Le 5 mars 2006
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HIPPOCRATE SE RETOURNE DANS SA TOMBE
21 euros la consultation au Premier août 2006, et sans doute 23 en 2007. On n’arrête ni le progrès, ni l’inflation, ni l’endettement, ni la misère intellectuelle. La philautie a de beaux jours devant elle.
Le folklore des engagements non tenus.
Il y a plusieurs traductions du serment d’Hippocrate mais toutes commencent par une même fadaise : celui qui jure, le mot est fort, le fait en prenant à témoin Appollon, médecin, Esculape, Hygie et Panacée et tous les « dieux et toutes les déesses » …..
Jurer devant tous les dieux et toutes les déesses de la terre engage à peu de chose.
Certes, le serment a été revu. Dans le Serment réactualisé par le Pr. Bernard Hoerni, adopté par le Conseil de l'Ordre en avril 1996, on peut lire : « Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire » . Depuis le premier janvier 2005, 1 euro, non remboursé, resterait à la charge du malade. C’est une contre-vérité. La création de la CMU n’a pas facilité l’accès aux soins : 5 millions de Français sont sans mutuelle. Les Français qui doivent supporter la charge des 30% que ne rembourse pas la sécurité sociale, se soignent mal ou évitent de se faire soigner. Le médecin est bien éloigné de l’indigent. Un an après la signature de la convention médicale du 12 janvier 2005, les trois organisations syndicales signataires, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Syndicat des médecins libéraux (SML), et le syndicat Alliance en remettent une couche : la consultation va passer à 21 euros.
L’objectif initial était de réaliser 998 millions d’euros d’économie. Il n’a pas été atteint. L’économie réalisée s’élève à 722 millions d’euros, soit 72%. Cette économie n’était pas à être réalisée sur les deniers des médecins, mais sur leur méthodes douteuses de prescription. On oublie quelque chose de fondamental. Ce n’est pas le patient qui prescrit, mais bel et bien le médecin. Quand il prescrit un arrêt de travail injustifié, il est seul compétent, seul responsable. Quand il prescrit des antibiotiques, des statines ou des anxyolitiques à tour de bras, il est encore responsable. On assiste alors à une forme de chantage : nous ne prescrirons mieux que si vous nous en rétrocédez le bénéfice. Ainsi, pour une économie de 722 millions d’euros, les médecins bénéficient de 760 millions de revalorisations… Non seulement l’économie est nulle, mais l’endettement se poursuit. La médecine est tout sauf une profession libérale. Le conventionnement fait que les médecins sont rémunérés par la sécurité Sociale et par les Mutuelles. Ils ont un marché captif, une rémunération d’Etat : tout se qui caractérise le non-libéralisme. La redistribution sociale, en France, ne va plus vers les populations les plus nécessiteuses ; c’est avec de l’argent public qu’on finance les équipements informatiques des praticiens. A défaut de pouvoir acquérir un ordinateur, le médecin pourra toujours acheter un 4X4 ! C’est sans doute à l’Etat de financer les vitrines des boucheries et des boulangeries. On se demande pourquoi ces artisans n’ont pas osé en faire la demande. La prise en otage des patients pour obtenir des gains financiers a quelque chose de répugnant qui montre bien que ce pays jacobin est réellement dans l’impasse. L’Etat « vache à lait » fonctionne aussi pour les médecins. Dans un pays fédéral, l’organisation du système de santé publique est tout autre. Ne serait-ce que par la proximité des financements qui interdit toute inconscience et qui rend les acteurs directement responsables.
J-Y QUIGUER Mouvement Fédéraliste de Bretagne