomen (sur le côté), mais c'est exactement du même tonneau : il n'est pas soigné alors qu'il le faudrait, et de manière urgente. Voilà, Klaod... je ne sais pas si mon témoignage peut contribuer à faire comprendre au monde de l'extérieur ce qui se passe ici, ce qu'ils font de nous mais... il faut bien comprendre que c'est 24 heures sur 24. Mais attention, pas de confusion possible : notre moral n'est absolument pas touché, leur travail de sape n'a aucun effet sur nous ; je puis t'assurer qu'ils se fatiguent inutilement." Jérôme Bouthier .